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À La Une - Irak

Un sit-in anti-Maliki dégénère à Kirkouk : plus de 40 morts

Un ministre sunnite démissionne pour protester contre la répression menée par les autorités.

Les forces anti-émeutes ont pris d'assaut mardi 23 avril 2013 une place de la localité de Houweijah, dans la province de Kirkouk. Ako Rasheed/Reuters

Des affrontements entre l’armée et des manifestants sunnites hostiles au Premier ministre Nouri al-Maliki ont fait près de 40 tués mardi, dans le nord de l’Irak.

 

Les forces anti-émeutes ont pris d'assaut à l'aube une place de la localité de Houweijah, dans la province de Kirkouk, après l'expiration d'un ultimatum adressé aux manifestants pour qu'ils livrent les assassins d'un soldat tué la semaine dernière, selon le ministère de l'Intérieur. Vingt-cinq manifestants et deux militaires ont été tués dans cet assaut et 70 personnes blessées, selon l'armée.

 

"Nos forces n'ont pas ouvert le feu en premier. Elles ne l'ont fait que lorsque les manifestants ont tiré et nous avons riposté pour nous défendre", a affirmé à l'AFP un officier ayant rang de général, qui a requis l'anonymat.

 

Un porte-parole des manifestants, Abdel Malek Al-Joubouri, a cependant affirmé à l'AFP que les forces anti-émeutes avaient "ouvert le feu de façon indiscriminée" sur les manifestants. Selon lui, elles ont en outre "mis le feu aux tentes" dans lesquelles des centaines de manifestants campaient depuis plusieurs semaines pour réclamer la démission de M. Maliki, à l'instar des sit-in organisés dans d'autres villes sunnites.

 

Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, les autorités avaient "demandé aux manifestants pacifiques non armés d'évacuer la place" avant l'assaut.

D'après l'officier, l'opération visait "l'armée des Naqchbandis", un groupe rebelle islamiste violemment opposé au gouvernement et qui est particulièrement actif à Kirkouk et sa région. Il compte dans ses rangs d'anciens officiers de l'armée de Saddam Hussein et serait lié au numéro deux du régime en fuite, Izzat al-Douri.

 

Après l'assaut qui s'est produit à l'aube, les forces armées ont imposé un couvre-feu dans la région et la place a été évacuée. Mais l'armée a par la suite tué 13 hommes qui ont tenté d'attaquer ses positions dans la province de Kirkouk, en représailles à l'incident de Houweijah, selon des officiers.

"Lorsqu'ils ont appris que des morts et des blessés étaient tombés sur la place du sit-in, les membres des tribus des villages de la région ont attaqué les postes de contrôle de l'armée" en représailles, a affirmé le porte-parole des manifestants.

 

Peu après, le ministre sunnite irakien de l'Éducation, Mohammed Ali Tamim, a démissionné pour protester contre la répression menée par les autorités, a indiqué un responsable au sein du cabinet du vice-Premier ministre. "Cette démission est définitive et qu'il n'y aura pas de retour en arrière", a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.

M. Tamim, originaire de Houweijah, est le troisième ministre sunnite à démissionner depuis mars et le deuxième à jeter l'éponge après des affrontements meurtriers à l'issue de manifestations.

 

Le chef du conseil de la province de Kirkouk, Hassan Trouhan, a quant à lui appelé "l'ONU à intervenir car la situation est extrêmement grave et Kirkouk ne peut pas supporter de nouvelles crises". Située à 240 km au nord de Bagdad, la province de Kirkouk est une mosaïque ethnique et confessionnelle où cohabitent Kurdes, Arabes et Turkmènes, sunnites et chiites.

 

Des manifestations anti-gouvernementales se succèdent depuis fin décembre dans des provinces majoritairement sunnites du nord du pays. Les protestataires réclament la démission de Nouri al-Maliki et la fin de la "marginalisation" dont ils estiment être victimes en raison de leur appartenance religieuse.

 

Dans ce contexte tendu, quatre fidèles ont été tués mardi dans l'explosion de deux bombes visant une mosquée sunnite à Bagdad, selon des sources de sécurité. Treize personnes ont aussi été blessées dans ce double attentat qui s'est produit à l'aube alors que les fidèles sortaient de la mosquée Al Arqam.

 

La minorité sunnite représente environ 24% de la population irakienne.

 

 

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