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Liban - Éclairage

L’armée, une garantie contre l’explosion généralisée...

Avec la tension grandissante sur le terrain et la multiplication, ces derniers jours, des incidents sécuritaires, à Tripoli, à Saïda, à Ersal et dans la banlieue sud de la capitale, une question est sur toutes les lèvres : y a-t-il réellement un risque d’explosion généralisée ? Une source sécuritaire estime que ce risque n’existe pas vraiment pour plusieurs raisons, à la fois internationales et locales. Sur le plan international, il n’y a pas, à ce stade, de décision pour déstabiliser le Liban et les Américains semblent les plus soucieux de ne pas laisser le Liban basculer dans le chaos. D’autres pays, impliqués au Liban et en Syrie, ne sont pas aussi catégoriques, non pas qu’ils veuillent une déstabilisation du Liban, mais ils n’ont pas de problème à utiliser le Liban dans le conflit en cours en Syrie. Toutefois, en dépit de leur influence, ces pays n’ont pas les moyens de provoquer une guerre au Liban. Surtout que, d’une part, les composantes libanaises ne sont pas prêtes à se lancer dans la bataille, et d’autre part, l’armée libanaise se tient au milieu, essuyant les coups et empêchant les frictions.


La source sécuritaire précitée précise à ce sujet que les affrontements de Tripoli et de Saïda s’inscrivent dans le cadre d’un projet de déstabilisation, qui est en train d’être mis en échec. Certaines parties veulent ainsi réellement provoquer une discorde entre les sunnites et les chiites ou entre les sunnites et les alaouites, essentiellement dans le but d’affaiblir le Hezbollah qui est en train d’aider le régime syrien, et en même temps pour permettre à l’opposition syrienne d’avoir au Liban une base arrière, où ses éléments peuvent circuler en sécurité. Mais d’une part, ces parties ne sont pas les plus importantes sur la scène sunnite, et d’autre part, elles n’ont pas beaucoup de marge de manœuvre.


En réalité, explique la source sécuritaire, le Hezbollah ne veut pas se laisser entraîner dans un conflit interne, pour se consacrer à ce qu’il considère comme sa priorité actuellement, le combat en Syrie, et la protection « des arrières » de la résistance. C’est ainsi que là où la discorde aurait pu éclater, il fait tout pour éviter les frictions. À Saïda, par exemple, où les chiites et les sunnites sont proches les uns des autres et où cheikh Ahmad al-Assir ne rate pas une occasion pour tenter de provoquer une discorde, le Hezbollah tente par tous les moyens d’éteindre la mèche. Il a même été récemment jusqu’à accepter qu’un des membres des « Unités de la Défense » (la formation parallèle du Hezbollah ouverte à toutes les confessions), sunnite originaire de Saïda, soit inhumé dans un cimetière chiite à cause du refus de cheikh al-Assir et de ses hommes qu’il soit enterré dans le cimetière sunnite de Saïda. Pour l’occasion, cheikh al-Assir avait mobilisé une centaine d’hommes armés. En vain, car le Hezbollah avait donné des instructions strictes pour qu’il n’y ait pas de friction. De toute façon, précise la source sécuritaire, en dépit de ses moyens et de sa virulence, cheikh al-Assir a une capacité de nuisance limitée, tant que les Palestiniens du camp de Aïn el-Héloué continuent de refuser de l’appuyer. Ce n’est pourtant pas faute d’essayer. Cheikh al-Assir a utilisé tous ses contacts, notamment le frère de l’ex-chanteur Fadl Chaker qui est un des chefs de Jund el- Cham, pour recruter des hommes dans le camp palestinien, mais les différentes organisations présentes dans ce camp refusent jusqu’à maintenant de s’impliquer dans un conflit interlibanais.


À Beyrouth, les sunnites et les chiites partagent effectivement des quartiers communs, mais l’expérience du 7 mai 2008 est encore présente dans tous les esprits et les deux camps ne sont pas prêts à la rééditer. C’est pourquoi, les incidents qui se produisent de temps à autre sont vite circonscrits. Après l’attentat contre le général Wissam Hassan, il y a bien eu une tentative militaire avec les tirs de miliciens contre Horch Beyrouth et la banlieue sud, mais l’armée est aussitôt intervenue, avec d’autant plus de succès que la population en général est contre ce genre d’agissements.
À Tripoli, les salafistes et autres groupes extrémistes ont encore essayé de tenter une percée contre Jabal Mohsen en réaction à la participation du Hezbollah à la bataille de Qousseir en Syrie, mais ils savent bien qu’ils ne peuvent pas envahir cet îlot alaouite, bien préparé depuis les années 80 à repousser toutes les agressions. S’ils voulaient réellement se lancer dans une confrontation avec les chiites, ils auraient cherché à envahir les quelques villages chiites du Akkar, bien moins préparés que Jabal Mohsen. Mais ils savent bien qu’il y a des lignes rouges sur le terrain qu’ils ne peuvent pas franchir. Ils s’en prennent alors à l’armée, qui se dresse toujours entre les belligérants et tente d’imposer le calme. C’est ce qui a eu lieu à Tripoli, entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh, et à Ersal, où l’armée avait installé un nouveau barrage qui commande en quelque sorte la route menant vers le Hermel.


La source sécuritaire explique ainsi que tant que l’armée est présente sur le terrain, il n’y a pas de risque d’explosion généralisée. C’est elle qui reçoit en quelque sorte les coups et constitue une force-tampon entre les sunnites et les chiites. C’est d’ailleurs dans ce cadre que la source sécuritaire place les dernières agressions contre l’armée, à Tripoli et à Ersal. Il s’agirait donc de pousser l’armée à se retirer de la ville, et en particulier de la ligne de démarcation, pour laisser les protagonistes s’affronter. Même chose à Ersal et à Saïda. Ceux qui veulent la déstabilisation du Liban savent que celle-ci passe par la neutralisation de l’armée pour laisser la scène ouverte à tous les vents. Mais avec son commandement sage, l’armée est consciente de l’importance de sa mission et n’a pas l’intention d’y faillir, même si elle est en train de payer pour cela le prix fort. Aujourd’hui, c’est elle qui est en train de préserver la stabilité du Liban et la coexistence entre les différentes composantes de son tissu social. Malgré cela, elle est la cible des attaques de certaines figures politiques ou autres, mais ce qu’on lui reproche, c’est justement de faire son travail, envers et contre tous ceux qui ont d’autres projets.

 

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