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Liban

Les évêques maronites tirent la sonnette d’alarme et réclament la neutralité du Liban

Les évêques maronites ont lancé hier un appel solennel mettant en garde contre l’ensemble des dangers qui guettent le pays, et prônant la neutralité du Liban.


À l’issue de leur réunion mensuelle, les évêques ont d’abord dénoncé « le recul dangereux de l’attachement à l’État, qui menace presque désormais l’entité libanaise ». « Preuve en est : l’effritement du sentiment d’amour porté à la patrie chez beaucoup, qui est accompagné d’une éclipse du sens de la responsabilité nationale et politique chez de nombreux responsables de la chose publique. Le Liban est désormais prisonnier des divisions politiques et se trouve même en passe de perdre son unité nationale, qui est la condition sine qua non de l’édification de chaque État », ont-ils indiqué.
S’adressant ensuite à la conscience  des responsables, les  évêques maronites ont noté : « La patrie n’est pas un espace dévolu à des projets privés, ni un laboratoire d’expériences, ou encore une carte aux mains de qui que ce soit, État ou partie. La responsabilité dangereuse qui vous incombe vous oblige à ne pas être flexible avec ce qui menace l’État, son unité et sa cohésion. » Et d’ajouter : « Le Liban ne peut perdurer si l’une des parties tente d’imposer sa volonté aux autres, torpillant la réalité sur laquelle le Liban a été bâti, en l’occurrence le pacte national, ce qui veut dire, en résumé : le Liban est une patrie pour tous et ses affaires sont la responsabilité de tous, et non l’apanage d’une partie au détriment de l’autre. Le pacte national est aujourd’hui menacé par des orientations unilatérales qui lui ôtent son caractère consensuel. Le consensus se fait généralement sur base des constantes constitutionnelles et non sur d’autres équations imposées de part et d’autre », soulignent les évêques.


Et de poursuivre : « Ces constantes imposent aux responsables de prendre en considération ce qui suit :
« 1 – Les Libanais ne constituent pas un carburant pour quelque conflit politique. Ce sont des citoyens qui ont des droits fondamentaux garantis par la Constitution, notamment le droit à la vie, à la liberté et au progrès, et nul ne saurait leur retirer ces droits. Partant, les responsables ont le devoir de protéger ces droits en ne spoliant pas le pouvoir politique au bénéfice d’intérêts privés et en ne transformant pas les services de sécurité en simples instruments qui négocient avec ceux qui spolient ces droits. Les responsables doivent protéger la Constitution dans ces usages et ces détails, séparer la question sécuritaire de la question politique, pour le bien commun, et ne plus donner aux services de sécurité des connotations politiques et sectaires, ou encore régionales, ce qui paralyse leur action. Nous avons tous été témoins des résultats des atteintes à la sécurité par le passé et le Liban ne doit plus sombrer à nouveau dans le même genre de situations.


« 2 – Le vide au niveau du pouvoir exécutif ne sert personne, mais il entraîne le pays dans une situation de chaos politique, et nul ne sait où cela peut nous mener. Mais les expériences des gouvernements précédents prouvent que tout gouvernement dont les bases et les objectifs ne sont pas de nature purement libanaise, c’est-à-dire imprégné de la Constitution et du pacte et fondé sur le bien des citoyens, est semblable à une maison construite sur du sable. Tout gouvernement qui n’est pas rassembleur est voué à l’échec, et tout gouvernement dont les débuts étaient boiteux a fini par être paralysé. Tout cela nous invite à réfléchir profondément à ce que nous voulons des gouvernements du Liban ? Quels intérêts servent-ils ?


« 3 – Le respect des échéances constitutionnelles est une preuve de la sincérité des parties dans leur volonté de préserver la démocratie et la Constitution. Ces parties sont responsables de la levée de la tutelle politique sur le pays, après que beaucoup se furent prévalu de l’avoir délivré de la tutelle militaire. Une nouvelle loi électorale n’est pas un point de vue ou une question de négociation. Il s’agit d’une nécessité que personne ne peut négliger et manipuler. Il s’agit d’une cause de droit garantie par le pacte national et la Constitution. Le laxisme concernant la loi électorale, qui garantit la représentation réelle de tous, porte atteinte au cœur du pacte, et nous n’avons pas de doute sur le fait que nul n’assumera la responsabilité de porter atteinte au pacte. Le pacte n’est pas affaire de nombre, mais est lié à la nature de l’entité libanaise. Les députés n’ont pas le droit, après sept ans d’études portant sur les projets de loi électorale, de ne pas s’entendre sur la loi la plus juste, la plus équitable et la plus appropriée pour l’ensemble des Libanais, qui serait une alternative à la loi de 1960 et qui éviterait au pays la prorogation du mandat de la Chambre des députés.


« 4 – La situation économique menace le pays d’un avenir morose. Il est du devoir du pouvoir politique d’entreprendre les réformes requises. L’économie est un facteur-clé dans la stabilité de l’État et n’est pas un service privé auquel la patrie et le citoyen sont rattachés et dont ils seraient l’otage.


« 5 – La question de la souveraineté de l’État rend impératif, pour tout le monde, de réclamer la neutralité du Liban et sa non-ingérence dans les axes régionaux et internationaux. Le Liban n’est pas une carte ou une arène utilisée par les axes pour réaliser leurs objectifs. Nous voulons qu’il soit un phare sur la Méditerranée et non un lampion de fortune. Cela nécessite que les responsables soient convaincus des avantages de la neutralité, œuvrent à définir une volonté nationale commune autour de cette question et à convaincre les instances internationales et régionales du rôle positif que le Liban pourrait remplir s’il est tenu à l’écart des conflits régionaux et s’il est donné à son peuple la possibilité de vivre en paix.


« Soit le Liban redevient, comme tout le monde l’a connu, une terre de convergence et de convivance, un État démocratique sur la Méditerranée, ou bien il perd sa raison d’être. Cela nécessite une décision de la part des Libanais réunis, et nul ne peut se substituer à eux dans ce domaine », conclut le communiqué des prélats maronites.

 

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