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À La Une - Crise

En Grèce, des milliers de manifestants contre la fermeture de l'audiovisuel public

La grève générale touche principalement les transports en commun à Athènes, les chemins de fer et les administrations à travers le pays.

"Cela doit cesser, ils veulent tout vendre en Grèce, la télévision publique, l’eau.." a déclaré une manifestante devant les bureaux de la radiotélévision ERT, à Athènes. AFP/Louisa Gouliamaki

Des milliers de manifestants affluaient jeudi à Athènes devant le siège de la radiotélévision publique grecque ERT et des syndicats ont appelé à une grève générale dans le pays pour protester contre sa fermeture, décidée brutalement par le gouvernement, un véritable choc dans l'opinion publique.

A la mi-journée, ils étaient à 15.000 manifestants à travers tout le pays selon la police, les organisateurs évoquant plus de 20.000 manifestants. A Athènes, près de 10.000 personnes ont répondu à l'appel d'un rassemblement des syndicats du privé et du public, GSEE et Adedy, devant le siège de l'ERT pour dénoncer les politiques d'austérité qui touchent le service public. A Salonique, deuxième ville grecque, dans le nord, ils étaient 5.000 manifestants devant le siège d'ET3, l'une des cinq chaînes appartenant à l'ERT, selon une source policière locale. La principale banderole déployée devant le grand bâtiment historique de l'ERT, où pour la troisième journée consécutive des milliers de citoyens affluaient pour réclamer sa réouverture, appelait les citoyens "à ne pas rester sans réaction" car "on brade tout".

 

La grève générale touchait principalement les transports en commun à Athènes, les chemins de fer et les administrations à travers le pays. La plupart des banques, les commerces et la poste, étaient ouvertes.

Par ailleurs, une dizaine de vols de l'intérieur à l'aéroport international d'Athènes ont été annulés et une cinquantaine ont été reprogrammés en raison d'un arrêt de travail des aiguilleurs du ciel.

"Coup d'Etat"

La fermeture des chaînes de télévision et des stations de radio du service public mardi soir décidée par le Premier ministre conservateur Antonis Samaras, supprimant d'un coup 2.700 emplois, a provoqué un tollé chez les syndicats et a été qualifiée de "coup d'Etat" par le principal parti d'opposition de la Gauche radicale (Syriza).


Dans la salle de contrôle de l'ERT à Athènes, occupée par les journalistes qui tentaient de diffuser des émissions via les sites web de la chaîne et de l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), Efi Zerva, rédactrice en chef, se réjouissait "du soutien des milliers de gens qui sont venus réclamer la réouverture" et du soutient de l'étranger.

"Nous avons fait la une des médias internationaux", s'est félicitée Mme Zerva en soulignant le soutien reçu par nombreuses associations de journalistes et les télévisions franco-allemande Arte ou belge.


Les journalistes de l'audiovisuel étant aussi en grève depuis la veille, aucun bulletin d'information n'était diffusé jeudi. Si les quotidiens ont paru jeudi, ils devraient être absents des kiosques vendredi du fait de la grève de 24 heures des journalistes de la presse quotidienne jeudi.

(Pour mémoire : Le budget ne dérape pas, la « troïka » de retour à Athènes)

 

M. Samaras, dont le parti de droite Nouvelle-Démocratie est le seul de la coalition gouvernementale tripartite à soutenir cette fermeture, a défendu cette décision mercredi soir, en qualifiant l'ERT de "foyer de privilèges, d'opacité et de gaspillage".

Son porte-parole Simos Kédikoglou a détaillé un projet de loi mercredi portant sur la création d'"une nouvelle radio, internet et télévision grecque" qui devrait s'appeler Nerit S.A. et commencer à fonctionner d'ici fin août, avec 1.200 employés. Mais les deux partenaires gouvernementaux, les socialistes du Pasok et de la gauche modérée Dimar, qui se sont opposés à la fermeture tout en soulignant la nécessité de sa restructuration, ont appelé M. Samaras à rouvrir l'ERT.


"Ambiance de crise politique"
Le chef des socialistes Evangélos Vénizélos a parlé mercredi d'"une ambiance de crise politique" et appelé M. Samaras, "à sauvegarder l'unité et l'avenir du gouvernement" de coalition, formé il y a presque un an après les législatives de juin 2012 sur fond de crises économique et politique majeures.

La Une de la presse grecque faisait l'écho de ce climat de désaccord au sein du gouvernement, qui pourrait déboucher sur une crise politique. "Des acrobaties dangereuses (...) comment l'épouvantail des élections apparaît dans l'écran noir de la ERT", titrait Ta Néa (centre-gauche), le plus gros tirage du pays.


La fermeture de la ERT après des mois des arrêts de travail des employés s'opposant à des plans de restructuration, est intervenue mardi au lendemain de l'arrivée à Athènes des hauts responsables de la troïka des créanciers, UE-BCE-FMI qui doivent évaluer l'avancée des réformes dans le secteur public, qui a pris de retard, en vue de la poursuites du versement des prêts au pays.


La Grèce s'est engagée auprès de ses créanciers à réduire les dépenses publiques et à licencier des milliers de fonctionnaires d'ici fin 2014, dont 2.000 d'ici fin juin 2013.


La Bourse d'Athènes a ouvert jeudi avec une baisse de 1,85% après trois jours dans le rouge. Et le chômage a atteint un nouveau record à 27,4% au premier trimestre 2013 touchant plus de deux tiers des jeunes de moins de 24 ans, selon des chiffres publiés jeudi par les statistiques grecques.
 

 

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