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À La Une - egypte

Les pro et anti-Morsi se mobilisent

Le pouvoir émet des mises en garde concernant la sécurité ; l’ONU demande des explications aux autorités.

L’armée était massivement présente hier dans les rues du Caire. Marwan Naamani/AFP

Des dizaines de milliers de partisans de Mohammad Morsi se sont rassemblés hier en Égypte pour réclamer le retour du président islamiste déchu. Des cortèges partis de dix-huit mosquées du Caire à l’appel des Frères musulmans ont ainsi convergé dans l’après-midi vers deux sites que les islamistes occupent depuis près de trois semaines : la mosquée Rabaa al-Adawiya dans un faubourg de la capitale et les abords de l’Université du Caire, plus proche du centre-ville. À Rabaa al-Adawiya, la foule brandissait des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « où est passé mon vote ? », en référence au scrutin qui avait porté M. Morsi au pouvoir en juin 2012, première élection présidentielle démocratique en Égypte. De nombreux slogans visaient le chef de l’armée et ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, homme-clé dans la destitution de M. Morsi et nouvel homme fort du pays. « Sissi dégage, Morsi est le président », scandaient certains en brandissant des portraits du président déchu. Cette journée de protestation a été intitulée « Briser le coup d’État », allusion à la destitution de M. Morsi par l’armée le 3 juillet, dans la foulée des manifestations de masse réclamant son départ. Une partie des manifestants s’est aussi dirigée vers le ministère de la Défense et le quartier général de la garde républicaine, situés dans les environs de la mosquée, mais ont été empêchés d’y accéder par des barrages de l’armée. Des manifestations islamistes ont également eu lieu en province, à al-Arich, dans le Nord-Sinaï, Marsa Matrouh, dans le nord-ouest, Beni Sueif et Minya, en Moyenne-Égypte, ainsi qu’à Alexandrie, selon la télévision publique.

Côté Tahrir
Des rassemblements des adversaires de M. Morsi se sont également tenus en soirée, dans une ambiance à l’inverse festive. Place Tahrir, quelque 2 000 personnes étaient rassemblées en brandissant des portraits du général Sissi, au milieu de feux d’artifice. Près du palais de la présidence, plusieurs centaines d’anti-Morsi entonnaient des chansons patriotiques en agitant des drapeaux pour saluer la chute du président qu’ils accusaient de gouverner au seul profit de son clan et de laisser le pays plonger dans la récession économique.
« Quiconque a recours à la violence dans les manifestations mettra sa vie en danger », avait plus tôt dans la journée averti de son côté l’armée dans un communiqué diffusé dès jeudi, qui précise que l’appel s’adresse aux « divers groupes politiques ». Le président par intérim Adly Mansour, désigné par l’armée, avait de son côté prévenu jeudi qu’il mènerait « la bataille pour la sécurité jusqu’au bout » face à la volonté des islamistes de continuer à mobiliser dans la rue, en allusion aux violences qui, depuis le renversement de M. Morsi, ont fait plus d’une centaine de morts. « Nous sommes à un moment décisif de l’histoire de l’Égypte », a ajouté M. Mansour, en accusant « certains » de vouloir « entraîner dans l’inconnu » le pays le plus peuplé du monde arabe (84 millions d’habitants).


Alors que M. Morsi est toujours détenu par l’armée et qu’une vague d’arrestations a eu lieu parmi les membres des Frères musulmans, la confrérie a refusé toute négociation avec M. Mansour et affirmé qu’elle poursuivrait l’épreuve de force au travers de rassemblements. Outre ces manifestations à risques, le pouvoir est confronté à une nette détérioration de la sécurité dans la péninsule du Sinaï, dans l’est du pays, où sont implantés des groupes islamistes radicaux. Les attaques contre la police et l’armée mais aussi des civils se sont multipliées depuis le 3 juillet dans cette région, où l’armée a renforcé sa présence. Quatre policiers y ont d’ailleurs été tués en moins de 48 heures, selon des sources médicales. L’agence officielle MENA avait également indiqué jeudi que dix jihadistes avaient été tués en deux jours lors d’une opération de l’armée contre des combattants islamistes du Sinaï. Hier encore, deux civils ont été tués dans une attaque à la roquette.


La haut-commissaire de l’ONU chargée des Droits de l’homme, Mme Navi Pillay, a pour sa part demandé aux nouvelles autorités égyptiennes des explications concernant les arrestations après le renversement de M. Morsi, dont celle de l’ancien président. Mme Pillay a notamment demandé la liste des personnes arrêtées en rapport avec les événements du 3 juillet et au-delà, si elles sont toujours en détention et sur quelle base légale, selon son porte-parole.

 


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