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Entre révolution et changement, le Venezuela choisit un successeur à Chavez - Trois questions à

« Pour les plus pauvres, voter Maduro, c’est voter Chavez »

Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et spécialiste du Venezuela.
Comment le dauphin désigné d’Hugo Chavez, Nicolas Maduro, est-il perçu par la population ?
Comme celui qui s’inscrit dans la continuité de ce qui a été fait par Hugo Chavez. Il a été choisi par Hugo Chavez. Il a participé à toutes les décisions prises comme membre du gouvernement. Pour les plus pauvres, voter Maduro, c’est voter Chavez, c’est voter pour la perpétuation des programmes sociaux mis en place à partir de 2003. Pour les opposants, c’est une copie de Chavez, sans saveur ni originalité, mais en fin de compte un duplicata à rejeter de la même manière.

N’ayant pas le même charisme que Chavez, Maduro sera-t-il plus radical pour s’affirmer face à l’opposition ?
L’avenir le dira, s’il est élu. Pour l’instant, le constat que l’on peut faire, c’est celui de l’application de Nicolas Maduro à se placer dans le sillage du chef défunt. Le jour choisi pour la consultation électorale présidentielle est celui du retour d’Hugo Chavez au pouvoir le 14 avril 2002 après le coup d’État tenté par l’opposition qui l’avait fait enfermer. La campagne de Nicolas Maduro a été conforme au modèle légué par Hugo Chavez, bolivarienne et tribunicienne. Sa personnalité en effet est très différente. Il a, et aura, s’il est élu, à trouver son style, son mode d’expression, nécessairement différents de ceux d’Hugo Chavez, même si la partition reste identique.

Économie, sécurité, relations avec les États-Unis... Quels seront les défis du futur président vénézuélien ?
Les défis ici encore restent les mêmes. Le Venezuela est un pays victime de sa richesse pétrolière. Elle lui a apporté ce que l’on appelle la malédiction hollandaise. Le tissu productif, agricole comme industriel, a été détruit par l’afflux de pétrodollars. C’était vrai avant l’arrivée d’Hugo Chavez au pouvoir, c’est toujours vrai aujourd’hui. Le Venezuela importe la quasi-totalité de ce qu’il consomme. Le nouveau président, quel qu’il soit, va se trouver face à ce défi structurel non résolu. Le reste, la relation avec les États-Unis, est secondaire. Quel qu’il soit, le vainqueur ne touchera pas aux échanges pétroliers Venezuela-États-Unis. Une nuance malgré tout. Si l’opposition gagne, le Venezuela ne tiendra plus de discours polémiques à l’égard de Washington, comme le faisait Hugo Chavez et comme le fait Nicolas Maduro. Enrique Capriles, candidat de l’opposition, se définit en effet comme un ami et allié des pays occidentaux.
Comment le dauphin désigné d’Hugo Chavez, Nicolas Maduro, est-il perçu par la population ? Comme celui qui s’inscrit dans la continuité de ce qui a été fait par Hugo Chavez. Il a été choisi par Hugo Chavez. Il a participé à toutes les décisions prises comme membre du gouvernement. Pour les plus pauvres, voter Maduro, c’est voter Chavez, c’est voter pour la perpétuation des...