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À La Une - Quatre questions à...

« Il est très difficile de trouver des investisseurs au Liban dans la technologie hardware »

Bassam Jalgha, ingénieur mécanique.

Bassam Jalgha, ingénieur mécanique.

Vous avez remporté en 2009 le premier prix de l’émission de téléréalité « Stars of Science » qui met en compétition de jeunes inventeurs arabes. Que vous a apporté cette expérience ?
À l’époque je venais de décrocher mon diplôme en génie mécanique quand des représentants de « Stars of Science » ont présenté le concept de l’émission qatarie dans plusieurs universités libanaises. J’ai décidé de présenter ma candidature car j’avais depuis longtemps en tête un projet mais ne savais pas comment m’y prendre pour le réaliser. Mon idée était de créer un outil qui permette aux musiciens d’accorder automatiquement leur instrument à cordes et l’émission m’offrait un excellent moyen d’y arriver. Une fois au Qatar, trois longs et difficiles mois se sont écoulés, au cours desquels des professionnels ont coaché les participants qui étaient éliminés progressivement. C’était un travail éprouvant physiquement et psychologiquement mais qui m’a beaucoup apporté d’un point de vue professionnel. En remportant le premier prix, j’ai pu bénéficier d’une visibilité et surtout d’un support financier pour l’élaboration de mon projet.

Une fois les feux des projecteurs éteints, comment un jeune inventeur comme vous gagne-t-il sa vie au Liban ?
Une fois de retour, j’ai décidé de poursuivre mes études de master car je savais qu’il serait très difficile de vivre de ma seule invention. Mais il fallait quand même aller jusqu’au bout et grâce au financement de « Stars of Science », j’ai créé avec un ami une start-up, « Band Industries », pour se consacrer entièrement au développement de mon produit. Au bout d’un an et demi, le prototype de « Dozan » était presque prêt à être manufacturé. Mais il est très difficile de trouver des investisseurs au Liban intéressés dans le domaine de la technologie hardware car le pays ne possède pas d’industrie capable de soutenir ce genre de projets. Toute cette période a été très dure, autant d’un point de vue financier que moral. La société libanaise et surtout la famille ne comprennent pas qu’on ne soit pas embauché dans une entreprise et qu’on passe des années à élaborer un projet qui ne sera peut-être jamais rentable.

Il y a un an vous avez créé Lamba Labs, le premier « hackerspace » au Liban. Pourquoi ?
Fort de mon expérience (ou de mes difficultés surtout !) à trouver un espace de travail pour jeunes entrepreneurs dans le domaine de la création hardware, on s’est lancé avec un groupe d’amis dans la création d’un hackerspace (espace convivial de création d’outils technologiques), concept qui existe un peu partout dans le monde mais qui est très peu développé au Moyen-Orient. L’idée est de réunir dans un même espace de jeunes inventeurs de plusieurs disciplines qui puissent échanger leurs expériences et développer leur projet. Le modèle financier d’un tel projet est très simple et ne nécessite aucun investissement initial ; le loyer est payé avec les frais d’adhésion des membres du hackerspace. Toute sorte d’ateliers gratuits sont organisés hebdomadairement pour se donner à connaître et attirer de nouveaux membres. L’expérience a été un succès et Lamba Labs compte aujourd’hui une cinquantaine de membres.

Où en êtes-vous aujourd’hui dans la concrétisation de votre invention ?
Au Liban il existe plusieurs programmes d’accélération pour des start-up informatiques, dans le domaine du software, comme Seeqnce par exemple, mais il n’y a rien pour les développeurs hardware et très peu de fonds sont intéressés dans le financement de nos projets. En Chine, il existe un programme d’accélération exactement adapté à ce qu’il nous faut. Des centaines de participants de par le monde présentent leur candidature et 10 start-up seulement sont retenues. La mienne en fait partie ! Le programme comprend quatre mois en Chine et va nous apporter une expertise industrielle mais également en business, élément essentiel pour commercialiser le produit. L’étape suivante est de présenter l’invention à des investisseurs aux États-Unis. Et à long terme, mon rêve est de revenir au Liban partager mon expérience avec la nouvelle génération d’inventeurs et, qui sait, peut-être créer ma propre usine.

 

 

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