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À La Une - Crise

Toutes les banques rouvrent jeudi à Chypre après 12 jours de fermeture

"Nous devons recommencer à zéro, comme en 1974, lorsque après l'invasion turque, notre économie avait été mise à terre".

Des camions conteneurs devant la banque centrale de Chypre à Nicosie le 27 mars 2013. AFP PHOTO/YIANNIS KOURTOGLOU

Toutes les banques à Chypre, fermées depuis le 16 mars pour éviter une fuite des capitaux, vont rouvrir jeudi après l'adoption de fortes restrictions censées limiter les effets d'une éventuelle panique bancaire.

 

Selon une porte-parole de la Banque centrale, Aliki Stylianou, les guichets ouvriront de 12H00 à 18H00 (10H00 à 16H00 GMT), y compris ceux de la Laïki (Popular Bank) et de la Bank of Cyprus, les deux principales banques de l'île les plus durement touchées par le plan de sauvetage international.

Le ministère des Finances a confirmé cette réouverture, sans préciser d'heure. Selon l'agence semi-officielle CNA, un décret ministériel valable quatre jours limite cependant tous les retraits à 300 euros par personne et par jour.

 

A la veille du jour J, l'inquiétude grandit sur l'île en récession depuis deux ans. En cette fin de mois, beaucoup se demandent quand ils vont pouvoir être payés et des centaines de personnes ont encore manifesté contre le plan de sauvetage obtenu au prix d'une restructuration drastique du système bancaire.

 

Craignant des débordements, le syndicat des employés de banque, Etyk, a assuré que ces derniers étaient prêts à reprendre le travail, tout en appelant la population à ne pas faire retomber sa frustration sur eux.

"En tant qu'employés de banque, nous ne sommes pas responsables mais au contraire, les collègues sont eux-mêmes victimes d'actes et/ou d'omissions criminelles qui ont conduit à ce désastre et placent beaucoup de gens dans une situation très tragique", a-t-il souligné dans un communiqué.

 

L'accord conclu lundi entre Chypre au bord de la faillite et la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne,

Fonds monétaire international) prévoit notamment la liquidation de la Laïki et l'absorption d'une partie de ses activités par Bank of Cyprus.

 
Mesures drastiques

Actuellement, les clients de ces deux banques, disposant de 40% des dépôts, ne peuvent retirer respectivement que 120 et 100 euros par jour.

L'Europe a imposé un prix "trop élevé" à Chypre, alimentant "amertume" et "colère", a affirmé le ministre chypriote des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides. "Nous devons recommencer à zéro, comme en 1974, lorsque après l'invasion turque, notre économie avait été mise à terre".

 

L'ouverture des banques, qui avait été reportée à deux reprises, s'accompagne de lourdes restrictions pour les mouvements de capitaux. Le décret pris mercredi soir limite les paiements et virements à l'étranger à 5.000 euros par mois, par personne et par banque et les voyageurs quittant l'île ne pourront porter sur eux plus de 1.000 euros en espèces.

 

"Chaque jour où le système bancaire est fermé, la confiance des gens baisse et ils veulent retirer leur argent, alors nous sommes obligés d'imposer des restrictions" aux mouvements de capitaux, avait expliqué le président de la Banque centrale, Panicos Demetriades.

Les banques sont fermées depuis le samedi 16 mars, date de l'annonce d'un premier plan de sauvetage international, rejeté ensuite par le Parlement chypriote car il prévoyait une taxe allant jusqu'à 9,9% sur l'ensemble des dépôts bancaires dans l'île.

 

L'euro toujours affaibli

La crise à Chypre continue de peser sur les marchés où l'euro évoluait vers 17H00 GMT autour de 1,2775 dollar, soit ses plus bas niveaux depuis quatre mois. Et les bourses ont toutes terminé en baisse, Athènes frôlant les -4%, après avoir perdu plus de 6% dans la journée.

Les investisseurs s'inquiètent d'une possible contagion à d'autres pays de la zone euro d'une éventuelle panique bancaire à Chypre.

Une commission de surveillance du Parlement chypriote a demandé à la Banque centrale de lui fournir la liste des personnes ayant transféré des fonds hors de l'île avant l'annonce du plan de sauvetage. Des députés socialistes ont autorisé la publication de leurs finances personnelles et appelé leurs collègues à faire de même.

 

En Grèce, pays qui entretient comme la Russie d'étroits liens économiques et culturels avec Chypre, les agences des trois filiales grecques de Bank of Cyprus, Laïki et Hellenic Bank, ont rouvert après être passées sous contrôle de l'établissement Piraeus Bank.

A Londres, où vivent de nombreux Chypriotes, les agences de Bank of Cyprus et Laïki sont restées ouvertes.

"Malgré les contrôles, les capitaux vont sortir pendant longtemps, peut-être 6 mois", a estimé Simona Mihai-Yiannaki, professeur à la European University, spécialisée dans la banque, évoquant "l'impact psychologique" des restrictions: "Les gens pensent 'Nous sommes contrôlés, fuyons'".

 

Repère

Les principaux éléments du plan d'aide à Chypre

 

Pour mémoire
Plan de sauvetage de Chypre : les expatriés libanais mécontents mais résignés
Toutes les banques à Chypre, fermées depuis le 16 mars pour éviter une fuite des capitaux, vont rouvrir jeudi après l'adoption de fortes restrictions censées limiter les effets d'une éventuelle panique bancaire.
 
Selon une porte-parole de la Banque centrale, Aliki Stylianou, les guichets ouvriront de 12H00 à 18H00 (10H00 à 16H00 GMT), y compris ceux de la Laïki (Popular...

commentaires (2)

Le compte à rebours pour une bombe à retardement! Les européens font croire qu'ils tombent des nues... alors que tout le monde savait tout sur la réalité des comptes de Chypre, c'est-à-dire qu'ils ne faisait pas que marier des couples Libanais en quête de laïcité jamais acquise.

Ali Farhat

16 h 34, le 27 mars 2013

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Commentaires (2)

  • Le compte à rebours pour une bombe à retardement! Les européens font croire qu'ils tombent des nues... alors que tout le monde savait tout sur la réalité des comptes de Chypre, c'est-à-dire qu'ils ne faisait pas que marier des couples Libanais en quête de laïcité jamais acquise.

    Ali Farhat

    16 h 34, le 27 mars 2013

  • Grèce et Chypre ou la chute libre de l’économie pas très orthodoxe . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    16 h 01, le 27 mars 2013

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