Rechercher
Rechercher

Liban - Droits de l’homme

L’État libanais a raté le coche des réformes en 2012, selon HRW

Human Rights Watch a rendu public hier son rapport sur l’année 2012, portant sur quelque 90 pays dont le Liban. Pour ce dernier, le constat n’est pas reluisant.

Impunité et absence de réformes. Ces mots sont revenus à plusieurs reprises hier lors de la conférence de presse tenue par des responsables de Human Rights Watch (HRW), dès qu’ils abordaient le sujet du Liban. « L’impunité est un problème essentiel au Liban, nous l’avons constaté dans le dossier des disparus, ou encore dans les pratiques de la torture lors des interrogatoires, a déclaré Nadim Houry, vice-directeur de la branche Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation. À tous ces niveaux, il n’y a eu aucun progrès en 2012. »
En ce qui concerne le Liban, le rapport insiste beaucoup sur le mauvais traitement infligé dans certains cas aux détenus lors des gardes-à-vue ou des périodes de détention préventive et d’emprisonnement. Nadim Houry constate que « ceux considérés comme marginaux par rapport à la loi libanaise sont les plus vulnérables à ce genre de traitements ». L’association a rapporté « des plaintes de maltraitance lors de
gardes-à-vue dans le centre de détention pour étrangers, secteur Palais de justice, et dans le poste de police de Hobeiche (Beyrouth) ».
Nadim Houry a relevé une note positive, à savoir la décision du ministre de la Justice Chakib Cortbaoui d’interdire l’examen anal, après qu’il eut été perpétré contre 36 hommes dans une affaire récente. Mais il a déploré le manque de réponse de la police et de l’armée aux plaintes pour violence. « Les abus perpétrés par les forces de l’ordre ne s’arrêteront pas tant que le Liban ne pénalisera pas les agresseurs et ne mettra pas en place des mécanismes de surveillance des sites de détention », a-t-il ajouté. En réponse à une question, il a souligné que les abus sont pratiqués par toutes les agences de sécurité dont aucune ne rend des comptes pour ses agissements. Il a ajouté que peu de plaintes en bonne et due forme sont présentées par les avocats des victimes de ces abus et très peu font l’objet d’enquêtes.

L’affaire Tlass
Le rapport s’est attardé sur la situation des réfugiés syriens au Liban. Lama Fakih, chercheuse pour la partie libanaise du rapport, a noté que les réfugiés de Syrie, de plus en plus nombreux, restaient vulnérables notamment à la détention (présence illégale sur le territoire), ou à l’extradition (pour des raisons politiques). Elle a parlé de quatorze cas d’extradition dans l’année, malgré les craintes exprimées par la plupart de ces personnes pour leur sécurité en Syrie. Elle a abordé le cas du général Tlass, un officier de l’Armée syrienne libre réfugié au Liban, qu’on menace actuellement d’extradition.
En réponse à une question, Nadim Houry a souligné que « selon les informations qui nous sont parvenues, l’officier n’aurait toujours pas été extradé ». Selon lui, le ministre de l’Intérieur a promis que l’officier ne le serait pas, mais HWR suit cette affaire de près. « Nous appelons les autorités libanaises à ne plus considérer la possibilité de extradition des réfugiés vers leur pays d’origine », a insisté Lama Fakih. Elle a parlé d’autres menaces contre leur sécurité comme certains cas d’enlèvements de réfugiés par des parties non officielles.
Un autre important volet du rapport (dans sa partie libanaise) est celui des droits des femmes, au niveau desquel aucun progrès n’a été enregistré. Lama Fakih a abordé plus particulièrement les amendements de lois nécessaires dans ce domaine, notamment ceux qui devraient permettre à la Libanaise de transmettre sa nationalité à son mari et ses  enfants étrangers (projet de loi rejeté en janvier 2013) ou encore la loi censée protéger de la violence domestique (qui fait l’objet de nombreux débats au Parlement). « Il existe toujours des discriminations dans les législations, comme pour celles régissant les divorces par exemple : la femme n’a pas toujours la possibilité de se libérer d’un mauvais mariage et doit parfois faire des concessions très importantes pour retrouver sa liberté », dit-elle.
Ces projets de loi font partie des principales occasions perdues du gouvernement en 2012, telles que recensées par HWR, ainsi que le report de la création d’un Haut Conseil des droits de l’homme et d’une commission chargée de révéler le sort des disparus de la guerre, ou encore le projet de l’amélioration de l’état des prisons. « Le gouvernement ne donne malheureusement pas d’importance à ces sujets », a souligné Nadim Houry.

 

S.B.

Impunité et absence de réformes. Ces mots sont revenus à plusieurs reprises hier lors de la conférence de presse tenue par des responsables de Human Rights Watch (HRW), dès qu’ils abordaient le sujet du Liban. « L’impunité est un problème essentiel au Liban, nous l’avons constaté dans le dossier des disparus, ou encore dans les pratiques de la torture lors des...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut