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À La Une - Révolte

L’opposition syrienne fait capoter l’accord russo-américain

Ankara accuse Damas « d’épuration ethnique »; le chef du front jihadiste al-Nosra blessé.

Des enfants jouent près d’un point de distribution d’eau à Alep. Photo AFP

L’opposition syrienne a exigé hier un départ du régime de Bachar el-Assad comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant ainsi indirectement l’appel américano-russe au dialogue entre les deux belligérants pour faire cesser l’effusion de sang. « La coalition nationale syrienne salue les efforts internationaux appelant à une solution politique qui réaliserait les aspirations du peuple syrien pour un État démocratique, mais celle-ci ne peut commencer qu’avec le départ de Bachar el-Assad et de son régime », affirme un communiqué de l’opposition.

 

Cette annonce porte un coup à l’entente entre États-Unis et Russie, deux pays opposés sur le dossier syrien mais qui se sont basés sur l’accord de Genève conclu en juin 2012 par les grandes puissances et prévoyant une transition politique sans se prononcer sur le sort de M. Assad.


À l’occasion de la première visite à Moscou de John Kerry en tant que secrétaire d’État américain, les deux pays ont annoncé avoir convenu d’inciter régime et rebelles à trouver une « solution politique » et d’encourager la tenue « au plus vite » d’une conférence internationale. Pour M. Kerry, la « tâche spécifique » de la conférence internationale « consistera à réunir les membres du gouvernement et de l’opposition, afin d’examiner comment ils peuvent appliquer ce que préconise le communiqué » de Genève.

 

(Lire aussi : Raid israélien en Syrie : l’État hébreu cherche à consolider sa position, l'éclairage de Philippe Abi-Akl)

 

Ce communiqué, qui prévoit un arrêt des combats et la formation d’un cabinet de transition aux pleins pouvoirs avant de futures élections démocratiques, n’a jamais été suivi d’effet. « Il m’est impossible en tant qu’individu de comprendre comment la Syrie peut encore être gouvernée à l’avenir par un homme qui a commis de telles choses. Mais je ne vais pas décider de cela ce soir et ce n’est pas à moi d’en décider en fin de compte », a déclaré M. Kerry, alors que son pays réclamait jusqu’à présent avec insistance un départ de M. Assad. Son homologue russe Sergueï Lavrov, dont le pays est un allié du régime syrien, a réaffirmé que le départ de M. Assad ne devait pas être une condition préalable à un dialogue, tout en insistant sur le fait que Moscou n’encourageait pas le président syrien à rester au pouvoir.


Le régime syrien, qui affirme pour sa part que le sort du chef de l’État sera décidé lors de l’élection présidentielle de 2014, n’a pas encore réagi à l’accord annoncé mardi à Moscou, salué par le médiateur international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, et l’Union européenne. Cet accord russo-américain est « un premier pas en avant très important. Ce n’est néanmoins qu’un premier pas », a estimé M. Brahimi dans un communiqué alors que l’un de ses collaborateurs avait indiqué qu’il songeait à démissionner face à l’enlisement du conflit. Le médiateur a émis l’espoir que l’accord reçoive le soutien des autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et de « l’ensemble de la région ». « L’UE est très satisfaite de l’appel de la Russie et des États-Unis pour une conférence pour la paix en Syrie. L’UE a répété à maintes reprises que la solution du conflit réside dans un règlement politique global », a indiqué Michael Mann, porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton.

Le chef d’al-Nosra blessé
Sur le terrain, les rebelles ont abattu un avion de chasse de l’armée dans la province d’Alep, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). De violents combats se sont par ailleurs produits près de l’aéroport international d’Alep et celui de Nairab, a ajouté l’OSDH.

Par ailleurs, le chef du front jihadiste al-Nosra, en première ligne dans le combat contre le régime syrien, a été blessé dans un bombardement mené par l’armée dans la province de Damas, a annoncé l’OSDH. Abou Mohammad al-Joulani a été blessé avec d’autres membres de son groupe dans le bombardement qui les a visés dans un secteur sud de la province, a ajouté cette organisation en précisant tenir ces informations de militants dans la zone.

 

(Repère : Les courants islamistes jihadistes présents sur le terrain syrien)

 

De son côté, l’ONU tentait d’obtenir la libération de quatre observateurs philippins de la FNUOD (Force de l’observation du désengagement sur le Golan). Ces observateurs ont été capturés mardi par un groupe rebelle alors qu’ils patrouillaient dans la zone tampon entre Israël et la Syrie sur le plateau du Golan. Sur leur page Facebook, les rebelles de la « brigade des martyrs de Yarmouk » affirment avoir pris ces hommes « pour (les) protéger » des violences dans la région. Les observateurs de l’ONU déployés sur le plateau du Golan syrien occupé par Israël continueront à veiller au cessez-le-feu, mais certains ont été déplacés en raison des risques liés au conflit syrien, ont en outre fait savoir les Nations unies.


À l’étranger, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a accusé M. Assad d’être passé au « plan B » dans sa lutte contre les rebelles, à savoir « l’épuration ethnique » de certaines régions de Syrie, en évoquant le secteur de Banias (Nord-Ouest) où des dizaines de sunnites ont récemment été tués, selon une ONG, par l’armée et ses supplétifs alaouites. Parallèlement, la Grande-Bretagne mène une nouvelle offensive diplomatique pour que l’Union européenne livre des armes aux rebelles syriens, estimant qu’une telle mesure renforcerait les éléments modérés de l’insurrection. Les Européens sont divisés sur une éventuelle levée de l’embargo sur les armes pour les insurgés, question qui sera discutée par les ministres des Affaires étrangères de l’Union le 27 mai.


Enfin, sur le plan humanitaire, les États-Unis vont débloquer 100 millions de dollars d’aide supplémentaire en faveur des réfugiés syriens, dont le total se montera ainsi à 510 millions de dollars, a indiqué le département d’État américain.

L’opposition syrienne a exigé hier un départ du régime de Bachar el-Assad comme préalable à toute solution au conflit en Syrie, rejetant ainsi indirectement l’appel américano-russe au dialogue entre les deux belligérants pour faire cesser l’effusion de sang. « La coalition nationale syrienne salue les efforts internationaux appelant à une solution politique qui réaliserait les...

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