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Culture - Art visuel

« Atfal Ahdath » réinvente les souvenirs

Le collectif Atfal Ahdath présente à la galerie The Running Horse* un accrochage-performance intitulé « Take Me to this Place, I Want to Do the Memories », qui se poursuit jusqu’au 12 février.

« Emmenez-moi à ce lieu paradisiaque »...

Colette KHALAF
Ils sont trois artistes issus de milieux différents, se consacrant soit au graphisme, soit à la musique ou au design, mais se réunissant parfois pour un travail collectif: Hatem Imam, Vartan Avakian et Raëd Yassine sont «les enfants des événements», mais aussi ces «jeunes délinquants» qui conjuguent leur passé, leur présent et leurs efforts pour donner à voir un ensemble d’œuvres visuelles novatrices.
À la galerie «The Running Horse», ils ont installé leur fabrique à souvenirs. Sous forme d’un montage de clichés de collage esthétique à la manière d’un kaléidoscope (comme des rosaces fleuries de mariage) et sur fond de papiers à photographie, déclinant du rouge carmin au rose bonbon ou d’un bleu azur paradisiaque (où posent différentes figures), les artistes s’amusent à taquiner la pupille.

 Manipulation de l’œil
En invitant le regard à explorer ces lieux paradisiaques qui s’affichent comme dans les agences de voyages, le triumvirat malin manipule l’œil et installe le trouble. «Tout est parti, avoue Hatem Imam, de ce que proposent les studios de photographie dans les pays du Moyen-Orient en particulier ou en Asie en général. En visitant ces studios, que ce soit au Liban, en Syrie ou en Turquie, nous avons observé qu’ils offrent au client des paysages paradisiaques formatés dans lesquels tout le monde aspire à se retrouver.»
Le projet qui a pris forme a commencé par être présenté à la Biennale de Charjah puis au Koweït et enfin à Tokyo, s’enrichissant souvent de collages nouveaux et d’idées réinventées. Ainsi, si ces lieux reproduits semblent s’inspirer l’un de l’autre – il y a toujours une mer d’un bleu clair ondulant sous un ciel azuré et des animaux exotiques qui se baladent côtoyant les sites touristiques du pays visité –, certains studios proposaient même des corps différents avec habits de tout genre pour habiller les têtes «sans tronc». «Ces personnes qui vont s’acheter des souvenirs sont souvent issues de milieux sociaux défavorisés. Ainsi, celui qui peut aller par exemple voir lui-même la tour Eiffel n’a pas besoin de se fabriquer une photo-témoin», poursuit Imam.
«Ce travail est issu d’un phénomène social, certes, mais n’a rien d’une critique ou d’une étude sociale proprement dite», précise encore l’artiste – preuve en est la présence ludique de nous trois dans les photos –, mais il n’est pas sans évoquer tous ces studios de photographie qui faisaient du photoshop bien avant leur époque.
Ces recherches s’inspirent également du rôle qu’a tenu l’art de la photographie à travers les siècles. Rappelons-nous comment la noblesse ou les gens de la cour avaient leur peintre attitré et le mandataient pour réaliser, à l’image du cliché d’aujourd’hui, une peinture vantant leurs richesses et leurs avoirs.
Tout en défrichant le passé et en réinventant le présent, l’exposition Atfal Ahdath s’amuse à relier le temps et à le déchiffrer par le biais de cet art qu’est la photographie.

*Jusqu’au 2 février. La Quarantaine. Tél : 01-562778.
Colette KHALAFIls sont trois artistes issus de milieux différents, se consacrant soit au graphisme, soit à la musique ou au design, mais se réunissant parfois pour un travail collectif: Hatem Imam, Vartan Avakian et Raëd Yassine sont «les enfants des événements», mais aussi ces «jeunes délinquants» qui conjuguent leur passé, leur présent et leurs efforts pour donner à...

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