La huitième, une classe difficile à gérer pour les profs incompétents

Les élèves du primaire parviennent en classe de huitième sans avoir jamais redoublé leur classe, vu l’application du principe de passage de classe automatique dans le primaire (un principe qui sera d’ailleurs abandonné). La majorité des élèves n’ont donc pas le niveau académique requis. Il existe aussi une nette différence de niveau entre les élèves eux-mêmes, surtout depuis la présence d’enfants syriens dans les écoles libanaises. C’est la raison pour laquelle la classe de huitième est particulièrement difficile à gérer pour les enseignants, explique la directrice d’une école publique de Baalbeck, qui préfère garder l’anonymat.
Par ailleurs, la majorité des enseignants envoyés dans les écoles publiques sont « des contractuels nouvellement embauchés, sans formation, sans statut, sans stabilité », poursuit la directrice. « Ils ne perçoivent pas de salaire à la fin de chaque mois, ne bénéficient d’aucune indemnité de transport ni de la moindre formation ». Face à cette insécurité de l’emploi, ils cumulent les heures d’enseignement dans plusieurs écoles. « Fatigués, stressés, pris par leurs problèmes personnels, ils manquent de méthode et font preuve d’incompétence. Certains ont même de la difficulté à tenir leur classe. Ils élèvent alors la voix et grondent les enfants », reconnaît la directrice.
Face aux plaintes des parents d’élèves, cette directrice d’école se doit de réagir. « Je fais un véritable matraquage. Je n’arrête pas d’expliquer aux enseignants qu’ils doivent changer de méthode d’enseignement », assure-t-elle. Mais certains n’y parviennent pas. « Ils persistent à croire que leur méthode est infaillible et que les élèves sont nuls, déplore-t-elle. D’autres enseignants, bénéficiant d’un piston, se sachant inamovibles, font même preuve de violence envers les élèves. »