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À La Une - Loi électorale

L'adoption du projet de loi orthodoxe est "suicidaire", estime le Courant du Futur

Michel Aoun voit en l'adoption du projet de loi électoral, le jour "le plus lumineux dans l'histoire du Liban".

Mardi 19 février 2019, les commissions parlementaires conjointes ont approuvé le projet de loi électorale dit "orthodoxe", pour les prochaines législatives libanaises prévues en juin. Dans la soirée, de jeunes manifestants ont bloqué la route menant au Parlement libanais à Beyrouth. Photo Mohamad Dankar/Twitter

"Suicidaire". Pour les députés membres du bloc parlementaire du Courant du Futur (opposition libanaise), le projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe adopté mardi midi par les commissions parlementaires conjointes est rien moins que "suicidaire" pour le Liban. "Cette loi est un cadeau idéal pour l’ennemi israélien", estime le bloc dans un communiqué lu par le député Ammar Houri, en soirée. Le projet de loi "menace les valeurs nationales, la modération et la coexistence religieuse", a encore déclaré le député, ajoutant que le Courant du Futur continuera de s’opposer au projet "par tous les moyens démocratiques possibles".

 

L’adoption du projet de loi a eu pour conséquence un retrait des commissions du Bloc du Futur, du Parti socialiste progressiste (PSP, de Walid Joumblatt) et du député indépendant du 14 Mars Boutros Harb aujourd'hui.

 

"Nous avons présenté quatre initiatives pour parvenir à un consensus, notre position envers le projet orthodoxe est connue", a déclaré le député du Courant du Futur (opposition libanaise), Ahmad Fatfat, en annonçant le boycott par son bloc des réunions des commissions parlementaires conjointes mardi à la mi journée. "Ce projet constitue un crime contre la modération. Malgré notre retrait, nous continuons à tendre la main à toutes les parties pour aboutir à un consensus", a ajouté le député libanais.

 

Un peu plus tard, le leader du Courant du Futur et ancien Premier ministre Saad Hariri déclarait que l'adoption de ce projet marquait un "jour noir" pour le pouvoir législatif libanais.

 

 

Article 2

Dès hier, le chef du bloc parlementaire du Futur, le député Fouad Siniora, avait averti que "le bloc du Futur boycotterait la prochaine séance (d’aujourd’hui) si le deuxième article (du projet de loi électorale du Rassemblement orthodoxe) devait être soumis au vote des commissions conjointes".

 

Cet article qui prévoit notamment l’élection par chaque communauté de ses députés s’est heurté lundi, au premier jour des réunions des commissions conjointes, à l’opposition des députés du PSP et surtout du bloc du Futur, amenant le président de la Chambre à ajourner le vote jusqu’à aujourd’hui.

Les commissions conjointes ont néanmoins voté lundi le premier article de la proposition orthodoxe qui porte uniquement sur le nombre de sièges parlementaires, qu’il prévoit d’augmenter à 134 (les sièges additionnels étant trois sièges pour les communautés sunnite, chiite et druze ; un siège aux grecs-catholiques et deux sièges aux syriaques).

 

"L’adoption du projet de loi orthodoxe entrave la tenue des élections", a déclaré, de son côté, Boutros Harb, en se retirant, lui aussi, mardi, des commissions parlementaires. "Nous tenons à l’adoption d’une loi qui garantisse la bonne représentation ; départager les gens en confession porte atteinte à la coexistence", a-il encore dit.

 

(Lire aussi : Women in Front, une ONG qui milite pour une forte présence des femmes au parlement libanais)

 

Autre son de cloche du côté des partisans du projet de loi (Forces libanaises de Samir Geagea, Kataëb du président Amine Gemayel, Courant Patriotique Libre de Michel Aoun, et par transitivité Hezbollah).

 

L'adoption par les commissions conjointes du projet dit orthodoxe fait de ce jour le "plus lumineux de l'histoire du Liban", a déclaré, mardi soir, le général Michel Aoun, en référence aux déclarations de Saad Hariri, à l'issue de la réunion hebdomadaire du Bloc du changement et de la réforme.

"Aujourd'hui, ceux qui avaient vu leurs droits amputés les ont récupérés, et ce sans qu'il soit porté atteinte aux autres, s'est félicité M. Aoun. Aujourd'hui, la voix des marginalisés a retrouvé son poids, et nous sommes très contents de cet exploit".

Selon le chef du CPL, le projet orthodoxe va restaurer la parité et une démocratie véritable. "Le projet n'engendrera pas de conflits interconfessionnels, car la concurrence aura lieu au sein d'une même communauté", a-t-il assuré. Et Michel Aoun de poursuivre : "Nous sommes prêts à participer à la reconstruction du Liban, mais sur la base d'un esprit réformateur et d'une égalité des droits".

 

 

Un compromis toujours possible?

D'autres partisans du projet orthodoxes ont insisté, de leur côté, sur le fait qu'un compromis était toujours possible.

 

"Nous ne pouvons pas, sous l'excuse du consensus, arrêter le travail législatif. Nous allons donner une chance au compromis, ce que l'autre partie a refusé", a déclaré, à la mi-journée, Alain Aoun, député du CPL, tout en saluant "un grand pas vers la tenue des législatives sur la base d'une nouvelle loi".

 

Autre partisan du projet orthodoxe, le député des Forces libanaises, Georges Adwane, a lui aussi assuré qu'un consensus était toujours possible. "La porte du consensus est toujours ouverte et ne sera jamais fermée jusqu'à l'adoption d'une nouvelle loi à l'Assemblée", a déclaré le député. "Nous avons toujours été clairs : nous voterons pour le projet orthodoxe mais nous oeuvrerons en même temps à trouver la formule consensuelle qui bénéficierait de l'accord de toutes les parties. Une formule qui assurerait néanmoins la juste représentativité à toutes les parties", a-t-il encore souligné.

 

Le député Kataëb, Samy Gemayel, a, de son côté, estimé que la concertation avec toutes les parties se poursuivra, et souhaité que personne ne se sente visé. "Nous sommes toujours au début du processus, nous avons encore un long chemin avant l'étape du vote à l'Assemblée", a insisté M. Gemayel tendant la main aux protagonistes afin d'arriver à un consensus. Et de poursuivre : "Nous aspirons à une loi qui assure la juste représentativité pour toutes les parties. Toute autre loi, surtout la loi 1960 (actuellement en vigueur) est refusée et nous la boycotterons."

 

Le président du Parlement Nabih Berry a accordé , de son côté, aux protagonistes un délai d'une semaine pour arriver à un consensus, faute de quoi, il convoquera l'Assemblée générale pour débattre du projet dit orthodoxe.

 

 

Manifestation à Beyrouth

En dernière instance, il passera devant le président de la République. Or celui-ci, à l'instar du Courant du Futur, du PSP et des indépendants du 14 Mars, est fermement opposé à une telle formule. Lundi, il avait souligné, à l’adresse des députés, la nécessité de "prendre leurs distances vis-à-vis des projets qui renforcent la polarisation confessionnelle et sectaire, car ils sont contraires à la Constitution et de nature à mettre en danger la paix civile". Une manière pour le président de réaffirmer, sous des considérations d’ordre général, son opposition à la formule en question et son intention, maintes fois exprimée, d’attaquer ce projet devant le Conseil constitutionnel s’il est adopté par la Chambre.

 

Dès mardi soir, de jeunes manifestants opposés à l’adoption du projet de loi ont coupé la route menant au Parlement , dans le centre-ville de Beyrouth, pour manifester leur mécontentement, alors que sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes faisaient état de leur profonde déception, voire écoeurement total.

 

 

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commentaires (7)

Je suis d'accord avec le courant du futur. Je suis pour que les chrétiens élisent 70% des députés sunnites. Cela apportera du ciment á la cohésion nationale.

Daniel Lange

15 h 38, le 19 février 2013

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Commentaires (7)

  • Je suis d'accord avec le courant du futur. Je suis pour que les chrétiens élisent 70% des députés sunnites. Cela apportera du ciment á la cohésion nationale.

    Daniel Lange

    15 h 38, le 19 février 2013

  • Ce général Aoun , un vrai phare, un Phare Aoun !!lumineux !Demandez à Moustapha Nasser, proche conseiller de feu Hariri ce qu'il a dit de son patron sur les armes du hezb. Saad est au courant, signora a déchiré l'accord de ses propres mains, ce mr" propre".

    Jaber Kamel

    14 h 17, le 19 février 2013

  • Attention, y en a qui vont appeler les saoudo-qatari à la rescousse... un peu comme on va appeler son grand frère quant on été battu pas ses camarades...mais ces derniers n'ont pas de courage derniers et ne possèdent rien d'autre que de l'argent et avec une loi électorale pareille, le sale argent n'a que peu d'impact... Ils pourraient alors recourir à an-noussra ou peut-être les donner en guise de moutons de sacrifice au président Assad pour qu'il use de son amitié en leur faveur.

    Ali Farhat

    09 h 20, le 19 février 2013

  • Un modèle exportable en Syrie...?

    M.V.

    08 h 01, le 19 février 2013

  • On ne peut pas tous gagner et on ne peut pas tout gagner, mais il faut que les choses bougent si on veut aboutir à plus de justice. Evidemment cette loi n'est pas parfaite , ni faite pour avantager des particuliers, mais bien des communautés, les plus fragiles en ce moment, et si le Liban ne trouve pas la parade à la brutalité des islamistes qu'on a vu à l'action ailleurs, notre beau modèle volerai en éclats, les plus anti hezb des chrétiens comme Geagix et Gémayel y voient une voie de sortie honorable, le hezb s'est plié aux désirs du CPL, alors que pour lui peu importe l'impact de cette loi, les chiites restent les plus unis au Liban quelque soit le mode de scrutin.La main reste tendue pour encore plus de dialogue pour mieux affiner les choses, mais la messe est dite et les absents auront toujours tort, c'est la seule consolation qui pourrait être accordée aux attardés sur leur temps.

    Jaber Kamel

    07 h 49, le 19 février 2013

  • Voilà ! Que chaque communauté élise ses propres représentants. En partant de là, un SEUL CHEMIN conduit à l'UNITÉ ! DIALOGUE ET ENTENTE...

    SAKR LEBNAN

    07 h 29, le 19 février 2013

  • Une caste politique aveugle qui laisse à désirer dans un pays tribal ou chaque tribu a sa confession et sa politique. Triste . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 51, le 19 février 2013

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