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À La Une - Liban

L'assassinat de Jammo, une affaire passionnelle ?

Arrêtés par l’armée, les assassins de Jammo seraient des parents de sa veuve.

Siham, l'épouse de Mohammad Darro Jammo, en larmes après la mort de son époux le 17 juillet 2013. REUTERS/Ali Hashisho

L’armée a identifié et arrêté hier les meurtriers du responsable et auteur politique syrien Mohammad Darrar Jammo, assassiné dans la nuit de mardi à mercredi à son domicile de Sarafand, au Liban-Sud.
Le communiqué du bureau d’orientation de l’armée libanaise annonçant la capture des meurtriers présumés a créé la surprise en précisant que le mobile du crime n’est pas d’ordre politique.
Tout le monde avait cru à l’attentat politique en raison de la personnalité de Jammo, proche du régime syrien, et du fait que son assassinat s’était ajouté à une série d’actes terroristes qui ont visé ces derniers temps les régions sous l’influence du Hezbollah.
Mohammad Darrar Jammo était le directeur de la section politique et des relations internationales au sein de l’Organisation mondiale pour les émigrés arabes. Mais il était surtout connu comme expert politique pro-Assad et apparaissait régulièrement sur les télévisions libanaises.


« Après avoir enquêté sur l’assassinat de Jammo, les services de renseignements de l’armée ont réussi à identifier les meurtriers et à les arrêter », indique le communiqué de la troupe, diffusé par l’ANI (officielle). « Les armes utilisées dans le crime ont également été retrouvées », ajoute le texte, soulignant que « les motifs du crime ne sont pas politiques » et que « l’armée poursuit son enquête ».
Le communiqué de l’institution militaire ne donne pas de précisions, mais d’après des informations concordantes relayées par des chaînes de télévision, l’épouse libanaise de Jammo aurait commandité l’assassinat et l’aurait fait exécuter par son frère et son neveu. Selon une chaîne, quatre personnes auraient été arrêtées et deux d’entre elles auraient avoué avoir ouvert le feu sur la victime. L’une des personnes arrêtées, le beau-frère de la victime, aurait en outre fait état de problèmes antérieurs entre Jammo et son épouse.


Auparavant dans la journée d’hier, la localité de Sarafand avait organisé des funérailles pour Jammo en présence de délégations représentant l’ambassade de Syrie, le mouvement Amal, le Hezbollah et le Baas prosyrien.
Puis son corps a été placé à bord d’un véhicule de la Croix-Rouge libanaise qui devait le conduire jusqu’à la ville de Lattaquieh, sur le littoral syrien, où d’autres funérailles auront lieu aujourd’hui.

Condamnations en série
Avant les révélations sur la nature passionnelle du crime, qui restent bien évidemment à préciser, le caractère politique de l’affaire ne faisait pas de doute et des condamnations émanaient de tous bords.


Dans un communiqué de la présidence de la République, le chef de l’État, Michel Sleiman, a mis en garde contre « la transposition à l’intérieur du Liban des conflits entre les parties syriennes » et la transformation du pays en « théâtre de règlements de comptes » pour ces conflits.
Le président Sleiman a « demandé aux services de sécurité concernés d’intensifier leurs efforts pour empêcher de tels actes de se produire et, s’ils se produisent, de faire le nécessaire pour arrêter leurs auteurs ».


Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a constaté pour sa part que « du fait de l’implication de plus en plus grande de certaines parties libanaises dans le conflit en Syrie, directement ou indirectement, le Liban est tous les jours la cible de secousses sécuritaires dans diverses régions ».
« Ainsi, après l’attentat de Bir el-Abed, il y a eu l’explosion sur la route de Majdel Anjar puis l’assassinat condamnable de l’auteur syrien Mohammad Darrar Jammo à Sarafand. Nous réclamons des services de sécurité concernés d’enquêter sur ce meurtre, de capturer les assassins quels qu’ils soient et de les déférer devant la justice pour qu’ils soient jugés et sévèrement punis », a-t-il ajouté dans une déclaration.
« La justice ne saurait être partielle. Comme nous avions réclamé que justice soit faite pour les assasinats politiques survenus en 2005, nous demandons la même chose aujourd’hui. La condamnation du crime politique n’est pas liée à la position de la victime, à ses idées et à ses croyances », a souligné M. Joumblatt.


Le mouvement Amal est allé jusqu’à inscrire le meurtre dans le cadre d’une « campagne organisée contre la sécurité nationale libanaise et contre les militants arabes à l’instar de Jammo ». Ce dernier, ajoute un communiqué d’Amal, était « connu pour ses positions courageuses dans la défense de la Syrie, de son unité et de son arabité face aux complots ourdis par des parties hostiles aux causes arabes et à l’axe de la résistance et de la “moumana’a”, et derrière lesquelles se tient l’entité sioniste ».

 

(Chronologie : Les répercussions du conflit syrien sur le Liban)


L’ambassadeur de Syrie à Beyrouth, Ali Abdel Karim Ali, a estimé pour sa part sur la chaîne al-Manar que l’assassinat de Jammo « nuit à tous les tenants de la ligne politique nationale qu’il représentait ».
Du côté du 14 Mars, les indépendants réunis autour du député Boutros Harb ont publié un communiqué affirmant leur « rejet de principe de tous les assassinats, en particulier pour des motifs politiques », et « condamné avec force » le meurtre de Jammo.


De même, Hadi Hobeiche, député du Akkar et membre du bloc du Futur, a stigmatisé le crime, soulignant que les assassinats politiques ne « mènent nulle part et ne modifient en rien la position du camp concerné ».

 

L’armée a identifié et arrêté hier les meurtriers du responsable et auteur politique syrien Mohammad Darrar Jammo, assassiné dans la nuit de mardi à mercredi à son domicile de Sarafand, au Liban-Sud.Le communiqué du bureau d’orientation de l’armée libanaise annonçant la capture des meurtriers présumés a créé la surprise en précisant que le mobile du crime n’est pas...

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