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Moyen Orient et Monde - turquie

Même dans son quartier d’origine, le PM turc n’est plus incontesté

Selon certains partisans d’Erdogan, les manifestants « sont des voyous manipulés par certains pour faire tomber le gouvernement, en premier lieu par Israël ». Bulent Kilic/AFP

Même à Kasimpasa, le quartier populaire d’Istanbul où il est né, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n’est plus incontesté, depuis que la police a violemment réprimé une manifestation et alimenté une fronde qui ébranle le pays depuis une semaine. Le petit vendeur de pains au sésame et de limonade, qui a usé ses fonds de pantalon sur les bancs de l’école coranique locale avant des études en management et une brillante carrière politique dans la mouvance islamiste, a bien sûr toujours ses inconditionnels dans le quartier. « Recep Tayyip Erdogan est l’un des plus valeureux Premiers ministres que la Turquie ait connus. Ce pays est plein d’amour et de respect pour lui », déclame, un verre de thé à la main, Mithat Uran, un agent immobilier de 46 ans. Pour lui, la police n’a fait que son devoir en réprimant avec violence les mouvements de protestation nés le 31 mai à seulement quelques centaines de mètres de Kasimpasa, dans le parc Gezi, où des militants tentaient d’empêcher l’arrachage de quelques arbres. « Si quelqu’un jette des pierres, des briques contre l’État, attaque les commerçants, il fait quoi, le policier ? Il va lui taper dessus, c’est ce qu’il doit faire », commente M. Uran. Notons que les heurts ont fait en une semaine trois morts et près de 5 000 blessés, selon les chiffres fournis jeudi par le syndicat des médecins turcs.
Pour Dursun Bekçi, un fonctionnaire à la retraite de 74 ans, les vrais responsables de ce sinistre bilan se trouvent hors du pays. « Avec lui (Erdogan), la Turquie sort de sa captivité. Elle se tient sur ses pieds et a commencé à donner des ordres au lieu d’en recevoir », commente le vieil homme. « Ça ne plaît pas aux exploiteurs (occidentaux), ils y perdent leurs profits, poursuit-il, alors ils alimentent la révolte. » Les défenseurs de M. Erdogan, dont le Parti de la justice et du développement (AKP) a obtenu 50 % des suffrages aux législatives de 2011, sont jusque-là restés discrets, mais son retour triomphal jeudi soir d’une tournée au Maghreb faisait craindre une confrontation entre anti et progouvernement. Samedi dernier, M. Erdogan a lui-même agité le chiffon rouge : « Quand ils réuniront 20 personnes, j’en réunirai 200 000, et quand ils seront 100 000, je mobiliserai un million de membres de mon parti. » L’appel a de l’écho à Kasimpasa. « En aucun cas nous ne laisserons le gouvernement tomber. Nous sommes à ses côtés, derrière lui et devant lui », assure Hayrullah Yosma, un cafetier de 67 ans, revêtu d’un turban et d’une tenue d’inspiration ottomane. Hayrullah est sans pitié pour les manifestants : « Ce sont des voyous manipulés par certains pour faire tomber le gouvernement, en premier lieu par Israël. »
Certains habitants sont toutefois plus nuancés. Ali Dagdelen, 43 ans, vote et continuera de voter pour l’AKP parce qu’ils « ont fait de bonnes choses pour le pays ». Depuis leur arrivée au pouvoir en 2002, la richesse par habitant a triplé. Mais l’employé dans le bâtiment admet que « certains policiers, avec leur violence exagérée, ont fait du mal au pays pour rien ». Pour son ami Halim Sahin, cependant, le problème dépasse les violences policières. « Il (Erdogan) fait toujours tout seul, et ça ne peut pas fonctionner dans une démocratie. Tu ne peux pas dire “C’est moi le sultan” parce que tu as gagné des élections, affirme l’agent immobilier de 43 ans. Il y a le peuple, et il faut respecter chacun de ses membres, même la plus petite minorité. »
D’autres sont même passés dans l’autre camp. Si Melek presse le pas, c’est parce que la jeune infirmière de 22 ans est impatiente de rejoindre les manifestants au parc Gezi. « Je pense que les manifestants ont raison (...) c’est très important de protéger cette zone verte parce que, dans une métropole comme Istanbul, il n’y a pas de place pour la nature », affirme la jeune femme voilée, déplorant « l’attitude très dure du gouvernement ». L’infirmière est aussi moqueuse : « C’est très mal de penser que toutes les femmes voilées soutiennent l’AKP. »

(Source : AFP)
Même à Kasimpasa, le quartier populaire d’Istanbul où il est né, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n’est plus incontesté, depuis que la police a violemment réprimé une manifestation et alimenté une fronde qui ébranle le pays depuis une semaine. Le petit vendeur de pains au sésame et de limonade, qui a usé ses fonds de pantalon sur les bancs de l’école coranique...
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