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L’homosexualité féminine, « un choix » aux prises avec une société faussement émancipée - Psychologie

L’érotisme caméléon de la femme et l’universalité des « choix »

L’expérience homosexuelle est « une découverte de soi à travers l’autre, comme dans un miroir ».

La sexualité féminine est flexible. La plupart des homosexuelles disent avoir expérimenté une relation hétérosexuelle.(Photo du site popo-lalesb.skyrock.com)

Cette description donnée par la psychologue clinicienne Cosette Maalouf, qui suit plusieurs patients homosexuels, pourrait s’appliquer à d’autres formes de relations, pas seulement homosexuelles. Cette perception transcende en effet la sexualité pour toucher à l’être humain, ses aspirations et « ses blessures, que l’autre peut apaiser ». L’homosexualité serait, dans ce schéma, une concrétisation physique de la ressemblance humaine. Les morphologies s’identifient, reproduisant la rencontre des deux êtres. L’homosexualité féminine précisément serait propice à une expression plus large des envies sexuelles, qui sont autant de vérités, existantes, assumées ou refoulées de la nature humaine. Plusieurs psychologues s’entendent en effet sur « la souplesse de la sexualité féminine », quand bien même l’influence du facteur génétique a été confirmée.
Alors qu’une étude conduite en 2011 au Royaume-Uni sur des sœurs jumelles a prouvé que le lesbianisme est « au moins à 25 % génétique » (la probabilité que des jumelles identiques soient lesbiennes est supérieure à celle des fausses jumelles, sachant que les sœurs évoluent dans un même milieu), l’influence des facteurs socioculturels sur l’évolution de la sexualité féminine est favorisée par « la souplesse de l’érotisme féminin », comme l’indique Nathalie Wolchover dans un article publié sur le site Live Science (et cité dans un article sur atlantico.fr), où elle conclut que la problématique n’est pas celle de cerner les raisons de l’homosexualité féminine, mais de repérer les éléments susceptibles d’expliquer la souplesse de la sexualité des femmes.
Pour mieux visualiser cette élasticité, une expérience menée par Meredith Chivers et rapportée par le site Cyberpresse en fournit un diagnostic : les femmes ayant pris part à l’expérience, toutes orientations confondues, ont été excitées par toutes les scènes pornographiques projetées sous leurs yeux, y compris celles entre bonobos. L’excitation des hommes s’est limitée à des scènes précises (hétéros et lesbiennes pour les hommes hétéros ; gays pour les hommes gays ; et excitation nulle devant les bonobos).

« La sexualité n’est
pas innée, on peut
la modifier »
Cosette Maalouf explique cette élasticité à partir de la psycho-sexualité développementale freudienne, précisément de la bisexualité psychique, déclenchée par la figure maternelle, qui constitue « le premier objet de l’amour, aussi bien chez le garçon que chez la fille ». Mais comme chez la fille, cet objet d’amour devient ensuite le père, l’objet de desir, « le changement de l’objet de l’amour en est facilité et l’alternance entre les deux objets est moins rigide que chez les hommes ». Les hommes hétérosexuels en contact avec leur côté féminin, c’est-à-dire qui n’ont pas peur d’assumer certains comportements associés traditionnellement à la femme (montrer des signes de faiblesse par exemple), jouiraient d’une maturité sexuelle, où l’individu en question ne refoule aucun des éléments de son développement psychique. C’est dans ce cadre d’ailleurs que Cosette Maalouf va jusqu’à affirmer qu’aucune orientation sexuelle n’est innée – il faut savoir toutefois que cette théorie n’est pas defendue par tous les psychologues et que le choix en psychologie est conscient ou insconscient : il est la somme de facteurs qui se retrouvent dans le vécu de l’homme a un moment donné. « On devient homosexuel, tout comme on devient hétéro », insiste Cosette Maalouf, revenant sur la méthode thérapeutique qu’elle suit avec les patients homosexuels qui lui demandent de « les changer ». « S’il prend la décision de changer, il le peut », assure-t-elle, à condition que sa décision ne soit pas mue par la crainte d’être écarté du « modèle social existant ». Si le patient choisit de s’accepter en dépit des contraintes sociales, la psychologue lui apprend à « renforcer ses mécanismes de défense », qui lui permettraient de contourner par exemple les questions relatives au mariage, ou d’apaiser, d’une manière générale, la culpabilité qu’engendre la double vie.
Cette flexibilité sexuelle, qui se vivrait plus facilement par la femme, accentue l’influence des facteurs sociaux et culturels sur le lesbianisme. « Il est fort erroné de tenter de définir un dénominateur commun à l’homosexualité », insiste Cosette Maalouf, mettant l’accent sur « l’importance du vécu personnel, aussi varié que les cas qui se présentent ». Les facteurs externes sont multiples (l’éducation des parents, dont certaines erreurs extrêmes pourraient être la cause directe de l’homosexualité : traiter sa fille comme le fils que l’on n’a pas pu avoir, par exemple ; les violences physiques et sexuelles subies ; les mésaventures de cœur ; la répression sociale ; « le phénomène de mode »...), mais c’est surtout « la réaction de l’individu à ces facteurs » qui définit dans une large mesure son orientation sexuelle. L’abus sexuel pourrait causer un mépris général des hommes, « mais il existe des femmes violentées qui restent exclusivement séduites par les hommes ». Une autre forme de réaction à ces facteurs externes : « La révolte personnelle contre les normes en place, ou la réalité sociale ». Or, cette révolte est par définition le moule d’infinies expressions. L’homosexualité féminine après le mariage serait liée à une prise en compte tardive d’un penchant pour les femmes, qui pourrait aussi être « réactionnelle ou une homosexualité par défaut ».
Au Liban, les strictes normes sociétales ne fournissent pas le cadre propice à la quiétude sexuelle, qui permettrait une écoute individuelle de tous ces facteurs qui s’enchevêtrent. Cosette Maalouf fait remarquer en effet qu’un grand nombre d’homosexuelles finissent par réincarner le cadre traditionnel du mariage, cette adaptation étant facilitée par la flexibilité de la femme.
Cette description donnée par la psychologue clinicienne Cosette Maalouf, qui suit plusieurs patients homosexuels, pourrait s’appliquer à d’autres formes de relations, pas seulement homosexuelles. Cette perception transcende en effet la sexualité pour toucher à l’être humain, ses aspirations et « ses blessures, que l’autre peut apaiser ». L’homosexualité serait, dans ce...