Le cessez-le-feu à Tripoli annoncé vers 16h, heure libanaise, par les responsables sunnites et alaouites de la capitale du Liban-Nord, a volé en éclats après l'annonce de la démission du Premier ministre Nagib Mikati (originaire de Tripoli) en raison de divergences politiques majeures au sein de son gouvernement. Quelques minutes après le discours de M. Mikati, des tirs ont été signalés entre les quartiers rivaux de Bab el-Tebbaneh (à majorité sunnite et anti-Assad) et Jabal Mohsen (à majorité alaouite et pro-Assad), ainsi que sur la route reliant Tripoli au Akkar. Certains médias ont également fait état de tirs d'obus.
Le nouveau round de violences entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen avait débuté jeudi. Vendredi matin, les affrontements s'étaient propagés à d’autres quartiers -Chaarani, Maloula, Rifa et Baqqa- de cette ville multiconfessionnelle du Liban-Nord. Jusqu'au cessez-le-feu, annoncé par les deux parties, et entré en vigueur à 16h.
Lors d'une conférence de presse, le comité des ulémas musulmans dans les quartiers sunnites de Kobbé et Bab el-Tebbaneh avait annoncé son engagement à respecter le cessez-le-feu.Estimant que personne n'a intérêt à poursuivre les combats, les ulémas sunnites avaient appelé les forces de sécurité à prendre la situation en main tout en se maintenant à égale distance des deux camps. Ils avaient également appelé, lors de leur conférence de presse, à l'établissement d'un plan urgent pour encourager le développement de la ville.
L'annonce des cheikhs sunnites avait été précédée d'une déclaration similaire de la part du Parti arabe démocratique (alaouite de Rifaat Eid) qui, selon son responsable médias, Abdel Latif Saleh, voulait donner l'opportunité à l'armée libanaise de prendre le contrôle de la situation et de rétablir le calme dans la capitale du Liban-Nord.
Se protéger des francs-tireurs
Au moins cinq personnes, dont un soldat, ont été tuées et des dizaines d’autres blessées dans ce nouveau round de violences.
Témoignant de la violence des affrontements, une bâche a été dressée vendredi sur la route de Zaheriyeh pour protéger les passants d'éventuels tirs de francs-tireurs. Selon la chaîne LBC, la circulation était quasi-inexistante près des lieux des combats, alors que l’armée était déployée en force et tentait de riposter à l’origine des tirs.
Selon la chaîne al-Jadeed, une station-service atteinte par des projectiles a pris feu à Jabal Mohsen.
Une bâche tendue à Tripoli, au Liban-Nord, met en garde les passants contre la présence de francs-tireurs. ANI
L’autoroute principale reliant Tripoli à Akkar, plus au nord, a été interdite à la circulation par les Forces de sécurité intérieure (FSI) et les écoles étaient fermées vendredi. Quelques commerces ont toutefois ouvert leurs portes.
Vendredi après-midi, l'ANI a rapporté que des dizaines de chars de l’armée libanaise avaient été postés autour de la résidence tripolitaine de l’ancien Premier ministre Omar Karamé.
Cette nouvelle flambée de violence a suivi l’arrestation d’un des individus soupçonnés d’avoir ouvert le feu mercredi dans l’hôpital gouvernemental de Kobbé. Une dispute sur fond confessionnel a en effet dégénéré en accrochage armé dans l'enceinte de l'établissant, plusieurs personnes ont été blessées dans l’échange de tirs.
Une colonne de fumée monte du quartier de Bab el-Tebbaneh, à Tripoli. AFP/JOSEPH EID
Peu avant l'annonce du cessez-le-feu, le député du Courant du Futur (opposition), Mohammad Kabbara, a accusé le gouvernement de se "dérober à ses responsabilités". "Durant le mandat du gouvernement Mikati, neuf rounds d’affrontements ont eu lieu à Tripoli. Nous avions demandé des mesures préventives pour éviter l’explosion et nous n’avons reçu que des promesses", a déclaré M. Kabbara, député de Tripoli, lors d’une conférence de presse.
"Certains accusent des parties locales d’être membres de groupes takfiris pour justifier les attaques. Les habitants de Tripoli ne sont pas liés aux extrémistes, la ville a une longue histoire de modération et ne peut héberger des takfiris", a-t-il dit.
"Les habitants de Tripoli sont unis et le resteront car il s’agit de l’unique moyen de faire face à la folie meurtrière. Le gouvernement doit assumer ses responsabilités parce qu’il est le seul capable de protéger les citoyens", a souligné M. Kabbara. Selon lui, "un plan sécuritaire est nécessaire pour Tripoli comme ceux adoptés à Saïda (sud) et à Beyrouth. Nous serons peut être amenés à appeler à la désobéissance civile jusqu’à l’arrestation de tous les combattants".
Le chef spirituel de la communauté alaouite au Liban, cheikh Assad Assi, avait solennellement averti jeudi que "la discorde s’est réveillée", et en avait attribué la responsabilité à une "minorité takfiriste". "C'en est assez, nous devons nous défendre !" avait-il ajouté, tout en affirmant ne nourrir envers la population civile sunnite que les meilleurs sentiments.
Dans une déclaration à l’agence al-Markaziya, Ahmad Karamé, ministre d’État, a déploré, jeudi, "le chaos" au niveau de la sécurité dans le pays, jugeant "illogique et anormal" ce qui s’y passe "puisque les incidents itinérants de sécurité n’épargnent aucune région, comme si quelqu’un donnait l’ordre pour que ce genre d’abus soit commis".
Parallèlement, les comités civils de Tripoli ont tenu, également jeudi, une réunion conjointe au terme de laquelle ils ont mis en garde, dans un communiqué, condamnant les affrontements et les attaques "répétées" contre des civils. Ils ont affirmé redouter que ces incidents "n’augurent d’un retour à la violence programmée, avec un quinzième round que tout le monde craint". Ils ont demandé au gouvernement et aux forces de l’ordre de "réviser leur plan pour maintenir l’ordre dans la ville", critiquant "le laisser-aller au niveau du règlement des problèmes qui s’y posent" et invitant pour l’État à "ne pas pratiquer dans ce cas une politique de distanciation à l’égard de ce qui s’y passe".
Les affrontements sont fréquents à Tripoli depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans.
Le Liban, qui a connu 30 ans d'hégémonie syrienne, reste profondément divisé entre adversaires et partisans du régime Assad.
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commentaires (6)
Y EN A MARRE des guerres sunnites chiites Les juifs dans la région arabe...Y en a plus..Vous les avez vidés et chassés Les chrétiens...c'est déjà fait aussi dans certains pays : De palestine, à l'irak, à l'egypte et syrie...Le liban bientôt? Lorsque vous ne cassez pas " de chrétiens", "de juifs", "de bouddhistes", "d'athés" de je ne sais quoi.. Vous vous entretuez entre vous pour vous vider la région des sunnites et chiites... Mais qui voulez vous vraiment garder dans la région ?? Bon sang de bon sang!!!
jean-Pierre EL KHOURY
00 h 49, le 23 mars 2013