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À La Une - Révolte

Paris fait machine arrière sur la livraison d’armes aux rebelles syriens

L'armée resserre son étau autour des rebelles dans la région de Homs

Un jeune déplacé syrien attend que de la nourriture soit distribuée, dans le camp de Maiber al-Salam, non loin de la frontière turque, le 17 avril 2013. AFP / DIMITAR DILKOFF

Il n'y a pas de "bonne solution" pour mettre fin à la guerre civile en Syrie et une éventuelle livraison d'armes à l'opposition présente autant d'avantages que d'inconvénients, a déclaré jeudi le ministre français des Affaires étrangères.

 

Laurent Fabius a ainsi confirmé à Strasbourg le revirement du gouvernement français qui, par la voix de François Hollande, avait demandé à ses partenaires européens, le 14 mars dernier, la levée de l'embargo pour aider les rebelles syriens à chasser Bachar el-Assad du pouvoir à Damas.

 

François Hollande avait, à l’époque, déclaré que la France pourrait s'opposer à la reconduction de l'embargo européen et qu'elle prendrait ses "responsabilités", assurant qu'il y était possible de garantir qu'elles tomberont entre de bonnes mains. Le président de la République avait toutefois fait marche arrière deux semaines plus tard dans une intervention télévisée en estimant qu'il convenait de s'assurer d'abord que les armes ne risquaient pas de tomber entre les mains des mouvements extrémistes au sein de la résistance.

 

(Pour mémoire : Hollande veut une décision sur les armes "dans les prochaines semaines")

 

"Sur la Syrie, je ne peux pas dissimuler ma grande inquiétude parce qu'il n'y a pas de bonne solution", a dit Laurent Fabius lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères du Parlement européen.

La décision de reconduire ou de lever l'embargo, qui doit être prise à la fin du mois de mai par les gouvernements européens, dépendra de la réponse "précise" à certaines questions, a-t-il souligné : "Est-ce qu'il peut y avoir des zones qui soient vraiment sécurisées, est-ce que, oui ou non, on peut dire, en attribuant les armes à tel ou tel, qu'elles ne seront pas détournées ?"

 

Ce revirement de la position française intervient alors que les rebelles du Front al-Nosra, l'un des groupes armés les plus efficaces et les mieux organisés de l'insurrection syrienne, ont formellement fait allégeance la semaine dernière à Ayman al Zaouahri, qui a succédé à Oussama ben Laden à la tête d’el-Qaëda.

 

(Pour mémoire : El-Qaëda ou pas? Al-Nosra fait sa crise d'identité)

 

Les Etats-Unis considèrent le Front al-Nosra comme une organisation terroriste et, au-delà, la présence d'islamistes armés dans le conflit syrien constitue un dilemme pour les puissances occidentales, qui sont favorables au renversement d'Assad mais s'alarment dans le même temps de l'influence croissante des jihadistes en Syrie.

 

Le sujet sera à l'ordre du jour de la réunion des Amis de la Syrie, la coalition internationale des pays qui soutiennent l'opposition syrienne, qui aura lieu samedi à Istanbul, a indiqué Laurent Fabius. "C'est un choix entre de solutions qui présentent, chacune, de très, très, très lourds inconvénients", a-t-il affirmé.

 

Le ministre français a estimé que si la livraison d'armes à l'opposition syrienne ouvrait le risque qu'elles tombent entre les mains de mouvements extrémistes, le statu quo conduirait probablement à une explosion de la Syrie dans laquelle "il est à craindre que ce soit les éléments les plus extrémistes qui l'emportent".

 

Mercredi, le président syrien Bachar el-Assad a déclaré qu’"el-Qaëda domine (la rébellion) en Syrie". "L'Occident a déjà payé très cher le fait d'avoir financé à ses débuts el-Qaëda en Afghanistan. Aujourd'hui il fait la même chose en Syrie, en Libye et dans d'autres endroits et il paiera cher au coeur de l'Europe et des Etats-Unis", a prévenu le président dans une interview d'une heure à la chaîne officielle Al-Ikhbariya, où il est apparu tranquille.

 

(Pour mémoire : Assad propose une "solution politique" à la crise en Syrie)

 

"L'Occident ne sait pas que ce terrorisme se retournera contre lui", a-t-il précisé. Ils "combattent el-Qaëda au Mali et le soutiennent en Syrie. C'est la politique de deux poids deux mesures", a-t-il ajouté en référence à l'intervention française dans le pays africain.

Se montrant intransigeant, il a affirmé ne pas avoir "d'autres options que la victoire" face aux rebelles et que la fin de son régime signifiait la fin de la Syrie".

 

 

Isoler davantage la zone de Homs

Sur le terrain, l'armée syrienne resserrait jeudi son étau autour des rebelles dans la région stratégique de Homs (centre), en s'emparant d'un village de manière à les isoler davantage dans cette zone, rapporte une ONG syrienne.

L'armée a pris le contrôle du village d'Abel, situé sur le chemin reliant la ville de Homs à celle de Qousseir, fief des rebelles près de la frontière avec le Liban, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le bourg se situe également à 4 km proche de l'autoroute Damas-Homs-Alep.

"Cela va entraver le mouvement des rebelles entre Qousseir et la ville de Homs", explique Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

 

Les rebelles ont pris, de leur côté, le contrôle d'un aéroport militaire désaffecté de Dabaa proche de Qousseir, s'emparant des munitions laissées par l'armée, qui s'en est retirée après de violents combats. "Cet aéroport était supposé permettre aux insurgés d'alléger la pression sur eux dans la zone mais avec la prise d'Abel par l'armée, c'est devenu plus compliqué", explique M. Abdel Rahmane.

Les troupes régulières concentrent depuis plusieurs jours leurs offensives sur Qousseir et les villages environnants pour tenter d'y étouffer la rébellion. Selon l'OSDH, l'armée s'appuie dans les combats sur des combattants loyaux au mouvement chiite libanais Hezbollah, allié du régime et sur des supplétifs de l'armée.

 

(Lire aussi : Geagea : En s’impliquant dans les combats en Syrie, le Hezbollah a mis fin à son rôle de résistance)

 

La région de Homs est stratégique car elle se trouve au centre du pays et relie Damas au littoral.

Les violences en Syrie ont fait 139 morts mercredi --60 rebelles, 43 civils (dont six enfants), 36 soldats.

 

 

Pour mémoire

Frontières : Mansour défend l’armée syrienne et accuse la Ligue arabe...

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commentaires (2)

Une erreur de courte durée ça peut passer, sinon on passe pour un crétin quand ça perdure, hollande et délégué fabius viennent de réaliser qu' il ne peut pas être possible qu'un français qui va combattre au sahel est un français "égaré", et ce même genre de français qui combat en Syrie est un combattant de la "liberté" !!!! ??? bon maintenant que ces 2 délégués font marche arrière toute, que comptent ils faire ?? réarmer le régime syrien légitime ? peut être et pourquoi pas ?? une faute ça se répare sinon on évite de trop parler pour noyer le poisson.

Jaber Kamel

13 h 51, le 19 avril 2013

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Commentaires (2)

  • Une erreur de courte durée ça peut passer, sinon on passe pour un crétin quand ça perdure, hollande et délégué fabius viennent de réaliser qu' il ne peut pas être possible qu'un français qui va combattre au sahel est un français "égaré", et ce même genre de français qui combat en Syrie est un combattant de la "liberté" !!!! ??? bon maintenant que ces 2 délégués font marche arrière toute, que comptent ils faire ?? réarmer le régime syrien légitime ? peut être et pourquoi pas ?? une faute ça se répare sinon on évite de trop parler pour noyer le poisson.

    Jaber Kamel

    13 h 51, le 19 avril 2013

  • Dea apprentis sorciers, et comme toujours ce sont les pauvres gens qui écopent...

    Henoud Wassim

    07 h 49, le 19 avril 2013

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