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Liban - Plainte contre la Syrie

La requête du président laisse perplexe le palais Bustros

Samir Geagea conférant avec l’émissaire personnel de Ban Ki-moon, Dereck Plumbly. Photo Aldo Ayoub

Il n’est plus possible de régler « à l’amiable » la question des raids syriens récurrents contre les villages de la frontière libano-syrienne. Le bombardement mercredi du centre de la localité de Ersal par un hélicoptère syrien a amené le président Michel Sleiman à demander au ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour de présenter une plainte contre la Syrie devant le Conseil de sécurité de l’ONU et la Ligue arabe, pour atteinte à la souveraineté nationale et à la sécurité des citoyens. M. Mansour, cependant, s’abstient pour l’heure de réagir rapidement à la demande du chef de l’État. En effet, jusqu’à hier en fin de journée, rien au palais Bustros ne permettait de penser que le ministère des Affaires étrangères compte prendre au sérieux la démarche de Baabda. Selon les sources de l’agence al-Markaziya, les différents services du ministère des AE seraient encore en train de chercher une « formule appropriée » sur ce plan. Parmi les scénarios proposés, l’envoi à la Ligue arabe (et non à l’ONU) d’un « document » qui prendrait toutefois la forme d’une notification et non pas d’une plainte contre la Syrie.

Mais si le ministre Mansour continue de réfléchir au meilleur moyen de donner suite à la demande du président sans toutefois remettre en cause ses propres convictions politiques, les autorités syriennes, pour leur part, n’ont pas attendu pour réagir. Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Moallem, s’est empressé ainsi de transmettre au palais Bustros une note qui réitère « l’attachement de la Syrie à la sécurité du Liban, et la nécessité de mettre à exécution les éléments principaux de l’accord bilatéral de défense et de sécurité signé entre les deux pays ».
Notons dans ce cadre que la démarche du président Sleiman a suscité un déchaînement au niveau des forces du 8 Mars qui n’ont pas hésité à accuser le président Sleiman de « partialité » et de « favoritisme », estimant que ses positions récentes ne sont pas « dans l’intérêt du pays ».

Le Hezbollah incriminé au Conseil des droits de l’homme
De son côté, le député Fadi Karam (Forces libanaises) a applaudi aux récentes positions du président Sleiman, critiquant ceux qui sont inféodés au régime du président Bachar el-Assad et qui sont « dépourvus de tout patriotisme ».
Le Renouveau démocratique a publié de son côté un communiqué dénonçant la participation du Hezbollah aux combats en Syrie, ce qui « se répercute sur les villages frontaliers et qui pourrait aussi changer la face du pays et son entité de façon irréversible ».
À Ersal, le mufti de Baalbeck-Hermel, cheikh Ayman Rifaï, a présenté ses condoléances à la famille du défunt Ali Ahmad Houjeiri, tué mardi sur la route du Hermel. Il a dénoncé à cette occasion les attaques syriennes contre la ville. Même son de cloche du côté du Parti national libéral qui a affirmé, à l’issue de sa réunion hebdomadaire, que « le Hezbollah a fait prévaloir l’intérêt de l’axe irano-syrien sur l’intérêt du Liban ». Le PNL a également stigmatisé les violations syriennes de la souveraineté libanaise, faisant assumer au Hezbollah la responsabilité des mesures prises par les États du Golfe contre les intérêts libanais.
D’autre part, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a lui aussi condamné hier l’intervention de tous les « combattants étrangers » en Syrie, « et en particulier ceux du Hezbollah ». Une résolution en ce sens, déposée notamment par les États-Unis, le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite, a été adoptée par 37 voix pour, une voix contre, et 9 abstentions. La résolution a noté que selon la commission d’enquête de l’ONU, les exactions et les violations commises par des groupes armés antigouvernementaux n’atteignaient pas l’intensité et l’ampleur des violations commises par les forces gouvernementales et les milices qui leur sont affiliées.

(Lire aussi : Nouveau tir de roquettes en provenance de Syrie)

« Le Liban ne peut plus supporter davantage... »
Parallèlement aux attaques frontalières, la crise syrienne continue de se traduire par un afflux des réfugiés syriens au pays. Le ministre sortant des Affaires sociales, Waël Bou Faour, s’est entretenu de ce dossier avec le sous-secrétaire adjoint du département d’État, Kelly Clements, en présence de l’ambassadrice américaine à Beyrouth, Maura Connelly. Les répercussions de la crise syrienne sur le Liban et le problème de l’exode syrien ont été discutés au cours de l’entrevue. M. Bou Faour a mis l’accent sur « la détérioration de la situation sur ce plan et l’incapacité du Liban à supporter davantage ».
L’affaire des déplacés syriens a également été au cœur de la réunion que le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a tenue à Meerab avec le coordonnateur spécial des Nations unies pour le Liban, Derek Plumbly. M. Geagea a mis l’accent à cette occasion sur l’incapacité du Liban à faire face à ce problème socio-économique, soulignant qu’une solution devrait être trouvée et que les autorités libanaises devraient bénéficier d’une aide internationale à cet égard.
Notons en outre que le courant du Futur a distribué hier plus de 2 000 rations alimentaires aux déplacés syriens à l’Iklim el-Kharroub. De son côté, la Croix-Rouge libanaise a publié un communiqué pour affirmer que les soins médicaux prodigués aux Syriens blessés lors des combats en Syrie sont assurés exclusivement en territoire libanais et que la CRL ne se chargeait pas de transporter les victimes de Syrie vers le Liban.

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