La culture de l’aveu
Le constat est unanime : si la société ne manque pas de bonne volonté, le vrai problème reste l’habitude du recours à la violence. Au Liban, l’aveu reste encore la preuve irréfutable de la culpabilité d’un suspect ; une coutume difficile à éradiquer. « Deux crimes ne font pas une justice. C’est à nous de prouver la culpabilité, et non pas forcer à l’aveu », affirme Raja Abinader, représentant du ministère de la Justice. Après l’aveu, la justice considère que le dossier est clos. L’objectif aujourd’hui est de ne plus considérer l’aveu comme une finalité, comme le rappelait Wadih al-Asmar, représentant du Centre libanais des droits de l’homme : « On a trop tendance à vouloir faire avouer le suspect à tout prix, en dépit du respect de ses droits. »
Compte tenu de la situation actuelle au Liban, le lieutenant-colonel Ziad Qaedbey n’hésitait pas quant à lui à rappeler que la fin ne justifie pas les moyens. « Il n’existe pas de circonstances exceptionnelles, même en temps de guerre. Rien n’excuse la torture », affirme-t-il.
Un chemin encore long
Si le Liban a ratifié la convention contre la torture il y a plus de dix ans et fait aujourd’hui partie du comité international contre la torture, la situation est loin d’être parfaite. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Actuellement, deux projets de lois sont débattus au Parlement : l’un d’eux devrait permettre de faire passer la torture non plus comme un simple délit, mais comme un crime. Depuis peu, il est également possible pour la direction des prisons de contrôler à tout moment les conditions de détention, comme c’est déjà le cas en France. Le transfert de l’administration pénitentiaire du ministère de l’Intérieur au ministère de la Justice, effectif depuis l’an dernier, est également un grand pas : désormais, la personne qui arrête n’est plus la même que celle qui se charge de la détention. Le ministère des Affaires sociales se mêle lui aussi à l’administration pénitentiaire : dès le mois de juillet, toutes les prisons libanaises seront forcées d’établir un dossier et un examen médical complet pour chaque détenu.
Le problème ? L’application dans les faits de prérogatives souvent abstraites pour les acteurs du terrain. « On ne parle pas des actes de violence des prisonniers envers les gardiens ou les policiers. Dans certaines prisons comme celle de Roumieh, les forces de sécurité sont de vrais otages », entendait-on dans le public.
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