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Lifestyle - Inde

Ces enfants qui survivent au travail dans les mines

L’État du Meghalaya a l’intention de se doter pour la première fois d’une politique minière.

Un enfant dans une mine du village de Mulang, dans l’État du Meghalaya. Roberto Schmidt/AFP

À 13 ans, Sanjay Chhetri se lève chaque jour avec la même peur : que la mine de charbon où il travaille s’effondre et l’ensevelisse à jamais. Comme des milliers d’enfants dans le nord-est de l’Inde, il gagne sa vie accroupi dans des tunnels si étroits que seuls des enfants peuvent s’y glisser. L’adolescent à la fine ossature est doté de la morphologie adéquate pour travailler dans la lucrative industrie minière de l’État du Meghalaya : l’entrée des galeries, sombres et humides, est bien trop petite pour une corpulence d’adulte.
Sanjay embauche au cœur de la nuit, descend le long d’échelles glissantes avec deux pioches et une minuscule lampe frontale, et s’enfonce dans les profondeurs du sous-sol, à 1 400 mètres sous terre. Là, il s’accroupit tant qu’il peut et se glisse dans un trou à rat de 60 centimètres de hauteur, en traînant un wagon vide derrière lui. C’est là que son cauchemar commence : « C’est terrifiant d’imaginer que le plafond tombe sur moi quand je travaille », dit-il. Douze heures plus tard, il aura empoché 200 roupies, soit 3,40 dollars. C’est plus que ce que gagnent ses parents, des manœuvres qui vivent dans la capitale de l’État, Shillong.
Le travail des mineurs est pourtant illégal en Inde, avec des différences sur l’âge légal de la majorité en fonction des États. Mais le Meghalaya n’est pas soumis à cette loi sur la mine en raison de son statut spécial d’État du Nord-Est, peuplé de nombreuses tribus, où s’exerce un droit coutumier qui l’emporte sur la législation nationale. N’importe quel propriétaire terrien peut ainsi creuser une mine à sa guise et les lois en vigueur ne l’obligent à aucune mesure de sécurité. Dans ces mines artisanales, aucune technologie sophistiquée : les mineurs creusent eux-mêmes les galeries avec des pelles et des pioches.

Retourner à l’école
Aîné d’une famille de huit enfants, Sanjay a quitté l’école voilà deux ans lorsque sa famille ne pouvait plus payer les factures. « C’est un travail très difficile, j’ai du mal à tirer le wagon quand je l’ai rempli de charbon », confie-t-il. Alors qu’il grelotte dans un jean maculé de charbon, chaussé de tongs qui dévoilent des pieds ridés comme s’ils appartenaient à un homme beaucoup plus âgé, il raconte que ses parents lui demandent de rentrer à la maison pour travailler avec eux. Mais il n’est pas encore prêt à quitter la mine. « J’ai besoin d’économiser de l’argent pour retourner à l’école. Mes amis me manquent et je me souviens encore de l’école. J’ai encore mes vieux rêves. »
Le responsable de la mine, Kumar Subba, assure que des enfants comme Sanjay affluent en nombre devant la mine pour se faire embaucher. « Il s’en présente toujours de nouveaux. Ils mentent sur leur âge, disent qu’ils ont vingt ans alors qu’on voit bien sur leur visage qu’ils sont beaucoup, beaucoup plus jeunes. » Surya Limu, au visage poupin, est parmi les dernières recrues de l’équipe de Kumar Subba, dans le village de Rymbai. Il assure avoir 17 ans. Et contrairement à ses collègues plus expérimentés, Surya descend lentement l’échelle précaire dans un mouvement qui crispe ses traits délicats. « Bien sûr j’ai peur, mais qu’est-ce que je peux faire ? J’ai besoin d’argent, comment faire autrement pour rester en vie ? » affirme-t-il.
Selon une association caritative, Impulse NGO Network, 70 000 enfants sont actuellement employés dans les mines du Meghalaya. « Les propriétaires des mines trouvent moins cher d’extraire le charbon en utilisant des méthodes manuelles et non scientifiques, et ils trouvent aussi que c’est moins cher d’employer des enfants. La police empoche des pots-de-vin et regarde ailleurs », dénonce Rosanna Lyngdoh, une militante.
Mais après des décennies d’extraction minière sans réglementation, l’État a l’intention de se doter cette année pour la première fois d’une politique minière. Le projet de loi stipule que les propriétaires des mines n’emploient plus d’enfants, même s’il n’interdit pas pour autant l’exploitation de ces boyaux étroits et étouffants qui évoquent des trous à rat. « Aussi longtemps que ce genre de mines existera, les enfants seront toujours employés parce qu’ils ont la bonne taille pour ramper », prédit Rosanna Lyngdoh.
(Source : AFP)
À 13 ans, Sanjay Chhetri se lève chaque jour avec la même peur : que la mine de charbon où il travaille s’effondre et l’ensevelisse à jamais. Comme des milliers d’enfants dans le nord-est de l’Inde, il gagne sa vie accroupi dans des tunnels si étroits que seuls des enfants peuvent s’y glisser. L’adolescent à la fine ossature est doté de la morphologie adéquate...

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