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À La Une - afghanistan

L'armée américaine cède à Kaboul le contrôle de Bagram, le "Guantanamo afghan"

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry effectue une visite surprise à Kaboul.

Une soldate afghane, lundi, lors de la cérémonie de passage de contrôle de la prison controversée de Bagram de l'armée américaine à l'armée afghane. AFP PHOTO / MASSOUD HOSSAINI

L'armée américaine a annoncé lundi avoir cédé à l'armée afghane le contrôle total de la prison controversée de Bagram, surnommée "le Guantanamo afghan", au terme de longues tractations.
Quelques heures plus tard, le secrétaire d'Etat américain John Kerry est arrivé à Kaboul pour une visite surprise visant à apaiser les tensions entre les deux pays au moment où ils négocient un partenariat stratégique de long terme.


L'accord sur Bagram, située à une cinquantaine de km au nord de la capitale, est une première étape dans le réchauffement des relations américano-afghanes. La prison était l'objet de discussions bilatérales houleuses, les Etats-Unis craignant que nombre de prisonniers talibans soient libérés une fois la prison passée sous contrôle afghan.
Quelque 26 prisonniers ont d'ailleurs été relâchés lundi, a déclaré le général afghan Ghulam Farouq Barakzaï, en charge de Bagram. Les autorités afghanes, de leur côté, ne cessaient de réclamer le contrôle de l'établissement en dénonçant une violation de leur souveraineté nationale.


Le transfert, "à présent complet", selon un communiqué de l'armée américaine, représente "une part importante du processus global de transfert de la sécurité aux forces afghanes", a estimé le général américain Joseph Dunford, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan. La cérémonie de passage de témoin, lundi matin à Bagram, "met en lumière un Afghanistan de plus en plus confiant, capable et souverain", a-t-il poursuivi.


Prévu à l'origine le 9 mars, le transfert complet du site avait été reporté à la dernière minute après des déclarations du président Hamid Karzaï assurant qu'il y avait des "innocents" parmi les prisonniers sous contrôle américain, et que ceux-ci seraient remis en liberté une fois passés sous contrôle afghan.


Début septembre, 3.000 détenus, notamment des membres présumés des talibans et d'el-Qaëda, avaient été confiés aux autorités afghanes. Mais les détenus étrangers et les Afghans capturés par les forces de l'Otan depuis, lors de raids des forces spéciales, étaient restés sous la garde des soldats américains.

Près d'un millier d'entre eux ont été transférés entre septembre et aujourd'hui, a révélé le général Barakzaï. "Le petit nombre restant encore dans les cellules de la coalition sera complètement transféré dans une semaine", a-t-il poursuivi.
Certains des détenus constitueraient, s'ils étaient libérés, "de réelles menaces" s'ils retournaient sur le champ de bataille, avait prévenu le général Dunford.


Après onze années de présence en Afghanistan, la force internationale menée par les Etats-Unis se retire progressivement du pays et transfère le contrôle du pays et de ses institutions sécuritaires aux forces afghanes.
Malgré plus de 130.000 soldats étrangers au plus fort de son engagement, les troupes internationales, en renfort de plus de 330.000 soldats et policiers afghans, n'ont jamais maté la rébellion menée par les talibans.
Les insurgés, bien que moins nombreux, continuent d'infliger de lourdes pertes aux forces étrangères et surtout afghanes. Nombre d'Afghans craignent un nouvel embrasement de leur pays, éreinté par près de 35 ans de guerre et de guerre civile, une fois le retrait étranger achevé à la fin 2014.


Installée à côté de l'immense base américaine de Bagram, la prison du même nom est parfois montrée du doigt par les organisations de défense des droits de l'Homme, qui dénoncent notamment des détentions abusives.
Son transfert aux Afghans lève un obstacle dans les difficiles négociations du partenariat stratégique de long terme en cours entre Afghans et Américains.
Cet accord doit définir les modalités de la présence américaine dans le pays après 2014, notamment l'éventuel établissement d'une ou plusieurs bases militaires permanentes, un sujet sensible dans un Etat historiquement allergique à toute présence militaire étrangère prolongée.
Washington avait échoué à conclure un accord de ce type en Irak, faute de pouvoir obtenir du gouvernement une garantie d'immunité pour ses soldats. L'armée américaine avait dû se résoudre à retirer l'ensemble de ses troupes du pays.

 

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