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Lifestyle - Rencontre

Jean Boghossian : « Je suis un boulimique de la vie ! »

« C’est génétique », aime-t-il à préciser lorsqu’il parle de sa vocation pour la joaillerie, pour l’humanitaire et pour l’art en général. De grand-père à petit-fils, 4 générations et un siècle, Jean Boghossian a saisi et transmis cette double passion comme un relais idéal sous des enseignes complémentaires : Jean Boghossian et Bogh-Art pour la bijouterie et la Fondation Boghossian pour l’art.

Jean Boghossian, président de la Fondation Boghossian.

« On ne fait ce métier que si on tombe dans cette marmite ! » confie Jean, fils de Robert Boghossian, petit-fils de Ohannès et qui, comme le feront plus tard ses sœurs Mary et Christiane, son frère Albert puis ses fils, était prédestiné à suivre la lignée familiale.
Pourtant, cet homme plein de charme a emprunté de nombreux chemins de traverse, s’égarant volontairement dans des pays, des rencontres et des études qui n’ont cessé d’alimenter, sans la rassasier, sa curiosité intellectuelle et humaine. Aujourd’hui président de la Fondation Boghossian, installée à la villa Empain qui a ainsi retrouvé une nouvelle vie, artiste-peintre, ce boulimique d’apprendre et de travailler est un homme visiblement heureux. « Avec mon frère et mes sœurs, nous avons baigné et évolué dans une atmosphère imprégnée de culture et de beauté... »
Tout a commencé très tôt. À 6 ans, déjà, son père lui désigne un professeur de dessin, convaincu qu’un joaillier réussi devait « obligatoirement savoir dessiner ses propres croquis ». C’est vers l’âge de 12 ans que démarre l’apprentissage du métier. « Chaque été, se souvient-il, j’en apprenais un aspect. Le polissage, le sertissage, la taille de diamant... » Lorsqu’il obtient son diplôme en économie, le jeune homme, premier de session, part à la découverte du monde puis revient, sans doute l’appel de la connaissance, poursuivre des études en sociologie. En 1975, premier coup de feu, le coup de feu de trop, un enfant qui pointe son arme contre lui, et le voilà, arménien exilé, à nouveau embarqué vers d’autres horizons. « Ma famille avait déjà fui le génocide de 1915. Mon grand-père s’était installé en Syrie, où mon frère et moi sommes nés, puis au Liban. Je n’aurais jamais pensé quitter, mais j’étais trop dans le monde pour être dans ce microcosme de guerre civile... »
Destination : la Belgique. Grossiste en pierres précieuses, il réussit à se faire une réputation et installe à Anvers une boutique spécialisée dans les diamants puis une autre, avec son frère Albert, à Genève. « Nous nous sommes petit à petit développés pour devenir des fabricants de bijoux pour des marques célèbres. Je dessinais moi-même quelques modèles dans les coulisses. » Avec ses fils Ralph et Roberto, Jean Boghossian sort de l’ombre en 2008 et crée un label, Bogh-Art, et une enseigne à Bruxelles et Genève. Dans Bogh-Art, il y a aussi le mot art.

Citoyen du monde
« Je suis un homme des hôtels. J’habite dans le monde entier et je vis dans des hôtels... » Même à Bruxelles où il réside, Jean Boghossian occupe une chambre dans un célèbre palace et en a transformé une autre en atelier de peinture où il peut s’engouffrer, la nuit, pour y produire des toiles et des sculptures. « Mon art, c’est ma survie. » De la représentation la plus formelle, le voilà aujourd’hui dans l’abstraction la plus totale, avec de nombreuses expositions à son actif dont une, intitulée « L’Épreuve du feu », qui eut lieu au Beirut Exhibition Center en 2011.
Outre la culture, les Boghossian ont également baigné dans la bienfaisance, « une notion essentielle et qui remonte à notre grand-père ». Organisation de vacances pour enfants démunis, distribution de vivres en Syrie et au Liban, les aides se sont organisées dans un rituel imperturbable, jusqu’au tremblement de terre d’Arménie en 1988. Il a fallu agir vite sur le terrain, reconstruire dans l’urgence, assurer de l’eau dans les villages. Quatre ans plus tard, et pour « soutenir les nombreux projets pédagogiques, urbanistiques, artistiques et culturels », la Fondation Boghossian voit le jour et centralise dans un même « lieu » les diverses activités de la famille, dont des constructions d’écoles, d’orphelinats et d’académies. En 2006, elle acquiert la magnifique villa du baron Louis Empain, un joyau de l’architecture Art déco, alors tristement délaissée, pour en faire le siège de la fondation. En 2010 et après un travail de fous et un énorme investissement personnel et matériel dans un contexte mondial difficile, la villa ouvre ses portes sur la collection privée de ses propriétaires, sur des conférences et des expositions, mus par la volonté d’en faire un lien entre l’Orient et l’Occident pour, souligne son président, rapprocher les mentalités dans un langage universel, celui de l’art et, « sans abandonner l’humanitaire, se consacrer au rayonnement, au rapprochement et à une meilleure compréhension réciproque de ces cultures ». « Les Orients sont désorientés, poursuit-il. Nous avons voulu créer un centre d’art et de dialogue humaniste, humanitaire et éducatif. » De magnifiques expositions y sont régulièrement organisées, en général trois par an, précise Mary Boghossian Salamé, responsable des activités de la fondation au Moyen-Orient et notamment au Liban, dont « Art Is the Answer ! », « Pudeurs et colères de femmes » et le magnifique « Égyptomanies depuis le XIXe siècle ».
Depuis 2012, un prix annuel, que la fondation souhaite à dimension internationale, est décerné à de jeunes créateurs libanais, en juin, à Beyrouth. Après les peintres, sculpteurs et designers de bijoux mis à l’honneur dans la première édition, pour 2013, la fondation va s’intéresser aux artistes photo, vidéo et design.
« Je vole le temps pour être équilibré et continuer à me faire plaisir... » conclut Jean Boghossian, assurément heureux.
« On ne fait ce métier que si on tombe dans cette marmite ! » confie Jean, fils de Robert Boghossian, petit-fils de Ohannès et qui, comme le feront plus tard ses sœurs Mary et Christiane, son frère Albert puis ses fils, était prédestiné à suivre la lignée familiale. Pourtant, cet homme plein de charme a emprunté de nombreux chemins de traverse, s’égarant volontairement dans des...

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