Rechercher
Rechercher

À La Une - Exode des jeunes

Je t’aime mon Liban, toi non plus...

« Ils attendaient quoi mes parents pour faire leurs valises et nous emmener loin d’ici ? »

Photo AFP

Tous les Libanais l’ont plus ou moins vécu, entre 17 et 30 ans, ce désenchantement face à un Liban qui stagne quand il n’avance pas à reculons. À chaque explosion, à chaque secousse ou crise aiguë, un jeune sur deux se demande : « Ils attendaient quoi mes parents pour faire leurs valises et nous emmener loin d’ici ? »

 

Ras le bol de cette petite bulle de vanité et d’intolérance dans laquelle baignent certains, marre de ce pays qui prend un malin plaisir à mettre les ambitions de sa jeunesse en cage. Alors on plie bagage, on lève l’ancre, on s’en va pour un moment ou pour de bon. La jeunesse se cherche et a du mal à se retrouver dans le confinement de ces 10 452 km2. La jeunesse libanaise veut grandir, s’épanouir, vivre de nouvelles expériences et trouver un emploi gratifiant loin du conflit, de l’instabilité et de l’enlisement.

 

(Pour mémoire : Bader, engagé contre la « fuite » des jeunes entrepreneurs libanais)

 

Les premiers départs se font alors après le bac. C’est le cas de Yara qui décide de s’installer en France. « Je me suis installée en France dès l’obtention de mon bac car le cursus que j’avais l’intention de suivre n’existe pas au Liban. En effet, j’ai effectué deux années de classes préparatoires littéraires à l’issue desquelles j’ai intégré une grande école de commerce. Au départ, j’étais certaine de rentrer au Liban une fois mes études terminées. Mais aujourd’hui, les choses sont plus complexes. Je vis en France depuis bientôt huit ans et j’ai commencé à y construire ma vie. Le pays a l’avantage de me garantir une réelle stabilité et une vraie marge d’évolution professionnelle. »


Et pourtant, d’un autre côté, persiste l’envie de contribuer à la reconstruction du Liban. Yara envisage le retour, après avoir fait ses débuts auprès de professionnels. S’établir au Liban, monter sa propre entreprise, rester auprès de ses proches, tout cela semble encore possible.


D’autres ont d’ailleurs déjà pris le pas. C’est le cas de Pia qui revient après avoir décroché son doctorat en psychanalyse à Londres : « Pourquoi je rentre : la question que tout le monde me pose sans comprendre ma réponse... Des raisons personnelles bien sûr : la nostalgie peut-être, la famille, certains amis qui sont là, mais le travail aussi. Une des raisons qui m’ont poussée vers la psychologie est la situation à Beyrouth, la guerre, l’effet que cela a sur les parents (les enfants de la guerre), mais surtout leurs enfants qui en souffrent sans le savoir même s’ils ne l’ont pas vécue. Mon but est d’essayer de faire une différence, même minime, en espérant que cela aidera à rendre notre pays juste un peu moins affecté par ces problèmes qui rythment notre quotidien... Ou plutôt aider ces enfants qui n’ont pas demandé à être entraînés dans tout cela. »

 

(Lire aussi : Regards d’étudiants français sur Beyrouth)


Eh oui, la guerre, encore et toujours ; et l’espoir qui pousse certains à rentrer, d’autres à rester, se disant que leur place est ici. Tout ça au nom de la reconnaissance. La jeunesse retrousse déjà ses manches pour montrer la gratitude qu’elle porte envers un pays que d’autres s’acharnent à mettre en pièces. « Quitter le Liban, me répond Emma, peut-être, mais ce serait à coup sûr pour mieux revenir ! »


Beaucoup attendent ainsi sur le quai du changement, mais le train tarde à entrer en gare, ce qui laisse place au doute. « Ce qui est très déstabilisant, confie Yara, c’est que je considère ces deux pays (la France et le Liban) comme les miens, et pourtant, je ne me sens jamais vraiment chez moi, que ce soit dans l’un ou dans l’autre. »


Prendre du recul, oui, mais à quel prix ? Et jusqu’à quand la magie de l’attachement à ses racines opérera-t-elle ?

 

 

Pour mémoire

Lorsque les jeunes Libanais rêvent de meilleurs cieux

Tous les Libanais l’ont plus ou moins vécu, entre 17 et 30 ans, ce désenchantement face à un Liban qui stagne quand il n’avance pas à reculons. À chaque explosion, à chaque secousse ou crise aiguë, un jeune sur deux se demande : « Ils attendaient quoi mes parents pour faire leurs valises et nous emmener loin d’ici ? »
 
Ras le bol de cette petite bulle de vanité et...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut