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À La Une - Vatican

Ovation et émotion à l’apparition de Benoît XVI

Le pape fustige l’hypocrisie religieuse lors de sa dernière grand-messe.

Lors de sa dernière messe dans la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du mercredi des Cendres, Benoît XVI est apparu très ému et fatigué. Vincenzo Pinto/AFP

Le pape Benoît XVI, très ému et fatigué, a fait deux apparitions publiques hier au Vatican, les premières depuis l’annonce de sa démission.
Lors de sa dernière messe dans la basilique Saint-Pierre, à l’occasion du mercredi des Cendres, début du carême, le pape a ainsi déploré que « le visage de l’Église (soit) parfois défiguré ». « Je pense notamment aux coups portés à l’unité de l’Église, aux divisions du corps ecclésial », a-t-il dit en présence de nombreux cardinaux. Beaucoup de cardinaux et évêques avaient les larmes aux yeux à la fin de la cérémonie. « La tristesse voile mon cœur », a déclaré le secrétaire d’État Tarcisio Bertone, en lisant un message adressé au pape au nom de tous les cardinaux. Il l’a remercié d’« avoir donné un exemple lumineux de simple et humble travailleur dans la vigne du Seigneur ».
Très ému, le cardinal Bertone a retiré sa barrette (calotte rouge) et embrassé les mains du pape, déclenchant une longue ovation de l’assistance à laquelle le pape allemand, peu enclin aux effusions, a mis fin par quelques mots : « Retournons à la prière. »

 

(Portrait : Le pape théologien confronté aux scandales de l’Église)


Benoît XVI, qui a annoncé sa démission pour le 28 février, avait auparavant fustigé dans son homélie « l’hypocrisie religieuse » et « les attitudes qui recherchent les applaudissements et l’approbation ». « La qualité et la vérité du rapport avec Dieu sont ce qui certifie l’authenticité de tout geste religieux », a-t-il averti.
Le matin, dans la grande salle Paul VI comble à l’occasion de l’audience hebdomadaire, le pape a invité le milliard de catholiques à prier pour « lui, l’Église et le futur pape » qui sera élu lors d’un prochain conclave, prévu « pas avant le 15 mars », selon le Vatican. Pendant ce temps, les spéculations continuaient sur les « papabili » au futur conclave qui se tiendra avant Pâques et qui pourrait commencer le 15, le 16, le 17 ou le 18 février.

 

(Lire aussi: Raï : La décision du pape a créé « un choc positif »)


Notons que des dignitaires musulmans en Égypte ont estimé que la renonciation de Benoît XVI pourrait rouvrir la voie au dialogue avec l’Église catholique, rompu après des déclarations controversées du pape. De meilleures relations entre l’Église et al-Azhar, la plus haute autorité de l’islam sunnite au Caire, dépendront de la position du futur pape sur le monde musulman, selon eux.
En 2006, Benoît XVI avait provoqué une brouille avec le monde musulman en citant un empereur byzantin décrivant le prophète Mohammad comme propageant des idées « mauvaises et inhumaines » par la violence.
Le dialogue avait repris en 2009 avant d’être de nouveau rompu après un appel du pape à protéger les minorités chrétiennes, à la suite d’un attentat-suicide contre une église d’Alexandrie en Égypte, dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011.
À l’époque, al-Azhar avait décidé de suspendre ses rencontres avec le Vatican, considérant des déclarations de Benoît XVI sur les chrétiens d’Orient comme des « attaques répétées contre l’islam ».

 

(Lire aussi: Le processus d’élection d’un nouveau souverain pontife)


L’influent théologien qatari d’origine égyptienne Youssef al-Qaradaoui a indiqué que son Union internationale des ulémas musulmans boycottait le pape depuis ses déclarations de 2006. « Maintenant, Dieu a voulu que nous reprenions le dialogue, après l’élection d’un nouveau pape », dit-il en se disant « optimiste ».
Un tel dialogue se tiendrait alors que les islamistes sont devenus la première force politique dans plusieurs pays de la région suite aux soulèvements arabes de 2011, compliquant davantage les relations avec les minorités chrétiennes.


Des groupes pragmatiques comme les Frères musulmans au pouvoir en Égypte vont probablement accueillir favorablement un dialogue « étant donné leur désir de donner une bonne image », selon Achraf al-Chérif, professeur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire.
Les mouvements salafistes, des fondamentalistes musulmans, sont traditionnellement moins ouverts à des discussions interreligieuses, mais d’après M. Chérif, ils pourraient ne pas avoir d’objections car « le dialogue est essentiellement une formalité ». Une reprise du dialogue devrait être basée sur une relation entre institutions, pas sur des liens entre personnes, estime Hassan Waguih, qui enseigne les sciences politiques à l’Université d’al-Azhar. Le futur pape, selon lui, devra s’attaquer aux problèmes entre le Vatican et les musulmans et inciter « au respect mutuel ».
« Le futur pape devra ne pas attaquer l’islam », déclare un haut responsable d’al-Azhar, Mahmoud Achour, pour qui les relations avec le Vatican doivent être basées sur le principe que les religions « se complètent, plutôt que d’être en compétition ».
(Source : AFP)

 

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