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Moyen Orient et Monde - syrie

La minorité turcomane affirme se battre pour la démocratie

La minorité turcomane de Syrie a choisi sans hésiter le camp de la rébellion contre le président Bachar el-Assad pour, assure-t-elle, établir un État démocratique et prendre sa revanche sur des années d’oppression.
« Nous combattons depuis 1963 (année de l’arrivée au pouvoir du parti Baas) d’abord avec des mots et depuis le début de la révolution avec des armes », assure Mahmoud Souleimane, commandant rebelle turcoman dans la province septentrionale d’Alep.
« Nous voulons renverser le régime d’Assad et installer une démocratie en Syrie permettant à tous les groupes ethniques et religieux de coexister en paix », explique-t-il à l’AFP.
Environ 750 combattants ont rejoint son bataillon turcoman dans la ville d’Alep, qui fut le poumon commercial de la Syrie, et le commandant Souleimane assure que plus de 3 000 autres se battent dans le reste de la province.
Au nombre de 200 000, soit environ 1 % de la population de la Syrie, les Turcomans vivent en majorité dans le Nord, proche de la frontière turque. Les autres sont installés au centre du pays, dans les provinces de Hama et de Homs, dans l’Ouest près de Lattaquié et de Tartous, et dans la région de Raqa, dans le Nord-Est.
La Syrie est un patchwork de groupes ethniques et religieux et le conflit, qui a fait plus de 60 000 morts en près de deux ans, a exacerbé les tensions entre les communautés.
Pour le commandant rebelle, sa communauté souffre depuis 40 ans de la dictature de Hafez el-Assad puis de son fils Bachar.
« Hafez (el-Assad) a pris nos terres pour les donner aux membres de sa communauté alaouite, à Lattaquié. Il nous a interdit de pratiquer notre langue, d’étudier notre histoire et notre culture. Il nous a privés de nos droits et a changé les noms de nos villages pour les arabiser », martèle Mahmoud Souleimane.

« Nous venger de l’oppression »
« Parce que nous sommes turcomans, les autorités ont pensé qu’elles avaient le droit de nous placer en détention, de nous interroger et de prendre nos terres. Maintenant nous combattons pour nous venger de l’oppression », renchérit Tareq Soulo, qui commande un bataillon à Hanano, un quartier à majorité turcomane dans l’est d’Alep.
Originaires de ce qui est aujourd’hui la Turquie et soutenus par Ankara, les Turcomans sont en Syrie depuis des siècles. D’abord agriculteurs, le pouvoir baassiste les a poussés à s’installer en ville afin qu’ils s’arabisent, ce qui est le cas d’une grande partie d’entre eux.
En revanche, le géographe français spécialiste de la Syrie, Fabrice Balanche, conteste que les Assad leur ont pris des terres pour les donner à leur communauté.
« Certains Turcomans étaient des grands propriétaires terriens, dotés par les Ottomans de domaines. Lors de la réforme agraire de 1963 sur la côte, leurs terres ont été distribuées aux paysans, certains alaouites d’autres turcomans, mais il n’y a pas eu une spoliation des turcomans au profit des alaouites », souligne-t-il.
Par ailleurs, note-t-il, les Turcomans ont trois sièges sur les 70 que compte le Conseil national syrien (CNS, principale composante de l’opposition) soit autant que les Kurdes, qui eux représentent 15 % de la population.
« Ce poids disproportionné par rapport à leur taille comparé aux Kurdes montre que la Turquie (qui soutient l’opposition) cherche à les utiliser comme elle l’a fait en Irak », estime-t-il.
À Alep, ces combattants déclarent avoir des contacts limités avec des groupes radicaux islamistes, comme le Front al-Nosra, inscrit par les États-Unis sur la liste noire des organisations terroristes.
« Nous combattons pour le même objectif : la défaite d’Assad et s’ils ont besoin ponctuellement d’une aide dans la ville nous envoyons des hommes pour les soutenir mais leur idéologie n’est pas la nôtre et nos relations avec eux sont limitées. ».
« Nous appartenons à l’Armée syrienne libre (ASL, rebelles). Nous ne visons pas l’indépendance. Nous voulons un nouveau pays pour les Turcomans et pour tous les Syriens. »

©AFP
La minorité turcomane de Syrie a choisi sans hésiter le camp de la rébellion contre le président Bachar el-Assad pour, assure-t-elle, établir un État démocratique et prendre sa revanche sur des années d’oppression.« Nous combattons depuis 1963 (année de l’arrivée au pouvoir du parti Baas) d’abord avec des mots et depuis le début de la révolution avec des armes », assure...

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