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À La Une - Tunisie

Un modéré d'Ennahda, torturé sous Ben Ali, désigné pour le poste de Premier ministre

La désignation de Ali Larayedh, qui occupait le poste de ministre de l'Intérieur, approuvée par le président Moncef Marzouki.

L'actuel ministre tunisien de l'Intérieur Ali Larayedh a été désigné vendredi 22 février par son parti islamiste Ennahda pour prendre la tête du gouvernement et tenter de former une équipe à même de sortir le pays d'une profonde crise politique déclenchée par l'assassinat d'un opposant. AFP/FETHI BELAID

Le président tunisien Moncef Marzouki a approuvé vendredi la désignation par le parti islamiste Ennahda d'Ali Larayedh, actuel ministre de l'Intérieur, au poste de Premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer.

 

"Le président a souhaité du succès à M. Larayedh à qui il remettra ce soir la lettre de sa désignation officielle" comme Premier ministre, a-t-il indiqué dans une allocution en direct à la télévision vendredi. "M. Larayedh aura un délai de 15 jours pour composer son gouvernement et présenter son programme" au chef de l'Etat, a-t-il ajouté, résumant la procédure qui s'enclenche à compter de la nomination officielle.

Le chef de l'Etat a souhaité que M. Larayedh, figure du mouvement Ennahda depuis sa création, s'y attèle "le plus rapidement possible, le pays ne supportant pas d'attendre davantage", a dit le porte-parole.

Le gouvernement de M. Larayedh devra ensuite être approuvé par l'Assemblée nationale constituante (ANC) par une majorité d'au moins 109 députés sur 217.

Ennahda a promis de bâtir la coalition la plus large possible pour sortir le pays de la crise politique dans laquelle il est plongé.

 

Le Premier ministre sortant Hamadi Jebali a démissionné en début de semaine après avoir échoué à former un gouvernement de technocrates face à l'opposition de son propre parti, Ennahda. Cette initiative visait à sortir le pays de sa pire crise politique depuis la révolution de janvier 2011, provoquée par l'assassinat de l'opposant anti-islamiste Chokri Belaïd le 6 février.

 

Prisonnier torturé sous le régime tunisien déchu de Zine El Abidine Ben Ali, puis ministre de l'Intérieur après les élections d'octobre 2011.

 

Agé de 57 ans, M. Larayedh est une figure du mouvement islamiste depuis sa création. Il en a été le président du conseil de la Choura, le Parlement interne du parti, de 1982 à 1986, puis le chef de son bureau politique.

Cet ingénieur de la marine marchande a été arrêté la première fois en 1987 et condamné à mort, quelques mois avant que Zine El Abidine Ben Ali ne renverse Habib Bourguiba, le père de l'indépendance tunisienne et gracie les islamistes menacés d'exécution.

 

Mais dès 1990, il est arrêté de nouveau, puis condamné en 1992 à 15 ans de prison, dont 13 à l'isolement. Alors que la répression contre les islamistes bat son plein, il subit pressions et tortures comme nombre de ses camarades d'Ennahda. Le régime menace de lui inoculer le virus du sida et diffuse des montages vidéo à caractère pornographique le mettant en scène avec un autre homme afin de le discréditer.

Son épouse Ouidad, mère de leurs trois enfants, a subi en prison des violences sexuelles filmées pour faire pression sur son mari, selon la Fédération internationale des droits de l'Homme.

 

Cependant, en octobre 2011, dans la foulée de la révolution de l'hiver précédent, les premières élections libres de l'histoire de la Tunisie voient son parti triompher. Et deux mois plus tard, cet homme moustachu au visage émacié encadré de lunettes devient ministre de l'Intérieur, à la tête des services dont dépendaient ses bourreaux.

 

Bête noire des salafistes

"J'ai frôlé la mort à plusieurs reprises dans les geôles du ministère de l'Intérieur. Mais je fais la différence entre cette période et maintenant. La révolution est venue pour avancer et instaurer une justice transitoire et non pour se venger", explique-t-il alors.

 

Natif de Médenine, dans l'extrême sud du pays, Ali Larayedh est considéré comme un homme de dialogue appartenant à la frange modérée du parti islamiste, tout comme M. Jebali. Les chefs de l'opposition laïque évoquent son ouverture d'esprit par rapport à d'autres dirigeants islamistes de sa génération.

 

Le bilan de ses 14 mois à l'Intérieur est cependant mitigé, marqué par des accusations régulières de laxisme face à l'essor d'une mouvance salafiste violente.

M. Larayedh a ainsi été très critiqué pour n'avoir déployé qu'un dispositif de sécurité minimal autour de l'ambassade des États-Unis le 14 septembre 2012, alors que les islamistes radicaux appelaient à manifester devant le bâtiment.

Les forces de l'ordre ont été rapidement débordées par les manifestants qui ont pu pénétrer dans l'enceinte et incendier son parking ainsi que l'école américaine voisine. Finalement, quatre assaillants ont été tués par les policiers.

 

Mais Ali Larayedh est aussi la bête noire des salafistes, et a ainsi été mainte fois la cible des attaques d'Abou Iyadh, un chef jihadiste considéré comme l'organisateur de l'attaque contre l'ambassade.

"Je m'adresse au ministre de l'Intérieur en personne pour lui dire: vous êtes devenu un fardeau pour votre mouvement et un fardeau pour le peuple", a ainsi lancé Abou Iyadh mi-septembre depuis une mosquée du centre de Tunis encerclée par la police, avant de réussir à s'échapper.

 

Pour mémoire

L’horizon s’assombrit pour les islamistes au pouvoir

Le président tunisien Moncef Marzouki a approuvé vendredi la désignation par le parti islamiste Ennahda d'Ali Larayedh, actuel ministre de l'Intérieur, au poste de Premier ministre, a annoncé le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer.
 
"Le président a souhaité du succès à M. Larayedh à qui il remettra ce soir la lettre de sa désignation officielle" comme Premier ministre,...
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Tant qu'il en existera, des modérés..............

Jaber Kamel

10 h 01, le 22 février 2013

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Commentaires (1)

  • Tant qu'il en existera, des modérés..............

    Jaber Kamel

    10 h 01, le 22 février 2013

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