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Moyen Orient et Monde - Syrie

Kerry et Lavrov préparent Genève 2 à Paris

Un « cauchemar » humanitaire et social se profile, avertit l’ONU.

Cette photo publiée hier par les médias iraniens, selon le site d’information NowLebanon, montre un centre des gardiens de la révolution, en Iran, qui recrute des volontaires pour aller se battre en Syrie.

Les ministres américain et russe des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, ont discuté hier soir à Paris de la préparation de la conférence internationale sur la Syrie, dont ils ont lancé l’idée et qu’ils espèrent pouvoir tenir à la mi-juin, probablement à Genève. Le tête-à-tête entre les deux hommes avait pour objet de parler de la date de la conférence, de la manière d’amener les belligérants à la table des négociations et du bien-fondé de la présence de l’Iran à un tel forum, dit-on côté américain. Les responsables américains ont par avance souligné qu’il ne fallait pas s’attendre à de grandes révélations de cette rencontre et laissé entendre que toute annonce serait faite ultérieurement aux Nations unies. MM. Kerry et Lavrov devaient ensuite dîner avec leur homologue français Laurent Fabius. Mais auparavant, M. Lavrov a déclaré que l’organisation d’une conférence sur la paix en Syrie ne serait pas une « mince affaire ». MM. Kerry et Lavrov ont également réaffirmé leur profond engagement aux principes de la conférence de Genève 1, prévoyant un gouvernement de transition mutuellement approuvé en Syrie, ainsi que leur opposition à l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit.


Pour l’heure donc, la communauté internationale privilégie une conférence de paix, dite Genève 2. Alors que le régime de Damas, soutenu par les Russes, a annoncé sa « décision de principe » d’y participer, l’opposition syrienne, réunie à Istanbul depuis jeudi dernier, apparaissait profondément divisée et ne s’est pas encore prononcée. Elle a cependant exhorté l’Union européenne à lever son embargo sur les armes.


Toutefois, réunis à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne n’ont toujours pas trouvé un consensus sur la fourniture d’armes aux rebelles syriens, un dossier sur lesquels les 27 sont profondément divisés depuis plusieurs mois. « Il n’y a pas d’accord », a indiqué le Français Laurent Fabius, en quittant la réunion pour retourner à Paris. Les Européens doivent se mettre d’accord avant vendredi minuit, date à laquelle expire l’ensemble des sanctions prises depuis deux ans par l’UE contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes. Le Royaume-Uni est le principal pays à réclamer la possibilité de livrer des armes aux rebelles syriens, une mesure destinée à « envoyer un message clair à Bachar el-Assad », le président syrien, selon le ministre britannique William Hague. Face au blocage, la Grande-Bretagne a suggéré qu’en l’absence de position commune, chaque État pourra appliquer sa propre politique dans ce domaine. À l’opposé, plusieurs pays, dont l’Autriche ou la République tchèque, défendent un maintien de l’embargo, mettant en avant le risque que les armes européennes tombent aux mains des jihadistes combattant le régime. D’autres pays, dont l’Espagne et l’Italie, plaident pour un compromis soumettant une levée de l’embargo à certaines conditions, liées au contrôle des armes et à un délai afin de ne pas compromettre la réunion de Genève 2. M. Fabius a indiqué que la France était prête à soutenir un tel compromis car « il est très important que l’Europe prenne une position unie dans cette affaire ».

McCain
Parallèlement, le sénateur américain républicain John McCain a traversé hier la frontière entre la Turquie et la Syrie pour rencontrer des chefs rebelles syriens, a indiqué le porte-parole de cet ancien candidat à la Maison-Blanche qui milite pour armer l’opposition syrienne. « Je peux confirmer ce voyage qui a eu lieu aujourd’hui », a répondu dans un courrier électronique le conseiller de M. McCain, Brian Rogers, confirmant une information du site Internet d’informations The Daily Beast. D’après ce média américain, le sénateur a franchi la frontière syrienne depuis la Turquie pour une incursion de quelques heures en Syrie et une rencontre avec le général Salem Idris, le chef d’état-major de l’Armée syrienne libre (ASL), et d’autres gradés de la rébellion armée. Au cours de ces entretiens, les chefs rebelles ont demandé aux États-Unis d’accroître leur soutien à l’opposition syrienne armée en leur fournissant des armes lourdes, en établissant une zone d’exclusion aérienne et en procédant à des frappes aériennes sur le régime syrien, selon The Daily Beast.


D’autre part, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU doit évoquer demain « la détérioration de la situation des droits de l’homme en Syrie et les récentes tueries à Qousseir », un débat demandé d’urgence par les États-Unis, la Turquie et le Qatar. À l’ouverture hier de la 23e session du Conseil, Navi Pillay, haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme, a averti : une « catastrophe humanitaire, politique et sociale frappe déjà et ce qui nous attend est véritablement un cauchemar ». « Je crains que la communauté internationale ne réussisse pas à remplir ses obligations fondamentales envers les victimes », a-t-elle ajouté. Mme Pillay a expliqué qu’elle avait encore l’espoir que la communauté internationale mène des « actions tangibles pour arrêter l’escalade des souffrances et des effusions de sang en Syrie », estimant qu’après plus de 26 mois de violences la situation était devenue « un affront intolérable à la conscience humaine ». La haut-commissaire a une fois de plus dénoncé les graves crimes commis par les forces loyales au régime syrien.

 

(Lire aussi : Trois millions de réfugiés après le début de la bataille de Damas ?)

 

Par ailleurs, les groupes armés rebelles ont aussi commis des « violences gratuites », et ont manifestement utilisé les civils comme boucliers humains, a dénoncé Navi Pillay. Des jeunes femmes et des mineures auraient été forcées à se marier à des combattants, a-t-elle aussi ajouté. Navi Pillay attend du Conseil de sécurité de l’ONU qu’il saisisse la Cour pénale internationale du dossier syrien et qu’il prévienne les parties au conflit « qu’il y aura des conséquences ». La Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie a élaboré trois listes confidentielles de suspects de crimes de guerre parmi lesquels figurent « des personnalités à des postes de commandement ».


De son côté, Téhéran, que les Russes voudraient voir participer à la conférence de Genève 2, ce à quoi s’oppose Paris, a annoncé qu’il accueillerait demain une « conférence internationale » visant à trouver une « solution politique » au conflit en Syrie. « Plus de 40 pays sont attendus, ainsi qu’un représentant de l’ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan », a précisé le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.

Combats acharnés
Sur le terrain, épaulée par les combattants du Hezbollah, dont au moins 79 hommes ont été tués en une semaine, selon l’OSDH, l’armée syrienne continuait de livrer hier des combats acharnés pour s’emparer de Qousseir. « Le nombre total de morts dans les rangs du Hezbollah depuis le début de son intervention il y a plusieurs mois dans les régions de Damas et de Homs s’élève à 141 », a affirmé l’Observatoire syrien des droits de l’homme. La veille, une source proche du Hezbollah avait fait état de 110 morts ces derniers mois, dont une très grande majorité à Qousseir. En outre, une journaliste de 26 ans, Yara Abbas, travaillant pour la chaîne syrienne de télévision d’information en continu al-Ikhbariya, a été tuée par un sniper près de l’aéroport de Dabaa, situé à 6 km au nord de Qousseir. Les insurgés défendent bec et ongles cette ville et ses environs, zone stratégique aussi bien pour les rebelles que pour le régime. D’autre part, au moins quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans l’explosion d’une voiture piégée dans un quartier de Homs.

 

 

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Les ministres américain et russe des Affaires étrangères, John Kerry et Sergueï Lavrov, ont discuté hier soir à Paris de la préparation de la conférence internationale sur la Syrie, dont ils ont lancé l’idée et qu’ils espèrent pouvoir tenir à la mi-juin, probablement à Genève. Le tête-à-tête entre les deux hommes avait pour objet de parler de la date de la...

commentaires (4)

L'UE en levant l'embargo sur les armes encourage plus la guerre civile syrienne . Triste Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

14 h 33, le 28 mai 2013

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Commentaires (4)

  • L'UE en levant l'embargo sur les armes encourage plus la guerre civile syrienne . Triste Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 33, le 28 mai 2013

  • C’était prévisible. Après tout, l’Union Européenne est une union théorique. L’Euro aussi est une monnaie approximative.

    Jack Hakim

    10 h 35, le 28 mai 2013

  • SANS DARTAGNAN ?

    SAKR LOUBNAN

    10 h 21, le 28 mai 2013

  • On décide de détruire des villes, de fomenter des guerres, des lancer des virus.... et puis, on corrige... c'est la devise du club Bilderberg... Détruire pour reconstruire et relancer les économies...

    Nayla Tahan Attié

    09 h 55, le 28 mai 2013

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