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À La Une - Crise

Le Premier ministre de l'opposition syrienne catégorique : Pas de dialogue avec Assad

Régime et rebelles s'accusent mutuellement d'utiliser des armes chimiques ; Washington critique Bagdad.

Un char de l'armée syrienne en feu après une attaque des rebelles sur une autoroute près de Damas. Mohammed Dimashkia/Reuters

"Nous confirmons au grand peuple syrien qu'il n'y aura pas de dialogue avec le régime de Bachar el-Assad", a affirmé mardi à Istanbul le Premier ministre intérimaire nouvellement élu par l'opposition, Ghassan Hitto, lors de son discours inaugural.

 

M. Hitto a été élu dans la nuit de lundi à mardi par une majorité des membres de la Coalition nationale syrienne de l'opposition, après quelque 14 heures de discussions. Il doit à présent constituer un gouvernement chargé de gérer les régions syriennes passées sous le contrôle de la rébellion, où cet exécutif doit être basé.

 

Le chef de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib, s'était dit prêt fin janvier à entamer des discussions directes avec des représentants du régime n'ayant pas "de sang sur les mains", mentionnant des conditions comme la libération de prisonniers et précisant que tout dialogue devait nécessairement porter sur le départ du président Assad. Mais M. al-Khatib a affirmé mardi à l'AFP que la porte était désormais fermée à de tels pourparlers.

"Le régime a mis fin à cette proposition (de pourparlers), pas l'opposition. L'idée derrière la proposition était d'alléger les souffrances du peuple syrien. Malheureusement, certains pays l'ont utilisé pour tenter de favoriser leur propre ordre du jour en Syrie", a-t-il affirmé.

 

Dans son discours, M. Hitto a accusé le pouvoir syrien d'être "un gang qui (...) a détruit le pays" et a énuméré certaines des priorités de son futur gouvernement. "Notre principale priorité est d'utiliser tous les moyens dont nous disposons pour faire chuter le régime d'Assad", a-t-il souligné, assurant qu'il fournirait "toute l'aide possible" aux populations passées sous contrôle de la rébellion.

 

Ghassan Hitto, s'exprimant lors d'un rassemblement d'opposants syriens, à Dallas, aux Etats-unis, en septembre 2012.

 

Concernant l'élaboration de son gouvernement, M. Hitto s'est défendu de toute approche politicienne.

"L'objectif de ce gouvernement ne sera pas fondé sur des intérêts politiques. Nous choisirons les ministres et les conseillers sur la base de leur compétence technique et professionnelle", a-t-il dit. Il a précisé que cet exécutif, qui devrait être constitué d'ici un mois selon des membres de la Coalition, allait "collaborer avec l'Armée syrienne libre" (ASL), la principale force armée de la rébellion, pour assurer "la sécurité et l'Etat de droit" dans les régions sous son administration. Le gouvernement va "combattre le crime" et "limiter la prolifération des armes", a-t-il développé.

 

Le chef d'état-major de l'ASL, Selim Idriss, a annoncé lundi, avant l'élection de M. Hitto, que son organisation travaillerait sous l'égide du gouvernement intérimaire.

 

 

Missiles "chimiques" contre Khan al-Assal ?

Ces développements interviennent alors que, sur le terrain, la situation a pris un nouveau tour, le régime ayant accusé mardi les rebelles d'avoir tiré un missile avec une tête chimique dans la province d'Alep (nord). "Les terroristes ont lancé un missile contenant des produits chimiques sur la région de Khan al-Assal dans la province d'Alep, tuant 15 personnes, en majorité des civils", a indiqué l'agence officielle syrienne Sana.

C'est la première fois que le régime d'Assad porte une telle accusation contre "les terroristes", terme désignant dans le vocabulaire officiel les rebelles luttant contre le pouvoir à Damas.

 

Début mars, près de 200 soldats et rebelles avaient péri dans la bataille pour la prise de contrôle par les insurgés de l'académie de police à Khan al-Assal, à l'ouest d'Alep. Il y a une semaine, l'armée avait lancé une contre-offensive et avait reprise de grande partie du village, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

Les rebelles de l'ASL ont rapidement démenti les accusations du régime. "Nous comprenons que l'armée a visé Khan al-Assal en utilisant un missile de longue-portée et nos informations initiales indiquent qu'il peut avoir contenu des armes chimiques. Il y a beaucoup de victimes et de nombreux blessés ont des problèmes de respiration", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'ASL, Louay Muqdad, qui participe à la réunion de l'opposition à Istanbul. "Nous n'avons ni missile de longue portée, ni arme chimique. Et si on en avait, nous ne les utiliserions pas en prenant des rebelles pour cible", a ajouté M. Muqdad.

 

Les rebelles ont diffusé mardi des vidéos expliquant comment fabriquer un masque à gaz.

 

 

Les comités locaux de coordination, un rassemblement de l'opposition, ont, en outre, fait état d'une attaque à l'arme chimique contre la ville d'Atiba, aux environs de Damas.

 

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé les accusations de Damas, tout en se disant "très préoccupé".

A Washington, la Maison Blanche a affirmé ne pas disposer de preuves sur une éventuelle utilisation d'armes chimiques par les rebelles, et a mis en garde le gouvernement syrien sur le recours à de tels armements, qui serait "totalement inacceptable".

 

La communauté internationale a multiplié les mises en garde à Damas contre le recours aux armes chimiques. Des responsables occidentaux et israéliens ont exprimé la crainte que ces armes ne tombent entre les mains de certaines factions de l'opposition.

 

Cet échange d'accusations intervient en outre alors que Français et Britanniques poussent pour l'envoi d'armes à la rébellion syrienne, ce même en l'absence d'un consensus au sein de l'Union européenne.

Prenant le contre-pied du gouvernement français, l'ancien Premier ministre François Fillon s'est néanmoins déclaré mardi opposé à la livraison d'armes aux rebelles syriens estimant qu'il fallait plutôt convaincre les Russes d'imposer une "interdiction aérienne" pour empêcher les bombardements.

 

 

Washington tance Bagdad

Parallèlement, un haut responsable américain a assuré que Bagdad "ferme les yeux" sur le survol de son espace aérien par des appareils iraniens chargés en armes destinées au régime du président Assad.

Ce responsable, qui a souhaité conserver l'anonymat, a réitéré l'appel lancé par Washington à Bagdad pour que les autorités irakiennes fassent atterrir et fouillent de manière inopinée les avions iraniens qui se rendent en Syrie.

Les Etats-Unis ont protesté "à tous les niveaux du gouvernement irakien" pour qu'il agisse.

"Il est tout à fait justifié d'intercepter et d'inspecter" les avions iraniens qui survolent l'Irak, a dit ce responsable.

"Nous confirmons au grand peuple syrien qu'il n'y aura pas de dialogue avec le régime de Bachar el-Assad", a affirmé mardi à Istanbul le Premier ministre intérimaire nouvellement élu par l'opposition, Ghassan Hitto, lors de son discours inaugural.
 
M. Hitto a été élu dans la nuit de lundi à mardi par une majorité des membres de la Coalition nationale syrienne de l'opposition, après...

commentaires (3)

M. Hitto donc...avant logtemps,il s'appelera M. Chilo...

GEDEON Christian

19 h 59, le 20 mars 2013

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Commentaires (3)

  • M. Hitto donc...avant logtemps,il s'appelera M. Chilo...

    GEDEON Christian

    19 h 59, le 20 mars 2013

  • En voici un qui est pour la paix au moins! Bon ben, il veut vaincre par les armes, y compris les chimiques. La Syrie n'a pas finit de compter ses morts. S'il ne s'agit pas d'un bluff pour avoir une carte de valeur à jouer à la table des négociations, on rentre dans une nouvelle phase très sanglante où les protagonistes directs seront plus nombreux. Mais.. Plus on est fou, plus on meurt!

    Ali Farhat

    10 h 01, le 20 mars 2013

  • C'est le temps " DU CHIMIQUE " comme qui dirait : C'est le temps des ROSES ! Peut-on imaginer s'ils avaient du Nucléaire ?

    SAKR LEBNAN

    18 h 01, le 19 mars 2013

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