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Liban - Nakba

Hadi, 13 ans, palestinien : « Au Liban, je suis de passage »

Les réfugiés du Liban ont commémoré mercredi le 65e anniversaire de la nakba.

Hadi, 13 ans, vivant dans le camp de Bourj el-Barajneh, souhaite plus que tout « revenir » sur cette terre qu’il n’a pourtant jamais connue.

« Je ne comprends pas, vous allez en Palestine ? » demande un jeune Libanais un peu naïf. En cette fin de journée, sous le pont de Cola à Beyrouth, c’est pourtant bien de l’impossibilité d’un retour dont il s’agit. Face à la gare routière, une cinquantaine de réfugiés palestiniens vivant au Liban se sont rassemblés à l’initiative de l’organisation Ajial, qui s’occupe de la jeunesse dans les camps, pour commémorer la nakba, l’exode des Palestiniens consécutif à la création d’Israël il y a 65 ans.


« L’iintifada continue », proclame l’un des nombreux panneaux accrochés entre les bosquets par l’association. Les organisateurs souhaitent que la manifestation soit visible de loin, et érigent sur le pont un immense drapeau palestinien. Au sol, des enfants dessinent à l’aide de petits cailloux et de bougies la carte de la Palestine. Autour de l’œuvre éphémère, les manifestants se taisent, et se souviennent de la grande « catastrophe » de 1948, qui a poussé l’exode plus de 750 000 d’entre eux.


Pour Rabih Salah, l’un des organisateurs de la manifestation, « les Palestiniens ne sont ni dépressifs ni désespérés ». Autour de lui, les plus jeunes jouent avec les drapeaux, dansent et chantent au rythme d’une musique poussée au maximum. « Le sentiment dominant aujourd’hui est celui de la résistance et de la libération », insiste Zaynah Hindi, 27 ans et dont la famille est originaire de Gaza. Selon elle, les réfugiés palestiniens au Liban sont « toujours dans l’esprit combatif de la nakba de 2011 », quand des milliers d’entre eux avaient marché vers la frontière israélienne, en signe de retour.


Les commémorations de 2013, marquées par les affrontements en Syrie, laissent cependant un goût amer chez les manifestants. Selon les chiffres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), plus de 55 000 Palestiniens ont d’ores et déjà quitté la Syrie en direction du Liban pour échapper aux massacres. « Cela nous rappelle que la “catastrophe” n’est jamais terminée », souffle Rabih Salah. « Nous devons toujours fuir, nakba après nakba. »
Hadi, 13 ans, le corps enveloppé dans un drapeau palestinien, rêve aussi de Palestine. Le jeune garçon, venu spécialement du camp de Bourj el-Barajneh pour les commémorations, souhaite plus que tout « revenir » sur cette terre qu’il n’a pourtant jamais connue. « Au Liban, je suis de passage raconte-t-il. Ici, la vie est dure. On se bat chaque jour pour pouvoir boire et manger. Dans les camps, on étouffe, il n’y a même pas assez de place pour jouer. » « Si les Libanais sont souvent solidaires, la politique du régime est raciste », renchérit Rabih Salah.


Comme lui, cinq millions de réfugiés, répartis entre la Jordanie, la Syrie, le Liban et les territoires palestiniens, espèrent encore un hypothétique retour. À Cola, le soleil est tombé, les couleurs des drapeaux s’assombrissent peu à peu dans la nuit. De l’autre côté du pont, les derniers bus quittent la gare routière. Mais aucun pour la Palestine.

 

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