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Entre révolution et changement, le Venezuela choisit un successeur à Chavez - Reportage

Un Venezuela coupé en deux...

Même si un pauvre n’est pas synonyme de « chaviste »
et un riche d’« antichaviste », le duel présidentiel reflète la polarisation politique.

Depuis 14 ans, la part des 29 millions d’habitants vivant dans la pauvreté est passée de 50 à 29 %, selon les chiffres de la commission économique de l’ONU.   Raul Arboleda/AFP

Dans un club sélect de Caracas, Alexis dit espérer en finir avec le « cauchemar Hugo Chavez ». Non loin, dans un quartier populaire, Lourdes promet de suivre l’ordre du défunt « Comandante » et « ne pas laisser la bourgeoisie revenir au pouvoir ». Un Venezuela coupé en deux a voté hier à la présidentielle.
Même si un pauvre n’est pas synonyme de « chaviste « et un riche d’« antichaviste », le duel entre Nicolas Maduro, dauphin du défunt dirigeant charismatique, et le chef de l’opposition Henrique Capriles reflète la polarisation politique avant le scrutin provoqué par la mort du champion de la gauche latino-américaine, décédé le 5 mars dernier après 14 ans de règne.
Assis devant la piscine du Altamira Tennis Club, Alexis Chacon, 74 ans, patron d’une entreprise de peintures, livre sa vision du pays : « Je vois le Venezuela, avec tout ce pétrole, et ce qui se passe aujourd’hui m’attriste. Le peuple est inculte, ignorant. » « Le plus grand mal qu’a fait Chavez, c’est cette séparation totale du pays. Ils ne comprennent pas le travail. Si nous sommes bourgeois pour avoir travaillé, alors je suis bourgeois », renchérit son ami Gary Rottemberg, 69 ans, agent de biens immobiliers à l’étranger. Autre membre du club, Guadalupe Garcia, qui a hérité de son époux décédé une entreprise d’ingénierie et dont les fils vivent à New York et Los Angeles, évoque l’insécurité de Caracas, l’une des villes les plus violentes d’Amérique latine. « Rien qu’aller en centre-ville me fait peur », confie-t-elle, avant de poursuivre : « Nous vivons dans une bulle : de la maison au club et du club au bureau. »
Les trois membres du club sont ce que le gouvernement qualifie de « bourgeois » et de « moins que rien » lors d’une campagne où M. Maduro, ancien dirigeant syndical devenu ministre, se présente comme l’« ouvrier du peuple » et accuse son adversaire d’être un « gosse de riche ».
À moins de 10 km du club Atamira se dressent les collines du quartier de Petare, où s’entassent des masures précaires. Dans son épicerie, Lourdes Perez affiche fièrement son petit mannequin à l’effigie du « Comandante » Chavez. « Il nous a enlevé le bandeau des yeux. Ces minables veulent piétiner les pauvres, les Noirs. Nous allons voter pour Maduro car la révolution doit continuer », affirme cette métisse de 75 ans, qui se targue d’avoir onze enfants « tous chavistes ».
Pour Victorino Mattheus, un chauffeur de bus de 68 ans, « c’est le chemin, il n’y en a pas d’autre ». « Maduro est celui que nous a légué Chavez et nous devons continuer avec lui », assure-t-il en colportant dans son véhicule du matériel de propagande.
Les partisans du pouvoir insistent tous sur les programmes sociaux financés par la manne pétrolière. Depuis 14 ans, la part des 29 millions d’habitants vivant dans la pauvreté est passée de 50 à 29 %, selon les chiffres de la commission économique de l’ONU. « Si Caprichito (petit caprice, surnom de Capriles) l’emporte, les pauvres sont foutus. Le capitalisme reviendra et les bourgeois travailleront seulement pour eux. Le Venezuela a toujours été divisé entre riches et pauvres », déplore Miraim Barreto, une femme de 46 ans. Selon elle, « nous sommes aujourd’hui plus unis car nous sommes plus de chavistes ».
Dans l’espoir de mettre fin aux haines entre les Vénézuéliens, plus d’une centaine de personnalités ont signé vendredi un document demandant au prochain président de lancer un processus de réconciliation afin qu’il y ait « de la place pour tout le monde dans ce pays ».
(Source : AFP)
Dans un club sélect de Caracas, Alexis dit espérer en finir avec le « cauchemar Hugo Chavez ». Non loin, dans un quartier populaire, Lourdes promet de suivre l’ordre du défunt « Comandante » et « ne pas laisser la bourgeoisie revenir au pouvoir ». Un Venezuela coupé en deux a voté hier à la présidentielle.Même si un pauvre n’est pas synonyme de « chaviste...