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À La Une - conflit

Syrie : Moscou ouvre la voie à un dialogue avec l'opposition

Jalili réitère le soutien de l'Iran au régime syrien.

Le chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz al-Khatib (g) a rencontré samedi à Munich le vice-président américain, Joe Biden. Il s'est également entretenu pour la première fois avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. REUTERS/Michael Dalder

La Russie s'est déclarée favorable samedi à des "contacts réguliers" avec l'opposition syrienne, en saluant la volonté de son chef d'entamer un dialogue sous conditions avec le régime de Bachar el-Assad.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pour la première fois rencontré à Munich Ahmed Moaz al-Khatib depuis que ce dernier a été élu fin 2012 à la tête de la Coalition de l'opposition syrienne.
Au cours de cette réunion, en marge de la Conférence internationale sur la sécurité, M. Lavrov a exprimé à M. Khatib l'intérêt de la Russie "à entretenir des contacts réguliers", selon des agences de presse russes.


Cette ouverture de Moscou, le principal soutien d'Assad, intervient après que M. Khatib a annoncé cette semaine qu'il était prêt à entamer un dialogue avec le régime, à l'exception des dirigeants "ayant du sang sur les mains".
"C'est un pas très important, si nous prenons en compte le fait que la Coalition avait pour fondement le refus" de ce dialogue, a déclaré M. Lavrov. "Je pense que le réalisme l'emporte", a-t-il poursuivi.

 

Le chef de l'opposition syrienne devait également rencontrer le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi à Munich, a rapporté l'agence Reuters citant une source diplomatique.

"Les discussions sur la Syrie s'intensifient et les Iraniens y ont été intégrés. Voyons maintenant comment tout cela se termine", a déclaré cette source.


La guerre en Syrie a été au cœur des nombreuses rencontres qui se sont tenues dans le grand hôtel de Munich où s'achève dimanche la 49e Conférence de Munich, le "Davos de la sécurité".
M. Lavrov s'est ainsi entretenu en tête à tête avec le vice-président américain Joe Biden. Peu avant, les deux hommes avaient reconnu en public que de "profondes divergences" subsistaient entre eux sur les conditions de mettre fin au conflit qui a fait plus de 60.000 morts en près de deux ans.
Malgré ces désaccords, il "est important pour les deux pays de travailler ensemble dans l'intérêt de la paix internationale et de la sécurité, y compris en Syrie", a indiqué la Maison Blanche.


M. Biden a exprimé son souhait que la communauté internationale renforce son soutien aux adversaires du régime Assad, qu'il a qualifié de "tyran déterminé à se maintenir au pouvoir" mais "plus capable de diriger la nation".
"Nous travaillons ensemble, avec nos partenaires, pour qu'elle (l'opposition) devienne plus unie, plus solidaire", a déclaré le vice-président.

 

Les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et certains pays arabes appellent le président Assad à céder le pouvoir.
Mais M. Lavrov s'est de nouveau élevé contre cette condition. "L'insistance de ceux qui affirment que le départ du président Assad est la priorité numéro un est la principale raison de la poursuite de la tragédie syrienne", a-t-il dit.
Il a en revanche estimé que l'on pouvait "faire des progrès" si le Groupe d'action sur la Syrie, conduit par le médiateur Lakhdar Brahimi, se réunissait à nouveau pour tenter de parvenir à des mesures de transition.
Présent à Munich, M. Brahimi n'a pourtant pas caché le fait qu'aucune solution n'était en vue et que la Syrie "éclatait un peu plus chaque jour".

 

Un journal turc a rapporté samedi qu'Ankara avait récemment proposé à la Russie une nouvelle formule prévoyant le départ d'Assad au premier trimestre 2013 et le passage du pouvoir, pour une période de transition, à la Coalition nationale. Moscou aurait trouvé ces propositions "créatives", selon le journal Radikal.


Le raid israélien confirmé 

D'un autre côté, les craintes d'une régionalisation du conflit restent vives. Un haut responsable américain a confirmé qu'Israël avait bombardé cette semaine près de damas des missiles sol-air et un complexe militaire soupçonné d'abriter des armes chimiques, l'Etat hébreu redoutant qu'elles ne soient livrées au Hezbollah libanais.

"Le chaos en syrie a créé un environnement dans lequel la possibilité que ces armes traversent la frontière et tombent entre les mains du Hezbollah, est devenue plus inquiétante", a confié à l'AFP le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta.


Parallèlement, à son arrivée à Damas, l'un des principaux dirigeants iraniens a réaffirmé le soutien de son pays à la Syrie, dont il est le principal allié régional.
"Nous apporterons tout notre soutien pour que la Syrie reste ferme et capable de faire front à tous les complots des arrogants", a déclaré Saïd Jalili, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, cité par la télévision d'Etat. Le terme d'"arrogant" est généralement utilisé par Téhéran pour désigner les puissances occidentales.


Sur le terrain, au moins 20 soldats syriens ont été tués samedi dans deux attentats suicide à la voiture piégée visant l'enceinte d'un club d'officiers à Deraa, dans le sud, a rapporté une ONG.

 

(Analyse : Deraa, berceau du soulèvement et clé du conflit)


Au total, les violences ont fait samedi 49 morts, dont 29 soldats, 13 civils et sept rebelles, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui se base sur un réseau de militants et de médecins dans les hôpitaux civils et militaires.
Les rebelles ont par ailleurs marqué un nouveau point en s'emparant de Cheikh Saïd, un quartier au sud d'Alep (nord), selon des habitants et l'OSDH.

 

 

"La France aux Français, la Syrie aux Syriens!"

Enfin, quelques dizaines de Syriens favorables au régime ont manifesté samedi à Paris contre "tous les impérialismes" avec plusieurs centaines de militants ultra-nationalistes français et belges.
"Nous avons un but en commun; nous sommes anti-impérialistes", a déclaré à l'AFP Omran Al Khalib, un ingénieur franco-syrien de 50 ans qui a évalué à 200 le nombre de ses compatriotes ayant défilé comme lui avec des portraits de Bachar el-Assad et des drapeaux syriens.
"Bachar el-Assad est le porte-drapeau des anti-impérialistes dans le monde. La Syrie est le dernier Etat laïc du Moyen Orient", a-t-il ajouté, pendant que les manifestants criaient "la France aux Français, la Syrie aux Syriens!" ou encore "américano-salafiste, pas de soutien aux terroristes!".
"Nous ne voulons pas en Syrie la même situation qu'en Libye ou en Irak. Nous sommes contre les salafistes qui font des massacres", a dit une autre manifestante syrienne, ayant requis l'anonymat.

 

Les quelques dizaines de manifestants ont défilé au milieu d'environ 500 militants français et belges de l'extrême droite radicale, derrière les portraits des présidents Bachar el-Assad, Alexandre Loukachenko (Bélarus), Vladimir Poutine (Russie), Hugo Chavez (Venezuela) et du nationaliste serbe Draza Mihailovic (1893-1946), avec une banderole : "Les héros du peuple sont immortels".


A proximité de l'Assemblée nationale, une contre-manifestation de soutien à l'opposition syrienne a réuni une centaine de personnes pour "l'arrêt des massacres et une Syrie libre", a indiqué à l'AFP un participant, Abdul Raouf Darwich.
Les participants demandaient, entre autres, de "créer les conditions de la saisine de la Cour pénale internationale sur les cas de Bachar Al Assad et de ses complices".

 

Reportage

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