Nasrallah : Si nous sommes aussi puissants, alors livrez-nous le pays...

A l'occasion de la fête du Maouled, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a  déclaré que le Liban est le pays le plus perméable  aux conflits qui secouent les pays de la région. "Il faut qu'on sache quelle attitude adopter face à cette crise", a déclaré sayyed Nasrallah dans un discours retransmis à ses partisans sur un écran géant, dans la banlieue sud de Beyrouth. Selon lui, "ces conflits ne sont pas à caractère confessionnel comme on veut le montrer, mais sont le plus souvent politiques". "Evitons le discours et la propagande confessionnels, soyons attentifs et gardons le problème dans son cadre (le pays concerné)", a ajouté le chef du Hezbollah. Et d'appeler : "Il faut toujours privilégier le dialogue et le consensus au lieu d'aller vers la confrontation qui détruitait nos sociétés."  

"Livrez-nous le pays"

Concernant, le dossier de la loi électorale, Hassan Nasrallah a appelé toutes les parties à privilégier le dialogue afin de rassurer les autres et atténuer leurs appréhensions. "Dire que le projet du Rassemblement orthodoxe (qui prévoit que chaque communauté élirait ses propres députés, sur base de la proportionnelle) est le projet du Hezbollah est une insulte à tous les chrétiens du Liban ainsi qu'au patriarcat maronite", a déclaré le chef du Hezbollah. Et de déclarer sur un ton ironique : "Si nous sommes tellement puissants, livrez-nous le pays."

Hassan Nasrallah a rappelé qu'au début des discussions sur une nouvelle loi électorale, son parti avait affiché ses appréhensions vis-à-vis du projet orthodoxe, mais qu'il a changé d'avis après en avoir discuté avec ses alliés (le Courant patriotique libre).

Le secrétaire général du Hezbollah a ajouté que le projet que son parti appuie est celui basé sur le principe de la proportionnelle. Ce projet de loi transmis par le gouvernement prévoit un découpage prévoyant treize circonscriptions auxquelles vient s’ajouter une circonscription de six députés consacrée aux émigrés. Ce projet est rejeté par le 14 Mars et par le PSP de Walid Joumblatt. Pour Nasrallah, la proportionnelle assure la juste représentativité à toutes les composantes libanaises, et c'est pour cette raisons que, selon lui, certaines parties la rejettent. 

Estimant que les armes ont une plus grande influence avec le projet majoritaire et non avec le projet basé sur la proportionnelle, comme estime l'opposition, Hassan Nasrallah a martelé : "Qu'est-ce qui est plus dangereux, lors des élections, le pouvoir des armes ou celui de l'argent et des médias?".

Selon Nasrallah, si le projet de la proportionnelle est soumis au vote au Parlement, le Hezbollah votera pour. "Si le projet orthodoxe est soumis au vote, nous voterons également pour", a-t-il assuré. Et de poursuivre : "Les chrétiens estiment que le projet orthodoxe assure la parité islamo-chrétienne, donnons-leur, nous musulmans, cette chance et allons vers des élections et un Parlement où personne ne se sente injustement représenté".

Nasrallah a par ailleurs appelé à ne pas lier les dossier de la loi électorale à la crise syrienne. "Les données sur le terrain montrent que les personnes qui rêvent de voir le régime de Bachar el-Assad tomber ne verront pas leurs rêves se réaliser", a-t-il ajouté.

Après deux semaines de discussions et 16 réunions, le bloc persiste, les députés n'étant toujours pas parvenus à un accord concernant le projet de loi électorale en prévision des législatives prévues au printemps.

La deuxième phase des réunions de la sous-commission électorale a pris fin mercredi soir, sans avancée réelle. A l'issue de la dernière réunion, le député Robert Ghanem, président de la sous-commission, avait annoncé que la commission validera mardi prochain le rapport de la deuxième phase des réunions et le soumettra au président de la Chambre, Nabih Berry.

(Lire aussi : Loi électorale : ne surtout pas se tromper de bataille ni d’adversaire)

Les élections israéliennes

Evoquant dans son discours les élections législatives qui ont eu lieu mardi dernier en Israël, Hassan Nasrallah a estimé la montée du centre au détriment de la droite et de la gauche ne supposait aucun changement dans la politique israélienne vis-à-vis des Palestiniens.

"Que ce soit la droite, la gauche ou le centre qui dirige, la vision, le programme et les menaces d'Israël ne changent jamais, a assuré le chef du Hezbollah. La seule garantie du Liban, quel que soit le gouverneur en Israël, est l'équation armée-peuple-résistance. Pour lui, "la meilleure réponse à la menace israélienne est le renforcement de la résistance et de l'unité au Liban, à Gaza et dans tous les pays arabes".

"Les résultats des élections israéliennes montrent un recul des partis qui ont dirigé et fondé l'entité (terme par lequel il désigne Israël, ndlr ), comme les Travaillistes et le Likoud", a-t-il ajouté. Le chef du parti chiite a vu dans ces résultats "une crise au niveau de la direction politique de l'entité, une crise des partis et une crise de confiance", notant "la stabilité des partis religieux extrémistes" et "la multiplication des coalitions et des partis".

(Lire aussi: Yaïr Lapid au centre des tractations pour le futur gouvernement israélien)

Le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu a remporté mardi une victoire étriquée aux législatives, qui limite sa marge de manœuvre face à ses futurs partenaires de coalition et à un parti centriste arrivé à la surprise générale en deuxième position. La liste commune formée par le Likoud de Benjamin Netanyahu avec le parti Israël Beiteinou de son ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a ainsi obtenu 31 sièges, contre 42 dans le Parlement sortant, selon la commission électorale. Bien qu'affaibli, M. Netanyahu reste le mieux placé pour former le prochain gouvernement. Il devra toutefois composer avec le parti modéré de Yaïr Lapid, vainqueur inattendu du scrutin, qui pourrait le forcer à des concessions.

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