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À La Une - Tension

Damas menace de frapper au Liban

Le Conseil de sécurité se dit « très inquiet des incidents répétés » à la frontière libano-syrienne.

Un camion citerne en flammes, à Tripoli, au Liban-Nord, le 14 mars 2013. Ce camion a été neutralisé dans un quartier sunnite de la capitale du Liban-Nord, par des manifestants voulant l'empêcher d'arriver en Syrie. AFP PHOTO/STR

La tension dans les relations libano-syriennes a connu un très grave rebondissement hier soir avec les annonces simultanées de Damas et de New York, dans un cas de menaces de frappes contre des groupes qui s’apprêteraient à s’infiltrer en Syrie et, dans l’autre, de la grande inquiétude du Conseil de sécurité de l’ONU à l’égard des « incidents répétés » à la frontière entre les deux pays.


Les autorités syriennes ont menacé de frapper au Liban les « bandes armées » qui continuent de s’infiltrer en Syrie via la frontière commune pour combattre aux côtés des rebelles, a indiqué l’agence officielle SANA.
« Ces dernières 36 heures, des bandes terroristes armées se sont infiltrées en grand nombre à partir du Liban en territoire syrien. Les forces syriennes se sont opposées à ces bandes et les combats sont toujours en cours », a affirmé le ministre syrien des Affaires étrangères dans un message adressé à son homologue libanais et reproduit par SANA.
« Les forces syriennes font preuve de retenue en ne frappant pas ces bandes à l’intérieur du territoire libanais pour les empêcher de traverser en Syrie, mais cela ne durera pas indéfiniment », avertit Damas.

 

(Pour mémoire : L'armée syrienne libre menace de porter la guerre au Liban)


La Syrie « attend de la partie libanaise qu’elle n’autorise pas ces bandes à utiliser la frontière pour passer en Syrie car celles-ci nuisent à la sécurité du peuple syrien, violent la souveraineté syrienne et abusent des bonnes relations fraternelles entre nos deux pays », ajoute le message syrien.
Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur de Syrie à Beyrouth avait annoncé avoir remis aux autorités libanaises une lettre de protestation « contre les violations à la frontière entre les deux pays ».
« Des hommes armés s’infiltrent depuis deux jours dans la localité syrienne de Tell Kalakh et il y a eu plusieurs autres violations dans cette région », a affirmé l’ambassadeur dans un entretien avec la chaîne de télévision al-Mayadeen.


À plusieurs reprises depuis le début du conflit en Syrie il y a deux ans, des combats impliquant l’armée syrienne ont éclaté à la frontière entre la Syrie et le Liban. L’armée syrienne a en outre dans le passé tiré des obus en territoire libanais, faisant des victimes.
Des informations font état d’un soutien armé de combattants du Hezbollah au régime syrien et d’une aide d’islamistes libanais sunnites à la rébellion, faisant craindre un réel débordement.
À Tripoli, des jeunes habitants du quartier de Bab el-Tebbaneh ont mis le feu hier soir à trois camions-citernes syriens transportant du mazout, après avoir battu et détenu pendant quelques heures leurs conducteurs, selon une source des services de sécurité.
Ils ont inscrit avec des bombes de peinture noire sur les camions-citernes le nom du Front al-Nosra, le groupe formé de jihadistes qui combattent aux côtés des rebelles les troupes syriennes. Ils ont également endommagé quatre autres camions.

 

(Lire aussi : Lever l’embargo sur les armes, « c’est maintenant »)

Le Conseil de sécurité
À New York, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU se sont dit « très inquiets » des « incidents frontaliers répétés » entre la Syrie et le Liban, dans une déclaration adoptée hier.
Dans une rare unité sur ce sujet sensible, les 15 membres du Conseil ont également indiqué redouter « l’impact de la crise syrienne sur la stabilité du Liban », dans un communiqué publié après le vote.
Parmi ces « incidents », la déclaration cite « des tirs par dessus la frontière qui ont provoqué des morts et des blessés dans la population libanaise, des incursions, des enlèvements et un trafic d’armes par la frontière syro-libanaise ».
Le Conseil souligne également « l’importance de respecter totalement la souveraineté, l’unité, l’intégrité territoriale et l’autorité de l’État libanais ». Il invite les Libanais à « s’abstenir de toute implication dans la crise syrienne ».
Il déplore aussi l’impact sur le Liban « du flot grandissant de réfugiés fuyant la violence en Syrie, qui atteint aujourd’hui plus de 360 000 personnes », et demande à la communauté internationale de « tenir les promesses d’aide humanitaire faites à la conférence de Koweït du 29 janvier ».

 

(Pour mémoire : Bouchra, la « réfugiée millionième » de la guerre syrienne)


À Beyrouth, le haut-commissaire des Nations unies pour les Réfugiés, Antonio Guterres, a souligné que la solidarité de la communauté internationale avec les efforts du Liban en faveur des populations syriennes déplacées sur son territoire était devenue « une nécessité ».
M. Guterres s’exprimait au terme d’un entretien au Grand Sérail avec le Premier ministre, Nagib Mikati.
Saluant la « grande générosité et la solidarité dont font preuve le Premier ministre, le gouvernement et le peuple libanais » à l’égard des réfugiés syriens, M. Guterres a admis que le Liban « consent des efforts énormes qui dépassent ses capacités ».
Le responsable onusien s’est entretenu également du même sujet avec le ministre des Affaires sociales, Waël Bou
Faour.

 

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