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À La Une - Mali

La plus grande part des manuscrits de Tombouctou a échappé au saccage

Des soldats français à Kidal, dernier refuge des islamistes.

L'armée française était positionnée mercredi à Kidal, fief d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), dirigé par Iyad Ag Ghaly (ex-rebelle touareg), un groupe islamiste armé allié à el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi). AFP PHOTO/ SIA KAMBOU

L'armée française était positionnée mercredi à Kidal, dernière grande ville du nord du Mali sous contrôle de groupes armés.
"Nous avons pris dans la nuit (de mardi à mercredi) l'aéroport de Kidal", à 1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne, a confirmé le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
Les soldats français n'ont cependant pas pénétré en ville et restent bloqués sur l'aéroport, "par une tempête de sable", a-t-il ajouté.


L'arrivée de soldats français à Kidal intervient après la reconquête, au côté de l'armée malienne et sans grande résistance, des deux autres grandes villes du Nord, Gao et Tombouctou, aux mains de groupes islamistes armés qui y avaient multiplié les exactions depuis plus de neuf mois.


Kidal était le fief d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), dirigé par Iyad Ag Ghaly (ex-rebelle touareg), un groupe islamiste armé allié à el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi).
Mais des dissidents d'Ansar Dine, le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), ont récemment affirmé tenir Kidal avec les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Le MIA a assuré rejeter le terrorisme et prôner une "solution pacifique" à la crise.


"Les Français ont rencontré des membres du MNLA et aussi le secrétaire général du MIA, Algabass Ag Intalla, ainsi que des notables locaux", a affirmé un membre de l'administration locale.
"Nous sommes dans une situation particulière à Kidal et nous faisons en sorte d'avoir des relations de bonne intelligence avec les Touareg", a confirmé à Paris M. Le Drian.


Selon une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes, dont Ag Ghaly et l'Algérien Abou Zeïd, un des émirs d'Aqmi, se sont réfugiés dans le massif des Ifoghas, montagnes au nord de Kidal, près de la frontière algérienne.
Dans toutes les villes reconquises, les soldats français ont pris soin d'apparaître aux côtés de militaires maliens, les laissant patrouiller dans les rues. Mais à Kidal, le MIA et le MNLA ont affirmé leur hostilité à la présence de soldats maliens, craignant des exactions contre les communautés arabe et touareg.

"Réconciliation nationale"
La France a d'ailleurs appelé mercredi Bamako à "engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes des populations du Nord (élus locaux, société civile) et les groupes armés non terroristes reconnaissant l'intégrité du Mali".
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a aussi salué l'adoption par le Parlement malien mardi d'une "feuille de route" politique pour l'après-guerre. Ce document prévoit notamment une discussion avec certains groupes armés dans le cadre de la "réconciliation nationale".

 

Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a par ailleurs affirmé mercredi que les forces françaises quitteraient "rapidement" le Mali, ajoutant: "Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais".


Quelque 3.500 soldats français sont actuellement déployés au Mali, un chiffre qui devrait monter à environ 4.400 dans les prochains jours, selon Paris. Ceux qui ont parcouru la piste de 500 km menant de Niono (Ouest) à Tombouctou, n'ont pas tiré un coup de feu pendant leur trajet, ont indiqué mercredi des sources militaires françaises.

 

 

Les manuscrits de Tombouctou mis à l'abri
Par ailleurs, la crainte d'exactions continue à se faire ressentir. A Tombouctou, au lendemain de l'entrée des soldats français et maliens, des centaines de personnes, visiblement très pauvres, ont attaqué mardi des magasins tenus, selon elles, par "des Arabes" accusés d'avoir soutenu les islamistes armés.
Face au "risque d'exactions", le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a souhaité "le déploiement rapide d'observateurs internationaux" pour veiller "au respect des droits de l'homme".
Human Rights Watch avait évoqué dès lundi "des risques élevés de tensions inter-ethniques" dans le Nord, où la rivalité est forte entre les minorités arabes et touareg souvent assimilées à des islamistes, et les Noirs, majoritaires au Mali.

La situation se complique également sur le plan humanitaire à Tombouctou, où les habitants se plaignent de la hausse du prix de la nourriture. A Addis Abeba, une conférence de donateurs internationaux a levé 455 millions de dollars (338, M EUR), destinés aux besoins militaires et humanitaires du Mali. L'armée malienne poursuit, en outre, ses opérations de sécurisation, à la recherche de mines et d'armes abandonnées par les islamistes, mais aussi d'éventuels combattants restés en ville.


A Tombouctou, plusieurs témoignages ont fait par ailleurs état de la destruction d'une partie des précieux manuscrits dans cette capitale intellectuelle et spirituelle de l'islam en Afrique subsaharienne aux XVe et XVIe siècles.
Mais la plupart d'entre eux ont été placés en lieu sûr, a déclaré le responsable du projet de conservation des manuscrits de Tombouctou à l'université du Cap, en Afrique du Sud.
"Une grande majorité a été sauvée (...) plus de 90%", a indiqué Shamil Jeppie. "Il y a eu des dégâts et certains objets ont été détruits ou volés, mais beaucoup moins que ce qu'on a dit dans un premier temps".


Une information confirmée par Essayouti El-Boukhari, expert malien, qui a précisé que la plupart des manuscrits n'étaient pas entreposés dans le bâtiment qui a été pillé par les jihadistes.

Des témoins interrogés mardi à Tombouctou avaient rapporté que les islamistes en fuite avaient brûlé en fin de semaine dernière tous les manuscrits qu'ils avaient pu trouver, dans un dernier accès de rage avant de quitter la ville, reconquise par des soldats français et maliens.

 

En fait, un seul des deux bâtiments de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB, ex-Centre Ahmed Baba, du nom du savant et homme de lettres malien qui a vécu entre le XVIè et XVIIè siècle), abritant des manuscrits a été saccagé, selon des experts interrogés par l'AFP.

"Il y a l'ancien bâtiment et le nouveau. Le nouveau bâtiment a été construit par les Sud-Africains" et inauguré en 2009, et "tous les manuscrits n'ont pas été transférés dans ce nouveau bâtiment", situé à un kilomètre de l'ancien, a affirmé l'expert malien Ben Essayouti El-Boukhari, joint au téléphone depuis Dakar.

Le nouveau bâtiment n'abritait que "les manuscrits répertoriés, scannés, numérisés, qui y étaient exposés". C'est ce bâtiment qui a été vandalisé par les islamistes.

 

Le nombre exact de manuscrits brûlés n'a pas été déterminé. Mais le ministère de la Culture malien a confirmé que l'ancien bâtiment était resté intact.

Le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, réfugié à Bamako, avait cependant évoqué sur le moment "un véritable crime culturel".

 

Une source malienne contactée par téléphone sous couvert de l'anonymat a estimé à 15.000 le nombre de documents qui se trouvaient dans l'immeuble dévasté. Outre des manuscrits, de célèbres mausolées de saints musulmans de la ville ont aussi été détruits par les groupes armés liés à el-Qaëda qui y voyaient de "l'idolâtrie".

Ils ont même barbouillé de noir la mention "333 saints" sur les panneaux proclamant "Bienvenue à Tombouctou, la cité des 333 saints".

 

Au total, seule une douzaine de mausolées ont toutefois été réduits à néant, selon un journaliste local.

La plupart des tombeaux de saints sont en fait situés dans des demeures de grandes familles qui se sont bien gardées, pendant les dix mois d'occupation de la ville par les extrémistes, de dévoiler leur existence, permettant ainsi leur préservation.

L'armée française était positionnée mercredi à Kidal, dernière grande ville du nord du Mali sous contrôle de groupes armés. "Nous avons pris dans la nuit (de mardi à mercredi) l'aéroport de Kidal", à 1.500 km au nord-est de Bamako, près de la frontière algérienne, a confirmé le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Les soldats français n'ont cependant...

commentaires (2)

Ils avaient saccagé les lieux sacrés et épargné les manuscrits ? Ils sont des demi-extrémistes, ha ! ha ! ha !

SAKR LEBNAN

04 h 20, le 31 janvier 2013

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Commentaires (2)

  • Ils avaient saccagé les lieux sacrés et épargné les manuscrits ? Ils sont des demi-extrémistes, ha ! ha ! ha !

    SAKR LEBNAN

    04 h 20, le 31 janvier 2013

  • C'est amusant...les manucrits de Tombouctou n'ont pas souffert....ils sont même trois cent mille dis donc!il n'y a pas longtemps,ils étaient trente mille....l'ivresse de la victoire,sans doute!

    GEDEON Christian

    18 h 23, le 30 janvier 2013

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