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Moyen Orient et Monde - Scandale financier

Les crises se suivent sans se ressembler et acculent Hollande

Le président français dément avoir protégé Cahuzac et promet des lois sur la transparence de la vie politique.

L’ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a été inculpé pour blanchiment de fraude fiscale, ce qui peut lui valoir jusqu’à cinq ans de prison en sus d’une amende. François Guillot/AFP

Attaqué par l’opposition qui réclame des démissions après le scandale Cahuzac, ancien ministre du Budget, le président français François Hollande a affirmé hier, dans une déclaration télévisée solennelle, que Jérôme Cahuzac « n’a bénéficié d’aucune protection autre que celle de la présomption d’innocence et il a quitté le gouvernement à ma demande dès l’ouverture d’une information judiciaire ». Le président a également dénoncé « un outrage fait à la République » en évoquant les mensonges de son ancien ministre chargé de la lutte contre la fraude fiscale et titulaire d’un compte à l’étranger de 600 000 euros. Le président a alors annoncé plusieurs projets de lois sur la transparence de la vie politique pour assurer une « exemplarité totale » des responsables publics. Le gouvernement soumettra au Parlement « dans les semaines qui viennent » un projet visant à « assurer la publication et le contrôle sur les patrimoines des ministres et de tous les parlementaires », a ainsi précisé le président. Il est aussi prévu d’interdire, à l’avenir, de mandat tout condamné pour corruption ou fraude fiscale.
Après avoir nié depuis décembre la possession d’un compte secret à l’étranger, Jérôme Cahuzac, ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale et ex-chirurgien, a admis mardi avoir menti au président, au Premier ministre, au gouvernement, au Parlement et à plusieurs médias. Il a par conséquence été mis en examen (inculpé) pour blanchiment de fraude fiscale, ce qui peut lui valoir jusqu’à cinq ans de prison en sus d’une amende. C’est une enquête judiciaire menée en Suisse qui a permis d’établir l’existence du compte non déclaré à la suite de perquisitions à la banque UBS et chez la société Reyl et Cie. Ce compte suisse aurait été ouvert en 1992 par Philippe Peninque, un proche de la présidente du Front national Marine Le Pen, a relaté hier écrit Le Monde.fr. Florian Philippot, vice-président du FN, a confirmé ce fait tout en soulignant que vouloir mêler la dirigeante du parti à l’affaire Cahuzac était une « grossière manœuvre de diversion ». Par la suite, ce compte a été fermé à la fin de 2000 et l’argent a été transféré auprès de cette société financière, toujours à Genève. Il a enfin été transféré à Singapour en 2009, a précisé son avocat. Ce dernier a estimé à 30 000 euros le montant du blanchiment de fraude fiscale. De plus, la justice suisse a annoncé hier qu’elle allait transmettre à son homologue française les preuves de l’existence dans la confédération d’un compte bancaire non déclaré de Jérôme Cahuzac. Cette transmission, qui peut d’ordinaire prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois, se fera « dans les plus brefs délais », l’ancien ministre du Budget l’ayant acceptée, précise le parquet de Genève. Par ailleurs, l’activité de consultant pour l’industrie pharmaceutique de l’ex-chirurgien dans les années 90 va être passée à la loupe par les enquêteurs, son avocat ayant reconnu qu’une partie « accessoire » des sommes versées sur son compte à l’étranger provenait de ce travail. Une activité potentiellement source de conflit d’intérêt pour un ténor politique.

Trahison
Cette affaire a sidéré ses anciens partenaires politiques, qui crient à la trahison. Dans la majorité de gauche, le responsable du Parti socialiste, Harlem Désir, a annoncé que « Cahuzac s’était exclu de fait » de cette formation. « Il n’en sera plus membre », a-t-il dit, alors que l’ex-ministre, 60 ans, pouvait, selon le droit constitutionnel, redevenir député dans trois semaines. Cette ligne de défense n’a cependant pas convaincu jusqu’à présent ni l’opposition de droite de l’UMP ni même une partie de la gauche. L’affaire provoque depuis hier des appels à de nouvelles démissions de membres du gouvernement. Ainsi, le député UMP Claude Goasguen a réclamé « dans les plus brefs délais » le départ du ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, qui avait autorité dans ses fonctions sur Jérôme Cahuzac. Même rengaine du côté du président de l’UMP, Jean-François Copé : « Qui peut croire aujourd’hui que François Hollande et (le Premier ministre) Jean-Marc Ayrault n’étaient au courant de rien ? » Tandis que la présidente du Front national Marine Le Pen réclamait la démission du gouvernement et la dissolution de l’Assemblée nationale.
« Comment peut-on se dire que le ministre Moscovici lui non plus ne savait rien alors que c’est lui le ministre essentiel de Bercy ? » a aussi lancé le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, se demandant : « Où s’arrête la chaîne du mensonge ? » Car début février, Pierre Moscovici avait confirmé avoir reçu un document des autorités suisses dans le cadre de l’enquête Cahuzac sans toutefois en dévoiler le contenu, au nom du « secret fiscal ».

Multiples difficultés
Cofondateur du site Internet Mediapart qui a révélé l’affaire, Edwy Plenel a jugé hier que François Hollande n’avait « pas d’excuse » pour ne pas avoir réagi plus vite alors qu’il « savait exactement ce que tout le monde savait ». De plus, pour le politologue Jérôme Fourquet, les aveux de Jérôme Cahuzac posent effectivement « la question de l’autorité du président et de sa capacité de discernement », déplorant également hier dans un éditorial du journal Le Monde que « le contrat de confiance entre le peuple et ses gouvernants est rompu ».
Ce séisme politique secoue le gouvernement alors que le président Hollande, après seulement dix mois de mandat, fait déjà face à de multiples difficultés sur les plans économique et social : chômage en hausse, report des objectifs de réduction des déficits, impopularité, mobilisation massive des adversaires du mariage homosexuel... Finalement, quelle pourrait bien être l’issue de cette crise ? L’affaire pourrait accélérer un éventuel remaniement du gouvernement, avec une réduction du nombre des ministres (34 actuellement), jugent nombre de commentateurs. Plusieurs d’entre eux estiment que la crise va profiter à l’extrême droite.
(Sources : agences)
Attaqué par l’opposition qui réclame des démissions après le scandale Cahuzac, ancien ministre du Budget, le président français François Hollande a affirmé hier, dans une déclaration télévisée solennelle, que Jérôme Cahuzac « n’a bénéficié d’aucune protection autre que celle de la présomption d’innocence et il a quitté le gouvernement à ma demande dès l’ouverture...
commentaires (1)

Faut dire qu'un certain nombre de ministres relèvent plus du folklore socialo-maçonnique que d'un gouvernement sérieux...il ne manque pourtant pas de gens sérieux au parti socialiste...difficile de comprendre pourquoi M. Hollande s'est ainsi ingénié à scier la branche sur laquelle il est assis,en laissant le champ libre aux idéologues parisiano-germanopratains de son gouvernement frappés d'hystérie pseudo-réformatrice...M. Peillon,M. le Drian démontrent tous les jours leur sérieux et leur engagement ministériel,par exemple...contrairement à certains de leurs collègues complètement farfelus...vite un virage,vite...le gouvernement d'un pays comme la France ne saurait être une AG post soixante huitarde agitée par des idéologies hors de proportion avec le gravité de la crise que traverse le pays...M. Hollande,il est grand temps de siffler la fin de la récré,là!

GEDEON Christian

07 h 45, le 04 avril 2013

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Commentaires (1)

  • Faut dire qu'un certain nombre de ministres relèvent plus du folklore socialo-maçonnique que d'un gouvernement sérieux...il ne manque pourtant pas de gens sérieux au parti socialiste...difficile de comprendre pourquoi M. Hollande s'est ainsi ingénié à scier la branche sur laquelle il est assis,en laissant le champ libre aux idéologues parisiano-germanopratains de son gouvernement frappés d'hystérie pseudo-réformatrice...M. Peillon,M. le Drian démontrent tous les jours leur sérieux et leur engagement ministériel,par exemple...contrairement à certains de leurs collègues complètement farfelus...vite un virage,vite...le gouvernement d'un pays comme la France ne saurait être une AG post soixante huitarde agitée par des idéologies hors de proportion avec le gravité de la crise que traverse le pays...M. Hollande,il est grand temps de siffler la fin de la récré,là!

    GEDEON Christian

    07 h 45, le 04 avril 2013

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