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À La Une - Syrie

Tractations ardues pour libérer les Bérets bleus du Golan

Raqa toujours sous les bombes ; MSF réclame un accord politique « sur l’aide humanitaire » ; au moins 123 morts hier.

Sur cette capture d’écran de la vidéo mise en ligne par l’Organisation syrienne des droits de l’homme, trois des 21 observateurs de l’ONU enlevés par des rebelles syriens près de la localité de Jamla au Golan. AFP/YouTube

Des négociations étaient en cours hier pour obtenir la libération de 21 observateurs philippins de l’ONU capturés par les rebelles en Syrie. Dans le premier rapt du genre depuis le début du conflit il y a près de deux ans, des rebelles ont enlevé 21 observateurs philippins de la force de l’ONU chargée depuis 1974 de faire respecter un cessez-le-feu entre Israël et la Syrie sur le plateau du Golan, occupé en grande partie par l’État hébreu.
Les responsables de la Force de l’observation du désengagement sur le Golan (FNUOD) ont ainsi engagé des négociations pour libérer les observateurs, capturés lors d’une « mission d’approvisionnement » près de Jamla, selon Manille et l’ONU. Un peu plus tard, le porte-parole de l’ONU Martin Nesirky a affirmé que la FNUOD avait été « en contact avec eux par téléphone et confirmé qu’ils n’ont pas été maltraités ».


La Brigade des martyrs de Yarmouk, le groupe rebelle responsable du rapt, a affirmé à l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qu’il exigeait, pour les libérer, le retrait de l’armée de Jamla. L’OSDH a de son côté diffusé sur Internet une vidéo montrant six des observateurs en habit militaire, assis les uns à côté des autres dans une pièce, avec un homme se présentant comme membre du bataillon philippin. Dans un communiqué diffusé plus tard par SITE, un centre américain de surveillance de sites islamistes, le groupe indique que les observateurs de l’ONU ont été « sauvés des bombardements » du régime et qu’ils sont « sous notre protection jusqu’à ce que nous les conduisions dans des zones sûres ». Il appelle l’ONU à envoyer une équipe à laquelle ils seront remis.
La représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a exigé de son côté la libération « immédiate et sans conditions » des observateurs de l’ONU. Les attaques contre l’ONU ou son personnel sont « inacceptables », a-t-elle martelé.

 

 


Israël redoute quant à elle que cette détention provoque le départ de l’ensemble de la FNUOD. « Cet enlèvement risque de convaincre des pays disposant de contingents dans cette force de les rapatrier, ce qui créerait un vide dangereux dans la zone neutre où elle est déployée sur le Golan », a ainsi estimé un responsable qui a requis l’anonymat.

 

(Lire aussi : Pourquoi la crise syrienne doit être résolue dans les plus brefs délais...)

 Catastrophe absolue
Toujours sur le terrain, Raqa, première capitale provinciale à tomber aux mains des rebelles depuis le début du conflit, a été la cible de nouveaux raids de l’aviation, selon l’OSDH. D’après le quotidien officiel, al-Watan, « de nombreux corps de terroristes gisent sur les bords des routes après avoir été visés par l’armée de l’air ». Ailleurs dans le pays, dans la ville de Homs, l’armée bombardait le quartier rebelle de Khaldiyé, que les forces du régime tentent de reprendre depuis des mois.


Les violences ont fait hier dans le pays au moins 123 morts, selon un bilan provisoire.


Par ailleurs, le gouvernement irakien a fermé l’un de ses points de passage avec la Syrie et envoyé des renforts dans la zone après la mort d’un soldat irakien tué par des tirs venus de l’autre côté de la frontière, a-t-on appris auprès du ministère de la Défense.


Depuis deux ans, les violences ont fait plus de 70 000 morts, un million de réfugiés, dont une moitié d’enfants, et des millions de déplacés selon l’ONU qui a parlé de « catastrophe absolue ». Face à l’ampleur du désastre humanitaire, l’Unicef a affirmé avoir besoin jusqu’à juin de 80 millions de dollars pour agir en faveur des réfugiés en Jordanie. L’organisme indique que 57 % de ces réfugiés sont des enfants, précisant que « 20 % d’entre eux ont moins de 5 ans ».


À Paris, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) s’en est pris au régime de Bachar el-Assad qui cible, selon elle, les structures de santé et empêche l’envoi d’aides dans de vastes zones du pays, mais aussi aux institutions internationales pour leur pusillanimité. L’ONG a réclamé un accord politique « sur l’aide humanitaire pour faciliter son acheminement ».


Alors qu’aucune issue au conflit ne semble en vue en raison de la division de la communauté internationale, le chef de la Coalition de l’opposition Ahmad Moaz el-Khatib a adressé une lettre aux secrétaires généraux de l’ONU, de la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pour dénoncer le « génocide du peuple syrien (...) perpétré au su et au vu du monde ».
À l’occasion du 50e anniversaire de l’arrivée du Baas au pouvoir en Syrie, ce parti a affirmé de son côté que « la Syrie va surmonter cette crise et sera plus forte, le parti étant déterminé à faire avorter les complots qui visent l’unité de la Syrie ».

 

(Pour mémoire : La Ligue arabe dit oui à l’aide militaire aux rebelles)

L’opposition turque
Parallèlement, Bachar el-Assad a salué les partis de l’opposition turque qui critiquent le soutien d’Ankara aux rebelles combattant les troupes de Damas, selon un communiqué de la présidence. « Le peuple syrien tient en estime la position des forces et des partis représentant le peuple turc qui refusent les politiques du gouvernement de Recep Tayyip Erdogan », indique ainsi le communiqué diffusé après une rencontre entre M. Assad et une délégation du Parti républicain du peuple, principal parti de l’opposition. Selon le communiqué, la délégation turque a fait savoir au président « le refus du peuple turc de s’ingérer dans les affaires intérieures syriennes et son souci des relations de bon voisinage ».


Enfin, les autorités de Damas ont déclaré hier avoir découvert du matériel d’espionnage israélien sur un « site sensible » de la côte syrienne de la Méditerranée. La télévision nationale syrienne a montré ce qu’elle a présenté comme une caméra, six grosses batteries et du matériel de transmission ainsi que de faux rochers qui auraient servi à camoufler tout ce matériel. De source autorisée, citée par la télévision, on indiquait que ce matériel avait été signalé ces derniers jours en un endroit non précisé de la côte et on estimait que cette découverte mettait en lumière le rôle joué par Israël dans le soulèvement contre le régime du président Bachar el-Assad. L’armée israélienne a déclaré qu’elle vérifiait l’information et n’a pas donné de plus amples précisions.

 

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