Les deux pays ont néanmoins des intérêts divergents, en particulier par rapport aux Frères musulmans, dont le Qatar a soutenu financièrement l’essor en Égypte et en Libye à la suite des bouleversements politiques provoqués par le printemps arabe de 2011. L’Arabie saoudite se méfie quant à elle de la confrérie, et a arrêté de la soutenir financièrement, car la monarchie absolue considère comme un danger la notion d’islam politique défendue par les Frères musulmans.
Sur le terrain syrien, de nombreux rebelles ont perdu leur confiance dans le Qatar en avril après la défection d’une brigade proche de la petite monarchie, aux environs de la base militaire de Wadi Deif, assiégée par les insurgés. Les forces gouvernementales en ont profité pour mener une contre-attaque victorieuse, à l’issue de laquelle 68 insurgés ont été tués près de ce point stratégique de la route qui relie Alep à la capitale Damas. Le commandement militaire de l’Armée syrienne libre (ASL), principale force armée rebelle, a depuis multiplié les contacts avec le prince Salman ben Sultan, principal responsable saoudien des relations avec les insurgés, et son frère, le prince Bandar ben Sultan, qui dirige les services de renseignements de Riyad. « Les Saoudiens ont rencontré des commandants de l’ASL, parmi lesquels des officiers de son conseil militaire en Jordanie et en Turquie, et ont accepté de soutenir les rebelles », raconte le commandant rebelle du Nord.
Au niveau diplomatique, les pays occidentaux n’ont pas apprécié la désignation en mars de l’islamiste Ghassan Hitto, considéré comme le candidat du Qatar, comme Premier ministre de la CNS. Sous la pression des Occidentaux et de l’Arabie saoudite, Doha a finalement accepté jeudi que la CNS élargisse son assemblée dirigeante pour y faire entrer un groupe considéré comme libéral, mené par le chrétien Michel Kilo. « Le Qatar n’a finalement pas voulu se confronter à l’Arabie saoudite et a accepté l’élargissement », souligne une source proche des nouveaux entrants. Riyad et ses alliés occidentaux estiment désormais que le Qatar, qui a déjà contribué à la victoire des rebelles libyens contre Mouammar Kadhafi en 2011, a envenimé la situation syrienne sans assez se préoccuper de la manière de gérer la chute éventuelle de Bachar el-Assad. « Le Qatar a voulu se tailler une place, explique un rebelle syrien proche des responsables saoudiens. Mais il l’a fait sans réfléchir. Il n’a rien prévu pour ce qui va se passer ensuite. Il veut juste gagner. »
(Source : Reuters)
commentaires (2)
Tant mieux, car avec l'Arabie Heureuse ça va être vraiment autrement !
Antoine-Serge Karamaoun
14 h 33, le 03 juin 2013