La réunion du Conseil des ministres, hier matin, s’est tenue en l’absence des ministres Samir Mokbel, Hussein Hajj Hassan, Fady Abboud, Adnane Mansour, Marwan Charbel, Fayçal Karamé et Sélim Karam. Prenant la parole au début de la séance, le Premier ministre a tenu, d’emblée, à évoquer « les remous provoqués par l’intervention faite par le ministre des Affaires étrangères en présidant la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères qui s’est tenue en Égypte ». « L’étape délicate que traverse la région arabe, en général, et la Syrie sœur en particulier, a déclaré M. Mikati, nous imposent, en tant que présidents et ministres, voire en tant que forces politiques, toutes tendances confondues, de réaffirmer à nouveau, et encore une fois, les constantes suivantes :
1 – La neutralité du Liban vis-à-vis de la politique des axes et des conflits régionaux et internationaux, de manière à lui épargner les retombées négatives des tensions et des conflits dans la région, et ce pour préserver l’intérêt supérieur du pays, son unité nationale et sa paix civile, dans le cadre de notre engagement à respecter les résolutions de la légalité internationale et le consensus arabe, comme le stipule explicitement la clause 12 de la déclaration de Baabda (adoptée au terme de la dernière réunion de la conférence de dialogue national, tenue l’an dernier au palais de Baabda).
2 – L’engagement à respecter la politique de distanciation du Liban à l’égard de la crise syrienne. Cette politique a été avalisée par les différentes composantes du gouvernement, et le Conseil des ministres l’a réaffirmé à plusieurs reprises, dans des communiqués et des résolutions. Il a été convenu en effet de tenir la politique du gouvernement à l’écart des différents points de vue et prises de position des membres du cabinet représentant les forces politiques en présence. Ces prises de position dépassent le cadre des divergences de points de vue et atteignent le stade de la contradiction totale entre les membres du gouvernement au sujet de la situation en Syrie. La politique de distanciation se répercute positivement sur la stabilité et la paix civile dans le pays.
3 – L’engagement à se conformer à l’appel sincère lancé par le président de la République, et qu’il ne cesse de réitérer, en vue de s’en tenir à la déclaration de Baabda et à la position du gouvernement portant sur la neutralité (vis-à-vis de la politique des axes régionaux). Le président de la République souligne que les points de vue des différentes factions et forces politiques n’engagent pas le gouvernement et ne modifient en rien les constantes du gouvernement, puisées de la déclaration de Baabda. Nous nous sommes associés à l’appel du président de la République aux ministres, les invitant à se conformer (aux constantes de Baabda), dans le cadre de l’exercice de leurs prérogatives et de leur rôle au sein du Conseil des ministres, lequel définit la politique générale dans tous les domaines. »
Et le chef du gouvernement de poursuivre : « Ce qui se passe autour de nous et les dangers qui nous entourent du fait des événements ne sauraient permettre à aucun d’entre nous d’exprimer un point de vue personnel ou une position fondée sur ses convictions ou sa ligne de conduite politique. Une telle attitude risquerait en effet de provoquer une brèche qui pourrait être exploitée par certains pour émettre des doutes au sujet de la sincérité du gouvernement et de son engagement réel, dans les faits, à se tenir à l’écart et à tenir le Liban à l’écart, de la politique des axes qui se manifeste dans la région et les pays arabes. De ce fait, tout point de vue personnel n’engage en rien le gouvernement qui n’est concerné que par l’attitude politique rendue publique sur ce plan. »
Et M. Mikati de conclure : « Une fois de plus, j’insiste auprès de tous les ministres sur la nécessité de se conformer à la déclaration de Baabda et à la décision du Conseil des ministres de tenir le Liban et le gouvernement à l’écart de la crise syrienne afin de mener le Liban à bon port en préservant la stabilité et la paix civile. »
Le ministre de l’Information, Walid Daouk, devait indiquer, dans le communiqué officiel lu à l’issue de la séance du cabinet, que « le Conseil des ministres a approuvé l’intervention du Premier ministre et a réaffirmé l’engagement à se conformer à la politique de distanciation ».
Les voix dissonantes
Le désaveu officiel essuyé ainsi par le ministre des Affaires étrangères n’a pas empêché le Hezbollah de revenir à la charge et d’appuyer la prise de position de M. Mansour, réaffirmant que celle-ci est conforme « aux constantes nationales ». Le député Nawaf Moussaoui, membre du bloc du Hezbollah, a ainsi rendu hommage aux « positions historiques du ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour qui sont conformes aux constantes nationales et patriotiques, lesquelles sont dans l’intérêt du Liban et des Arabes, en général ». « La campagne menée contre lui sur le double plan interne et externe est une campagne orchestrée et programmée afin de contraindre le Liban à rejoindre le front hostile à la Syrie », a déclaré M. Moussaoui.
Abondant dans le même sens, le député Ayoub Hmayyed, membre du mouvement Amal, a affirmé que le ministre Mansour « n’a commis aucune faute en demandant à la Ligue arabe de revenir sur sa décision concernant l’expulsion de la Syrie ». « Cette prise de position, a souligné M. Hmayyed, ne justifie pas toutes ces attaques lancées sur le double plan interne et externe. »
J'espère que cela ne concerne pas les °OLJnautes responsables....!
13 h 18, le 13 mars 2013