Neutraliser les armes du Hezbollah via un accord avec l’Iran

Les milieux politiques sont divisés sur la question du devenir des armes du Hezbollah à la lumière des développements en Syrie. Certains défendent avec optimisme la possibilité pour le parti chiite de remettre ses armes à l’armée, ou au moins, de s’engager solennellement à ne pas les utiliser à l’intérieur du pays, quelles que soient les circonstances de cet usage. Ces deux cas de figure produiraient une décongestion de la scène locale, qui se détacherait progressivement des conflits régionaux. Si le Hezbollah remettait ses armes à l’institution militaire, celle-ci deviendrait la garante de la stabilité et surtout de l’isolement définitif du Liban par rapport aux répercussions des crises régionales qui continuent de menacer le pays. Une initiative positive et surtout audacieuse du Hezbollah dans le sens de la remise de ses armes, ou du moins de la limitation de leur usage, préluderait en outre à une relance du dialogue national et donc à des concertations efficaces visant à former un nouveau gouvernement qui serait celui d’une véritable union nationale et non un cabinet couvant une dissidence nationale. Cette redynamisation du terrain local assurerait plus que jamais la tenue des législatives dans une ambiance d’apaisement, qui proviendrait directement de la volonté du Hezbollah de se convertir en parti politique, prêtant entière allégeance à l’État libanais. La justice et le pardon amorceraient ensuite une réconciliation avec les précédentes phases, notamment l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, à travers la remise des accusés au Tribunal spécial pour le Liban.
Néanmoins, la probabilité de ce scénario, aussi bénéfique soit-il pour le pays et l’ensemble de ses acteurs politiques – du moins sur le long terme – est mise en doute dans plusieurs milieux, où prévaut la conviction que les armes du Hezbollah sont un enjeu d’abord externe. La question des armes ne saurait être soulevée avec leurs détenteurs mais avec leur source, à savoir l’Iran. L’arsenal du Hezbollah est une carte entre les mains de Téhéran, visant à exercer des pressions stratégiques sur les acteurs régionaux, comme l’avait été pour Damas la carte des armes palestiniennes au Liban. La seule issue plausible à l’insécurité libanaise serait d’aboutir à un accord avec l’Iran sur son programme nucléaire et sa feuille de route régionale, à défaut duquel les armes du Hezbollah demeureront un moyen de pression régionale, indissociable du risque de discorde intérieure. Un accord avec l’Iran serait la meilleure voie pour garantir le non-usage des armes du Hezbollah à l’intérieur, dans le cadre de la stratégie régionale iranienne.