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À La Une - La situation

L’armée libanaise en ligne de mire ?

Une vue de la table de la députée de Saïda, venue appeler à la paix civile en lançant la campagne « Halte à la peur » à partir de Tripoli. Photo ANI

L’armée, l’un des derniers piliers du Liban debout, est-elle désormais, elle aussi, en ligne de mire ? Certains indices le laissent craindre. Un attentat contre l’armée au Hermel, les propos de Bahia Hariri à Tripoli, ceux de Fouad Siniora à Saïda, font partie de ces indices.

 

À première vue, la vigoureuse défense de l’armée par le Hezbollah fait preuve des indices contraires. Mais ce n’est là qu’apparence, assurent des observateurs, qui suivent de près la « stratégie du vide » du Hezbollah, et voient venir le jour où l’armée du Hezbollah supplantera l’armée régulière.


Une chose est sûre, le climat politique s’envenime et la bataille de Abra prend de plus en plus d’importance comme point de basculement d’une situation réfractaire à tout règlement. La violence des accusations que se lancent le Hezbollah et le courant du Futur laisse en fait le sentiment que le parti pro-iranien a décidé l’élimination politique du principal obstacle à son projet hégémonique. Ce n’est point à une émulation démocratique que l’on assiste, mais, du moins de la part du Hezbollah, à une tentative de mise à mort, d’autant plus que le chef de ce courant, Saad Hariri, a quitté le Liban de crainte d’être éliminé physiquement.

 

(Lire aussi : Les immigrés chiites libanais du Golfe victimes du Hezbollah)


De son côté, l’option pacifiste du courant du Futur l’oblige à multiplier les exhortations qu’il sait bien n’avoir aucun impact sur la situation réelle. En fait, le courant libéral sunnite perd en ce moment de son influence au profit des formations radicales et se voit obligé de faire de la surenchère pour garder un certain contrôle de la rue sunnite ; un contrôle déjà bien affaibli à Tripoli.


Cette dérive, qui fait le jeu du Hezbollah, pourrait avoir donné l’alerte au chef du Courant patriotique libre et au siège patriarcal maronite, qui ont tous deux fait preuve, la semaine passée, de plus d’ouverture qu’auparavant à la voix sunnite modérée, le premier en recevant l’ambassadeur d’Arabie saoudite, qui fait équilibre sur la scène locale à l’influence iranienne et appuie le courant du Futur, le second en prenant plus nettement position contre « les armes illégales » qui, selon le texte de mercredi dernier, « appellent d’autres armes illégales » à se manifester. En somme, la violence engendre la violence ; c’est le Hezbollah qui a engendré Ahmad el-Assir.

Rendez-vous à Bkerké
On apprenait hier que le siège patriarcal de Bkerké et le Hezbollah ont rendez-vous, cette semaine, à une mini-table de dialogue. Prié de commenter ce rendez-vous, Mgr Samir Mazloum, vicaire patriarcal maronite, précise pour L’Orient-Le Jour que la commission de dialogue entre Bkerké et le Hezbollah « se réunit régulièrement tous les mois, mais loin des médias », et que le tapage fait cette semaine à ce sujet sert des intérêts politiques particuliers.


« Nos positions n’ont pas changé, enchaîne Mgr Mazloum. Il s’agit seulement d’une nouvelle façon de formuler un vieux principe que nous avons toujours défendu. Il faut prendre le communiqué de mercredi dernier dans son intégralité. Son but fondamental était de sonner l’alarme. Où va le Liban ? J’ai le sentiment que si les choses se poursuivent, si les politiciens ne se réveillent pas, nous allons vers la destruction totale du pays, de l’État, du Pacte. Les institutions s’effritent l’une après l’autre. Si nous avons forcé la dose sur un certain point, c’est pour rappeler les dangers que nous courons tous. »

 

(Lire aussi : « Garder le Liban à l’écart des crises régionales est crucial pour l’Europe »)


Il y a lieu de s’interroger, en effet, sur la vie des institutions et cette espèce de « degré zéro de la vie politique » vers lequel se dirige rapidement le pays. Sur le plan du gouvernement, les choses en sont au même point... mort. Le Premier ministre désigné, dont la popularité est réelle et qui bénéficie d’un solide capital de sympathie dans l’opinion, n’ose pas franchir le pas et présenter son gouvernement, au risque de ne pas obtenir la confiance. C’est pourtant le pari que beaucoup lui souhaitent de faire, au mépris de toutes les pressions qui pourraient être exercées. Qui ne risque rien n’a rien.


Le Parlement, lui, est en session extraordinaire en vertu de l’article 69 de la Constitution, avec une feuille de route bien précise, accorder la confiance à un nouveau gouvernement. Mais son président ne l’entend pas de cette oreille et, interprétant largement l’article 69, prétend légiférer comme si de rien n’était, en convoquant la Chambre pour une session de trois jours (15-17 juillet).


Certains affirment à la légère que le Parlement seul a le droit d’interpréter la Constitution. Mais le Parlement saurait-il être juge et partie ? En fait, ce devrait être au Conseil constitutionnel de le faire, mais on a commis la grave erreur de le priver du droit d’autosaisine.


Du reste, trois de ses membres ont déjà porté gravement atteinte à son prestige, en imposant leur avis favorable à la prorogation du mandat de la Chambre, au mépris de sept autres avis contraires, par l’exercice d’un scandaleux abus de minorité, en empêchant le quorum d’être atteint. Et au nom du respect de la Constitution, personne n’y a trouvé à redire. Qu’au moins on ne permette pas aux fossoyeurs de la Constitution de s’ériger aujourd’hui en interprètes de la Constitution !

 

 

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À première vue, la vigoureuse défense de l’armée par le Hezbollah fait preuve des indices contraires....

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