Le Hezbollah libanais a perdu 75 de ses combattants depuis le début, il y a plusieurs mois, de son engagement en Syrie, notamment à Qousseir, a indiqué jeudi à l'AFP une source du mouvement chiite.
Dans les rangs du Hezbollah, "il y a eu 57 tués et 18 autres (combattants) qui sont morts de leurs blessures depuis le début de sa participation à la guerre en Syrie", a affirmé cette source.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), de son côté, avance que le Hezbollah a perdu 104 combattants en huit mois dans la guerre en Syrie. "Cent quatre membres du Hezbollah libanais ont été tués depuis l'automne dans des combats qui se sont déroulés dans les provinces de Damas et de Homs", a assuré le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Selon lui, "46 sont morts durant ces cinq derniers jours à Qousseir, 20 autres ce mois-ci dans la région autour de cette ville et 38 ont péri depuis l'automne dans la province de Homs et à Sayyeda Zeinab", près de Damas.
Contacté par l'AFP, le responsable du bureau de communication du Hezbollah, Ibrahim Moussaoui, a apporté un démenti sans pour autant fournir de chiffres : "Je déments ces chiffres. Lorsque nous déciderons de donner des informations, nous vous contacterons".
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Le Hezbollah s'est engagé il y a des mois dans la guerre sans merci que se livrent les forces du régime de Bachar el-Assad et les rebelles en Syrie. Il a déclaré d'abord vouloir défendre les 13 villages syriens frontaliers où vivent des Libanais chiites, puis le mausolée de Sayyeda Zeinab, près de Damas, lieu de pèlerinage très important pour cette communauté.
Les forces d'élite de ce mouvement ont ensuite, avec l'armée régulière syrienne, encerclé la localité de Qousseir, non loin de la frontière libanaise, avant de lancer dimanche l'offensive contre cette ville qui compte, selon l'OSDH 25.000 habitants.
Jeudi, l'armée du régime a progressé dans son offensive contre Qousseir, selon l'OSDH.
"Les forces du régime, épaulées par les combattants du Hezbollah, ont pu avancer dans de grandes parties du village de Hamidiyé après plusieurs assauts lancés ces deux derniers jours", a déclaré à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "Ces forces sont en train de resserrer l'étau autour de Arjoun, un village proche de Hamidiyé", au nord de la ville de Qousseir, a-t-il ajouté.
Une source militaire syrienne dans la région a indiqué à l'AFP que les forces gouvernementales avaient "pris le contrôle de Hamidiyé" et avançaient vers l'aéroport militaire de Dabaa, toujours aux mains des rebelles.
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Rejetant au début les accusations sur sa participation aux combats et enterrant discrètement ses morts, le Hezbollah ne cache plus ses "martyrs" depuis que son chef Hassan Nasrallah a rendu hommage, le 30 avril dernier, à ceux qui sont tombés durant les combats. "La Syrie compte dans la région de vrais amis qui ne permettront pas que ce pays tombe dans les mains des Etats-Unis, d'Israël ou des groupes takfiri", faisant allusion aux extrémistes sunnites, avait-il dit sur la chaîne du mouvement, Al-Manar.
"La guerre de Syrie n'est pas la guerre des Libanais"
Selon Waddah Charara, un expert de cette organisation, le Hezbollah compte 20.000 combattants dont 5.000 à 7.000 très aguerris. Entre 800 et 1.200 d'entre eux combattraient à Qousseir.
Mercredi, l'opposition syrienne a lancé un appel à l'ensemble de la rébellion pour venir défendre la ville de Qousseir.
Selon Salim Nashar, un membre de la Coalition nationale de l'opposition syrienne, la ville est victime d'un régime qui cherche à "changer la situation sur le terrain militairement pour avoir la haute main lors de négociations".
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Par ailleurs, la France a indiqué jeudi qu'elle espérait que la branche armée du Hezbollah soit inscrite sur la liste des groupes terroristes de l'Union européenne d'ici la fin du mois de juin, le parti chiite libanais ayant rompu selon elle un accord en intervenant dans le conflit syrien.
La France était jusqu'à présent réticente à l'idée de prendre des sanctions contre le Hezbollah de crainte de voir cette décision déstabiliser le Liban et mettre en danger les membres de la Finul, la force intérimaire de l'ONU au Liban. Mais l'aide croissante du parti chiite au président syrien Bachar el-Assad a incité Paris à revoir sa position.
En déplacement à Amman, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a de ce fait annoncé mercredi soir l'intention de la France de proposer d'inscrire la branche armée sur la liste des organisations terroristes de l'UE.
"Nous appelons toutes les parties libanaises à respecter les engagements souscrits dans la déclaration de Baabda du 15 juin 2012, qui visent à dissocier le Liban de la guerre en Syrie", a de son côté déclaré jeudi le porte-parole du Quai d'Orsay Philippe Lalliot lors d'un point presse. "En décidant d'intervenir massivement en Syrie, le Hezbollah rompt ce consensus. La guerre de Syrie n'est pas la guerre des Libanais. L'importer au Liban est dangereux pour sa stabilité, comme le montre la montée des tensions dans le pays", a-t-il ajouté.
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L'UE envisage d'inscrire la branche armée du mouvement chiite libanais sur sa liste d'organisations terroristes, ont indiqué mardi des diplomates européens. Le Royaume-Uni a présenté une requête en ce sens à ses partenaires européens et les discussions débuteront "début juin". Un tel classement nécessite l'unanimité des 27 pays membres de l'UE.
Pour mémoire
Mourir pour Qousseir, l'éditorial de Issa Goraieb
Deux batailles, un même K.-O., l'article d'Elie Fayad
De Qousseir à Beyrouth, un forcing pour encercler le Hezbollah, l'éclairage de Scarlett Haddad
commentaires (15)
Excellent.
Antoine-Serge KARAMAOUN
10 h 55, le 24 mai 2013