Le 8 Mars chez Berry : unifier les positions avant les consultations

À la veille des consultations parlementaires obligatoires en vue de la désignation d’un Premier ministre, le 8 Mars et le CPL souhaitent régler leurs différends et se présenter en rangs unis et serrés. C’est dans ce contexte qu’il faut placer la réunion d’hier à Aïn el-Tiné qui a regroupé, autour du président de la Chambre Nabih Berry, le chef des Marada Sleimane Frangié, le ministre de l’Énergie Gebran Bassil, le député du Tachnag ainsi que le secrétaire général de ce parti, MM.Hagop Pakradounian et Hovig Mékhitarian, le représentant de Hassan Nasrallah, Hussein Khalil, et le ministre de la Santé Ali Hassan Khalil.

Ces mêmes personnes (moins le ministre Khalil) s’étaient réunies la veille à Rabieh au domicile du général Michel Aoun pour tenter de mettre au point un plan commun pour la prochaine étape, notamment les consultations parlementaires et les projets de loi électorale, et il a été décidé d’envoyer une délégation à Aïn el-Tiné pour dissiper les nuages entre le chef du bloc du Changement et de la Réforme et le président de la Chambre. Ces nuages portent essentiellement sur la convocation d’une séance plénière du Parlement. Le général Michel Aoun estime qu’elle devrait avoir lieu au plus tôt pour soumettre le projet orthodoxe au vote et Nabih Berry estime qu’il ne faut pas se précipiter car le camp adverse pourrait profiter de l’occasion pour soumettre des amendements au projet orthodoxe qui le ferait définitivement disparaître. Michel Aoun voudrait soit aboutir à l’adoption de ce projet, soit mettre au pied du mur les partis chrétiens du 14 Mars et au cas où ils votent contre ce projet, ils auraient montré, selon lui, qu’en réalité ils ne veulent pas redonner leurs droits aux chrétiens.

Nabih Berry n’est pas d’accord avec cette démarche, d’abord parce qu’il est encore à la recherche d’un compromis et ensuite parce qu’il craint de griller cette carte sans obtenir des compensations suffisantes. En dépit de ces divergences, le Hezbollah et Frangié soulignent que la priorité est aujourd’hui de resserrer les rangs et d’afficher un front uni lors des consultations parlementaires. Ils ont donc suggéré au général Aoun de commencer par appeler M. Berry avant d’organiser la réunion d’hier.

En parallèle, un scénario a été mis au point pour geler le projet orthodoxe, tout en rejetant la loi de 1960, pour donner une chance à l’adoption d’un projet de loi consensuel. La décision a été annoncée à l’issue de la réunion des pôles chrétiens à Bkerké et le patriarche Raï a envoyé à Aïn el-Tiné l’abbé Antoine Khalifé pour informer le président Berry de cette décision, juste avant le début de la réunion entre Berry, Frangié, Bassil, Pakradounian, Mékhitarian, Hussein Khalil et Ali Hassan Khalil. Au cours de cette réunion, il a été surtout question des consultations parlementaires et des noms des candidats potentiels à la présidence du Conseil. Selon des sources proches de Aïn el-Tiné, il ne serait pas question d’accepter une personnalité membre du courant du Futur, mais de chercher un nom qui pourrait être accepté par l’autre camp. En même temps, les personnalités réunies ont convenu de ne pas divulguer de nom avant vendredi, mais il semblerait que Nagib Mikati et Adnane Kassar seraient les grands favoris.

C’est en tout cas le chef des Marada Sleimane Frangié qui a pris la parole à la fin de la réunion pour affirmer que les personnalités réunies nommeront un même candidat lors des consultations à Baabda. Il a toutefois précisé qu’il n’y a pas encore de choix définitif, car il faut consulter les blocs alliés et examiner les noms proposés par l’autre camp. Frangié a encore ajouté que le 8 Mars ne compte pas nommer un candidat membre du courant du Futur. Soit il choisit un des siens, à condition de lui assurer la majorité des voix, soit il privilégiera une personnalité acceptable pour l’autre camp.