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À La Une - Syrie

Poutine empêche le G8 de régler le sort d’Assad

Rohani, « s’il peut être utile », sera « le bienvenu » à Genève 2, estime Hollande ; Alep et la périphérie de Damas sous le feu du régime.

Barack Obama et François Hollande lors d’une réunion dans le cadre du sommet du G8.  Bertrand Langlois/AFP

Vladimir Poutine a fait en sorte hier au sommet du G8 de faire capoter les efforts des États-Unis et des pays occidentaux pour sceller le sort du président syrien Bachar el-Assad. Entre le président russe, apparu isolé, et les autres dirigeants, l’affrontement a été permanent pendant les deux journées du sommet qui s’est tenu en Irlande du Nord.
Alors que le président américain Barack Obama et les dirigeants occidentaux estiment que le départ du chef de l’État syrien est nécessaire pour résoudre la guerre civile en Syrie, Vladimir Poutine a refusé toute mention dans le communiqué qui aurait impliqué une mise à l’écart de M. Assad. Dans le communiqué final, les chefs d’État et de gouvernement des huit pays les plus industrialisés se contentent d’appeler à la tenue d’une conférence de paix à Genève « aussitôt que possible » et se disent « déterminés » à trouver « une solution politique » au conflit « basée sur la vision d’une Syrie démocratique », mais sans mentionner le nom du président syrien.


S’exprimant à la fin du sommet, Vladimir Poutine n’a pas hésité à se montrer provoquant, réitérant ses critiques au sujet des projets occidentaux de livraisons d’armes aux insurgés, qui pourraient selon lui être un jour utilisées en Europe, tout en défendant les relations entre Moscou et Damas dans le domaine de l’armement. « Il y a différents types d’approvisionnement. Nous fournissons des armes sur la base de contrats juridiquement valables à un gouvernement légitime. Et si nous signons ces contrats à nouveau, nous fournirons des armes supplémentaires », a déclaré le président russe.

 « Du sang sur les mains »
Les dirigeants du G8 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada et Russie) appellent aussi les autorités syriennes et l’opposition à s’engager à démanteler toutes les organisations affiliées à el-Qaëda, reflet de la préoccupation croissante de l’Occident face à l’influence croissante des islamistes radicaux dans les rangs des rebelles. À la fin du G8, le président américain Barack Obama a toutefois déclaré qu’il était important de construire une opposition forte en Syrie capable de prendre les rênes du pays en cas de départ de Bachar el-Assad. Et le Premier ministre britannique David Cameron, qui accueillait le sommet, n’a pas hésité à réitérer la position occidentale. « Il est impensable que le président Assad puisse jouer un rôle quel qu’il soit dans l’avenir de son pays. Il a du sang sur les mains. On ne peut imaginer une Syrie où cet homme continuerait à diriger en ayant fait des choses si horribles à son peuple. » Il a souligné qu’il y avait tout de même accord sur la nécessité d’un gouvernement de transition avec des pouvoirs exécutifs et sur l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation des armes chimiques.

 

 

(Repère : Armes chimiques en Syrie : un état des lieux)

 


François Hollande est allé dans le même sens et a reconnu à demi-mot le peu d’avancées obtenues dans le dossier syrien. « Pour trouver des solutions, mieux vaut que tout le monde ne soit pas d’accord, mais là, en l’occurrence, nous étions servis », a ainsi déclaré le président français en souhaitant que le dossier syrien soit abordé au sommet de Saint-Pétersbourg en septembre. « Il n’y aura pas d’avenir de la Syrie avec Bachar el-Assad. Les Russes ne sont pas encore prêts à le dire ou à l’écrire », a-t-il ajouté pour expliquer l’absence de demande du départ du pouvoir du président syrien dans le communiqué final.


Début mai, Russes et Américains ont lancé conjointement l’idée d’une nouvelle conférence internationale à Genève en vue de trouver une solution au conflit, dite Genève 2. À Enniskillen, on indiquait de source proche des discussions que cette conférence, initialement prévue pour juin, puis pour juillet, pourrait ne pas se tenir avant août.
François Hollande, qui avait jusqu’ici exclu la présence de l’Iran dans les négociations de paix, a ouvert la porte à une participation de Téhéran après l’élection du religieux modéré Hassan Rohani à la présidence. « Je vous donne ma position : s’il peut être utile, oui, il sera le bienvenu. »


À Moscou, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait tenu à rappeler hier matin que l’opposition syrienne n’avait pas à poser de conditions préalables à sa participation à la conférence, les rebelles exigeant que le départ de M. Assad soit acté par la communauté internationale. « Nous nous opposons de la manière la plus catégorique à ce que la future conférence soit un acte public de capitulation de la part de la délégation gouvernementale syrienne », a martelé le ministre russe des AE.
L’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Lakdhar Brahimi, a estimé quant à lui que beaucoup restait à faire pour obtenir des avancées sur Genève 2.

 

(Eclairage : L'aide "militaire" américaine jugée insuffisante par des experts)



Écraser les rebelles
Sur le terrain, l’armée syrienne tentait hier d’écraser les bastions rebelles autour de Damas, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), faisant état de combats dans plusieurs secteurs. « Les troupes gouvernementales combattent les rebelles à Zamalka, et Mleiha, à l’est de Damas, maintiennent le siège de Douma et pilonnent Daraya et Moadamyat al-Cham, au sud-ouest de la capitale », a précisé cette ONG basée en Grande-Bretagne, ajoutant que des affrontements opposaient également rebelles et soldats dans la région de Qadam, au sud-ouest de Damas. Damas est entouré de zones chaudes, de Daraya à Douma. « Le régime tente de remporter des victoires autour de Damas pour rendre la confiance à ses partisans », a précisé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Mais la Ghouta orientale, qui borde l’est de la capitale, « est très différente de Qousseir », relève-t-il.


Le militant Ahmad al-Khatib, basé à Damas, décrit la région de la Ghouta orientale comme étant « le talon d’Achille » de la zone. « Le régime pilonne les régions avant de donner l’assaut car son infanterie est faible », explique M. Khatib, membre de la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS). « Les combats sont féroces, mais personne n’en sort vainqueur pour le moment. Le siège imposé par l’armée rend la situation difficile, cependant la position des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) dans la Ghouta orientale est beaucoup plus solide qu’elle ne l’était à Qousseir », explique de son côté un autre militant, Abou Nadim, basé à Douma. Mais la situation humanitaire dans les régions rebelles se dégrade. « Il n’y a pas de médicaments, les produits alimentaires sont rares. Nous nous nourrissons de pain sec », affirme-t-il.


Par ailleurs, à Sayeda Zeinab, haut-lieu chiite religieux dans le sud-est de Damas, les combats font rage entre rebelles d’un côté et forces gouvernementales et combattants du Hezbollah de l’autre, selon l’OSDH.
Des combats acharnés ont en outre été signalés dans et à la périphérie nord d’Alep où les forces loyales au président cherchent à consolider leurs succès engrangés plus au sud. D’après un militant de l’opposition, les deux camps s’affrontent actuellement dans les venelles de la vieille ville. Dans la province d’Idleb, dans le nord-est proche de la Turquie, une roquette s’est écrasée sur la maison d’un chef religieux réputé proche des milices pro-Assad, tuant 20 personnes, a par ailleurs ajouté l’OSDH.


Enfin, sur le plan humanitaire, une épidémie de rougeole se propage dans le nord de la Syrie et a affecté déjà au moins 7 000 personnes, alors que le conflit a interrompu les campagnes habituelles de vaccination, a indiqué Médecins sans frontières (MSF).

 

 

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