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À La Une - Liban - grille des salaires

Grille des salaires : Le Conseil des ministres continue d’ignorer la mobilisation sociale

Rassemblement massif à Beyrouth devant le siège du gouvernement, à l'appel du Comité de coordination syndicale.

Des manifestants, le 27 février 2013, marchant vers le Grand Sérail, siège du gouvernement de Nagib Mikati à Beyrouth, pour réclamer le transfert de la grille des salaires des employés su secteur public au parlement. Photo Hussein Assal

Grève générale, neuvième jour.

Des milliers de fonctionnaires, d’enseignants, de contractuels et de retraités, venus de tout le Liban, ont répondu présent, ce mercredi matin, au nouvel appel à la mobilisation lancé par le Comité de coordination syndicale (CCS).

Au menu du jour : marcher de Barbir vers le Grand Sérail, siège du gouvernement à Beyrouth, où les manifestants sont arrivés vers midi, alors que d'autres grévistes s'étaient rendus directement au centre ville de Beyrouth.

 

Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), des manifestations et rassemblements avaient également lieu à travers tout le Liban.

 

L’objectif n’a pas changé : faire pression sur le gouvernement de Nagib Mikati pour qu’il transmette au Parlement la nouvelle grille des salaires dans la fonction publique et chez les enseignants du secteur privé. Le cabinet refuse de transférer cette grille, adoptée en Conseil des ministres en septembre dernier, tant qu’il n’aura pas défini les moyens de la financer.

Comme annoncé mardi, le Conseil des ministres, qui s'est réuni aujourd'hui, n'a pas abordé ce dossier.

Au début de la séance, qui s'est tenue au Grand Sérail, le chef du gouvernement avait conseillé aux syndicalistes à la patience, les appelant à ne pas recourir à l'escalade qui, selon lui, ne mènera nulle part.

"Personne ne s'oppose à la nouvelle grille des salaires, nous sommes en phase finale de l'évaluation des sources de son financement, a déclaré M. Mikati. Nous avons eu une série de réunions avec le CSS et nous lui avons expliqué la situation. Mais le CSS a opté pour l'escalade dans la rue afin d'enregistrer un exploit médiatique immédiat", a-t-il ajouté.
Au terme de la réunion, le ministre libanais des Affaires sociales Waël Bou Faour a annoncé que M. Mikati va intensifier ses réunions afin d'assurer les revenus nécessaires pour la nouvelle grille conformément aux demandes des organismes économiques.

 

Selon la chaîne MTV, la commission ministérielle en charge du dossier va reprendre demain jeudi ses réunions afin d'examiner les sources de financement de la nouvelle grille.

 

Une foule "unie pour la dignité et l’unité nationale"

Ce matin, face à la foule compacte, le président du syndicat des enseignants, Nehmé Mahfoud, avait pourtant appelé Nagib Mikati à convoquer le Conseil des ministres pour une réunion extraordinaire "demain ou après-demain au plus tard" pour transférer, pour adoption, la nouvelle grille des salaires au Parlement. "Si la grille n’est pas avalisée, nous resterons dans la rue", a affirmé M. Mahfoud.

 

Prenant la parole après Mahfoud, Hanna Gharib, président du Comité de coordination syndicale (CCS), a salué la foule venue de tout le Liban, une foule "unie pour la dignité et l’unité nationale".

"Qu’ils écoutent bien cette foule qui descend dans la rue depuis neuf jours. Que le gouvernement écoute notre message car cette mobilisation n’est que le début de la révolte des affamés", a lancé le syndicaliste aux manifestants.

 

 

S’adressant aux directeurs des établissements scolaires et aux parents d’élèves, il a ajouté : "Préparez-vous à une bataille cruciale si la grille n’est pas transférée au parlement cette semaine. En plus des enseignants, ce seront les élèves de tout le Liban, ainsi que les étudiants de l’Université libanaise et des autres universités qui descendront dans la rue."

 

"Ne touchez pas aux droits des enseignants", a-t-il poursuivi, mettant en garde contre toute modification de la grille des salaires qui a été approuvée en septembre dernier en Conseil des ministres.

 

"Nous l’avons dit et nous le répétons : si la grille n’est pas adoptée, préparez-vous à une grève générale et globale dans tout le Liban, et pas seulement dans le secteur éducatif. Tout le peuple libanais sera invité à être solidaire du CCS face aux voleurs et aux corrompus", a encore martelé Hanna Gharib.

 

S'adressant à Nagib Mikati, M. Gharib a ajouté : "Nous sommes mobilisés pacifiquement et démocratiquement loin des divisions politiques, rejoignez le peuple libanais. Vous êtes le Premier ministre du Liban, écoutez ce que le Liban a à dire".

 

 

"Mikati enlève tes boules Quies"

Parmi les manifestants se trouvaient beaucoup d’enseignants du public, mais aussi du privé, ces derniers étant concernés aussi par la grille des salaires, de la même manière que leurs collègues du public.

 

Vers 10 h ce mercredi matin, les enseignants du Collège Notre Dame de Jamhour se préparaient à aller manifester. Sur les banderoles préparées par les enseignants, beaucoup de messages, en arabe, à l’intention du Premier ministre Mikati : "Dommage que Mikati n’ait rien appris de ses enseignants", "Mikati enlève tes boules Quies". D’autres messages, aussi, plus généraux : "Le respect des droits des profs est un dû, pas une faveur", "Jusqu’à quand le mensonge, le pillage et le vol ?".

 

 

"Si nous avions des armes, vous n'auriez pas trouvé d'excuses pour ne pas financer la grille des salaires", peut-on lire sur cette pancarte, exhibée par une manifestante, en route pour le Sérail, ce matin. Photo Rania Raad Tawk

 

 

"Cela fait plusieurs jours que nous faisons grève. Hier, plusieurs enseignants de Jamhour ont déjà manifesté. Moi-même, j’ai manifesté avec mes enfants. C’est pour les enfants que nous faisons ça, et c’est ce que nous expliquons aux parents d’élèves", souligne à Lorientlejour.com Rania Raad Tawk, enseignante gréviste de Notre Dame de Jamhour.

 

"Quand nos droits ne sont pas respectés, nous ne devons pas avoir peur de les réclamer", poursuit la jeune femme, qui assure que les enseignants sont prêts à poursuivre le mouvement jusqu’à ce que la grille des salaires des employés du secteur public soit transférée au Parlement.

 

Pour Rania Raad Tawk, qui enseigne l’histoire depuis six ans, l’absence de moyens de financement comme motif brandi par Nagib Mikati pour ne pas transférer la grille des salaires au Parlement, est "une fausse excuse".

"Il y a beaucoup de moyens de financement. Parmi les profs, l’on trouve beaucoup d’économistes prêts à présenter des projets de financement à M. Mikati. Que le cabinet mette fin aux gaspillages, et il trouvera les moyens de financer la grille", poursuit l’enseignante, qui précise que l’administration du collège de Jamhour n’a exercé aucune pression sur ses employés pour les empêcher de faire grève.

"Que les choses soient claires, nous ne sommes pas maltraités par l’administration de Jamhour par exemple, mais par le gouvernement", souligne-t-elle.

 

 

"Nous briserons les restrictions à la hausse des salaires", peut-on lire que cette pancarte, brandie par des manifestants masqués. REUTERS/Sharif Karim 

 

Outre Jamhour, les enseignants de plusieurs écoles privées, dont certaines n’ont pas l’habitude de suivre le mouvement de grève, n’ont pas donné cours mercredi. Les enseignants du Mont La Salle, de Champville, du Lycée et de Nazareth, notamment, ont participé à la manifestation.

 

 

Juges en grève

Selon des informations rapportées par plusieurs médias, les juges se sont également mis en grève, alors que les fonctionnaires du Palais de justice se contentaient de gérer les tâches administratives.

 

Mercredi matin, le ministre libanais de l’Économie, Nicolas Nahas, a critiqué le mouvement de grève. "Il n’est pas normal que le gouvernement adopte des mesures qui risquent de mettre l’économie libanaise en péril", a-t-il dit à la "Voix du Liban" (93.3 FM).

 

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commentaires (3)

Eh bien, c'est toujours sur le dos du " BAUDET " que tombe la charge... Foi d'animaux diraient les Lions, Loups, Hyiènes et autres animaux de proie et rapaces... Pourtant, si les augmentations de salaires ne sont pas accompagnés d'une augmentation de la " production " l'inflation grimpante et rapide les annule dès qu'ils sont agréés. Au Liban, dans le contexte actuel...

SAKR LEBNAN

10 h 15, le 28 février 2013

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Commentaires (3)

  • Eh bien, c'est toujours sur le dos du " BAUDET " que tombe la charge... Foi d'animaux diraient les Lions, Loups, Hyiènes et autres animaux de proie et rapaces... Pourtant, si les augmentations de salaires ne sont pas accompagnés d'une augmentation de la " production " l'inflation grimpante et rapide les annule dès qu'ils sont agréés. Au Liban, dans le contexte actuel...

    SAKR LEBNAN

    10 h 15, le 28 février 2013

  • Les syndicats ont raison. c'est comme en France; les prix augmentent : alimentation, électricité..... mais les salaires ne bougent pas c'est toujours les gens qui doivent se priver, alors que les dirigeants se sucrent, et gardent leurs priviléges

    Talaat Dominique

    14 h 27, le 27 février 2013

  • Pauvres élèves ils sont seuls entrain de payer les pots cassés pour des syndicats toujours irresponsables . Nazira.A.Sabagha

    Sabbagha A. Nazira

    12 h 03, le 27 février 2013

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