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À La Une - La chronique de Nagib Aoun

Le temps des boucaniers...

Faut-il en rire ou en pleurer ? S’arracher les cheveux de dépit ou prendre un calmant et se dire qu’après tout le ridicule ne tue pas ? Fort heureusement d’ailleurs, sinon les victimes, parmi nos hommes politiques, se compteraient par centaines...
Le rideau vient de tomber sur une scène ministérielle déchiquetée, la pièce, produite, écrite et jouée par le Hezbollah et le Courant patriotique libre, clôture ses pitoyables représentations devant un parterre furibard qui exige d’être remboursé, et il se trouve encore des acteurs, complètement disjonctés, qui crient au complot, qui se disent, le plus sérieusement du monde, victimes d’une conspiration internationale.


En clair, et sans circonvolutions, si Nagib Mikati a démissionné, si Michel Sleiman a compris et cautionné la démarche de son Premier ministre, c’est tout simplement parce que le gouvernement entretenait en son sein une sangsue qui se nourrissait de son sang, parce que la cohabitation s’était transformée en prise d’otages et que l’arrogance des « purs » et des « durs » avait atteint un seuil intolérable.
Une situation qui ne pouvait plus perdurer, et le résultat en est que le Hezbollah et le CPL, qui étaient déjà en conflit ouvert avec les forces du 14 Mars, celles qui englobent le courant du Futur, les Forces libanaises et les Kataëb, sont aujourd’hui lâchés par le joker incontournable qu’est Walid Joumblatt et par les courants gravitant autour du chef de l’État et du Premier ministre démissionnaire.
Un retour à la case départ où le duo infernal, constitué par le parti chiite et le mouvement aouniste, se retrouve quasiment en confrontation avec tout le monde, fort non pas par la justesse de ses idées ou de ses arguments, mais par sa faculté de nuisance, celle qui a précisément précipité le départ du gouvernement et placé le pays face à un inconnu porteur de tous les dangers.


Tel est pris qui croyait prendre : de règlements de comptes sournois en initiatives unilatérales suspectes, de blocages délibérés en menaces déguisées, de longs mois plus tard l’ardoise se révèle bien lourde et les éclaircies promises s’avèrent des nuages d’orage.
Le legs, aujourd’hui, est là, étalé devant nos yeux : une situation économique désastreuse, des finances menacées par le syndrome chypriote, un Trésor public aux poches trouées et des citoyens bernés qui déboursent déjà le double des rentrées promises. Un legs explosif avec des législatives mises entre parenthèses, une situation sécuritaire alarmante, la montée effrayante des tensions intercommunautaires et la reproduction sur la scène libanaise du film d’horreur qui se joue en Syrie.


Soyons clairs : le gouvernement à venir ne peut, en aucun cas, être le duplicata de celui qui vient de rendre l’âme, le gouvernement à venir ne peut en aucun cas rester assujetti au bon vouloir du Hezbollah et aux humeurs chagrines du CPL. Les données ont changé, de nouveaux équilibres de forces se mettent en place dans la région et les remises en question sont indispensables pour accompagner les bouleversements en cours.
S’obstiner dans la politique du déni, continuer à fouiner dans les poubelles du passé, hors des réalités de tous les jours, c’est entretenir le malaise, les haines envahissantes, c’est livrer le pays, pieds et poings liés, aux boucaniers des temps maudits...

Faut-il en rire ou en pleurer ? S’arracher les cheveux de dépit ou prendre un calmant et se dire qu’après tout le ridicule ne tue pas ? Fort heureusement d’ailleurs, sinon les victimes, parmi nos hommes politiques, se compteraient par centaines...Le rideau vient de tomber sur une scène ministérielle déchiquetée, la pièce, produite, écrite et jouée par le Hezbollah et le...

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