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À La Une - conflit

Dans la Syrie de 1982, le massacre "silencieux" de Hama

"La différence avec 1982, c'est qu'aujourd'hui nous avons une voix et le monde nous entend".

"Pendant plusieurs années, les résidents de Hama avaient peur de parler des massacres par crainte d'être emprisonnés". Mais avec le début en 2011 d'une révolte contre le régime, ils ont brisé le mur de la peur pour la première fois depuis des décennies. AFP PHOTO/AAMIR QURESHI

Le conflit en Syrie fait aujourd'hui l'objet d'une large couverture médiatique, mais il y a 31 ans, à Hama, un black-out total avait permis aux forces du régime de tuer en silence des milliers de personnes pendant près d'un mois.

"La différence avec 1982, c'est qu'aujourd'hui nous avons une voix et le monde nous entend", affirme Abou Tarek, un Syrien originaire de cette ville du centre du pays et réfugié au Liban avec sa famille depuis un an.


En février 1982, les forces du président Hafez al-Assad, père de l'actuel chef de l'Etat, répriment à Hama une insurrection d'islamistes. Pendant près de quatre semaines, l'armée bombarde la ville. L'opération fait, selon les estimations, de 10.000 à 40.000 morts, un épisode décrit à l'époque comme le pire crime de l'Histoire moderne de la Syrie.

"Pendant plusieurs années, les résidents de Hama avaient peur de parler des massacres par crainte d'être emprisonnés", explique Abou Tarek à l'AFP.
Mais avec le début en 2011 d'une révolte contre le régime de Bachar el-Assad qui s'est muée en insurrection armée, des milliers de Syriens ont brisé le mur de la peur pour la première fois depuis des décennies.


Alors que la majorité des Syriens et l'étranger n'ont eu vent de l'ampleur du massacre que des mois après les faits, les choses ont changé pour la révolte de 2011, avec une large couverture par les médias internationaux et des réseaux sociaux mobilisés 24h/24.


Samedi, des militants à Hama, dont beaucoup sont trop jeunes pour se souvenir des événements de 1982, ont commémoré le funeste anniversaire par des graffitis -et via les réseaux sociaux-, bravant les barrages des forces loyalistes.

"Nous n'oublierons pas"
Certains ont posté sur leurs pages Facebook "Nous n'oublierons pas", ainsi que des interviews de témoins des exécutions, des viols et des tueries.


"En dépit des tentatives du régime de nous museler, il y a aujourd'hui 300 journalistes et photographes citoyens qui travaillent à Hama", affirme un photographe amateur qui se fait appeler Abou el-Ezz à l'AFP via Skype.
"Ensemble, nous assurons une couverture des événements minute par minute chaque jour", ajoute-t-il.
"Nos parents sont terrifiés qu'on s'exprime à haute voix mais nous, les jeunes, avons brisé le mur du silence, malgré les difficultés", précise Abou el-Ezz.


Pour un médecin de Hama s'exprimant sous couvert de l'anonymat, les jeunes militants utilisent les réseaux sociaux pour se réapproprier en quelque sorte l'histoire de leur pays.
"Les jeunes militants n'ont pas seulement brisé le silence en Syrie à propos des événements actuels, ils trouvent des moyens pour parler du passé", affirme le médecin opposant.
"Ils encouragent ainsi les Syriens à repenser les versions officielles de leur Histoire. Leur rôle est bien plus important que celui d'informateurs pour les médias du monde", précise-t-il.


Mais un journaliste citoyen, Moussaab, relève toutefois que l'importante couverture n'a pas mené à l'arrêt de la guerre qui a fait plus de 60.000 morts dans le pays en près de deux ans.
"Le régime essaie à tout prix de maintenir le black-out médiatique, même si de nombreux journalistes se sont infiltrés en Syrie dans les récents mois", a-t-il indiqué à l'AFP via Skype depuis Hama.
"Je m'inquiète du fait que malgré l'intérêt des médias, le monde n'a pas encore agi. Les médias ont créé une solidarité entre les Syriens et le monde, alors qu'en 1982, c'était le silence", dit-il.
"Mais la solidarité ne remplace pas l'action, et c'est ce dont on a besoin pour mettre fin aux massacres actuels".

Le conflit en Syrie fait aujourd'hui l'objet d'une large couverture médiatique, mais il y a 31 ans, à Hama, un black-out total avait permis aux forces du régime de tuer en silence des milliers de personnes pendant près d'un mois.
"La différence avec 1982, c'est qu'aujourd'hui nous avons une voix et le monde nous entend", affirme Abou Tarek, un Syrien originaire de cette ville du...

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