José Manuel Barroso avait estimé de manière inattendue que les politiques d’austérité avaient atteint leurs limites. Vincent Kessler/Reuters
Pierre Moscovici, ministre français de l’Économie et des Finances, s’est félicité fin avril du terrain gagné par « le climat antiaustérité » auprès de la communauté internationale, face aux critiques voilées de Berlin sur la réticence française à baisser les dépenses publiques. Peu de temps auparavant, José Manuel Barroso, partisan de longue date de la rigueur budgétaire, avait estimé de manière inattendue que les politiques d’austérité avaient atteint leurs limites, même s’il avait souligné que ces mesures étaient « fondamentalement justes ». « Pour réussir, une politique ne doit pas seulement être bien conçue. Elle doit bénéficier aussi d’un minimum de soutien politique et social », avait-il dit.
Dans plusieurs pays de la zone euro, en particulier ceux qui appliquent depuis plusieurs années d’importantes baisses des dépenses publiques comme l’Irlande, la Grèce, l’Espagne ou l’Italie, de nombreux journaux ont immédiatement consacré leurs titres à « la fin de l’austérité ». Ce sentiment a été alimenté par la révélation d’erreurs de calcul dans une étude de référence de 2010 en faveur de l’austérité, rédigée par les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff.
Annonces « trompeuses »
Dans l’ensemble, une partie de la presse européenne s’est un peu vite fait l’écho d’un retournement annoncé des économistes et des responsables européens contre l’austérité, alors que les propos de José Manuel Barroso ont rapidement été relativisés. Un responsable européen, en lien régulier avec des dirigeants nationaux, a expliqué à Reuters que le président de la Commission européenne avait « mal communiqué » et qu’il n’était pas possible de renoncer à l’austérité. « Il est trompeur d’annoncer la fin de l’austérité et un retour à une relance par les déficits budgétaires, a dit le responsable. On peut reporter de manière marginale les mesures d’ajustement budgétaire d’un an ou deux, mais ce n’est pas une vraie réponse. »
La réduction des déficits est toujours l’un des piliers du discours économique de la Commission européenne, même si elle les assortit de l’adjectif « structurel » qui laisse de la marge de manœuvre aux gouvernements en prenant en compte les cycles économiques.
La Banque centrale européenne (BCE) cherche quant à elle à faciliter l’accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) des pays les plus touchés par la crise de la dette, mais l’institution de Francfort rejette un assouplissement quantitatif sur le modèle de ses homologues américaine, britannique et japonaise. « Il ne s’agit pas d’abandonner les politiques d’austérité, note Carsten Brzeski, économiste chez ING. Il s’agit simplement d’adapter le rythme des ajustements et de se concentrer sur les réformes structurelles pour éviter de subir un cercle vicieux de l’austérité. »
(Source : Reuters)
Malgré la confiance affichée par Paris dans sa fronde contre l’austérité et les propos récents de José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, sur les « limites » de ces politiques, les pays de la zone euro ne sont pas sur le point de changer drastiquement de stratégie pour adopter des mesures de relance.Pierre Moscovici, ministre français de l’Économie et des...
commentaires (2)
LA COMMISSION " LOYOLA " !
SAKR LOUBNAN
20 h 49, le 29 mai 2013