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À La Une - La femme de la semaine

Florence Cassez : du désarroi au combat victorieux

La Française était condamnée au Mexique à 60 ans de prison pour enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibées.

Florence Cassez à son arrivée à l'aéroport de Roissy, en France, le 24 janvier 2013, après des années de détention au Mexique. AFP/THOMAS SAMSON

Après plus de sept ans d'incarcération, Florence Cassez est passée du statut de victime désemparée d'un montage médiatique à celui d'une combattante ayant conquis sa propre libération, consciente que son cas était devenu emblématique en France comme au Mexique.

 

Mercredi, la Cour suprême du Mexique a décidé la libération immédiate de la Française en raison de la violation de ses droits fondamentaux dans la procédure ayant conduit à sa condamnation à 60 ans de prison pour enlèvements. La Cou ne s'est toutefois pas prononcée explicitement sur le fait de savoir si elle était innocente. Cette décision a mis un terme à une bataille judiciaire de longue haleine au cours de laquelle la jeune femme est devenue "plus forte malgré les épreuves", comme elle l'a souvent répété.

 

La Française a été accueillie jeudi à Paris en héroïne par médias et politiques. Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a accueilli lui-même à sa descente d'avion Florence cassez, dont la détention au Mexique fut à l'origine d'une crise diplomatique entre Paris et Mexico. Au milieu d'une centaine de journalistes, il a salué son "courage" face à l'"injustice". Le chef de l'Etat, François Hollande, doit la recevoir vendredi à l'Elysée.

 

"Libre, je l'ai toujours été dans ma tête", a déclaré la Française de 38 ans, affirmant qu'elle estimait avoir été "innocentée" par la Cour suprême du Mexique.

 

Après sa première condamnation en avril 2008, après un an et demi de silence, elle avait décidé d'appeler à l'aide les autorités françaises, avec l'aide de ses parents, Bernard et Charlotte Cassez, qui n'ont cessé d'être à ses côtés depuis le premier jour.

 

Sa force a été nourrie par les soutiens dont elle a progressivement bénéficié en France de la part des autorités françaises, de Nicolas Sarkozy à François Hollande, en passant par des acteurs comme Alain Delon et Marion Cotillard, ainsi qu'au Mexique par un nombre grandissant de personnalités, défenseurs des droits de l'homme, universitaires et journalistes.

 

Elle a en outre occupé ses interminables attentes par la peinture, activité qui, au sein de la prison, lui a permis de canaliser ses angoisses et ses espoirs. Ses toiles ont été exposées à plusieurs reprises en France.

C'est cette force qui, malgré le scepticisme de beaucoup, lui a permis en mars 2011 de décider elle-même de saisir la Cour suprême, déclenchant par principe son ultime recours. Elle a fini par obtenir un jugement qui fera date dans la justice mexicaine pour le respect des droits de l'homme et du droit à un procès équitable.

 

A l'occasion du 7e anniversaire du début de sa détention, en décembre, elle avait souligné : "Mon état d'esprit est bon car j'ai la conviction qu'enfin la vérité est en marche et qu'elle conduira à ma libération dans les mois qui viennent". Un état d'esprit marqué par une alternance d'éclats de rire et de périodes d'angoisse, d'insomnies et de larmes à l'approche d'échéances décisives. Mais avec toujours la volonté farouche de préserver sa dignité, sa coquetterie et sa joie de vivre.

 

Venue chercher la réussite sociale au Mexique

Arrivée au Mexique en mars 2003, à l'âge de 29 ans, Florence Cassez, était venue y chercher la réussite sociale qui lui avait échappée en France.

Mais tous ses projets se sont écroulés le 8 décembre 2005, peu avant dix heures du matin, avec son arrestation en compagnie de son ex-fiancé, Israel Vallarta, sur une route menant à Mexico.

 

Le 9 décembre 2005 à l'aube, avec un montage télévisé organisé par la police, elle est devenue pour des millions de Mexicains "Florence la diabolique", membre d'une bande criminelle spécialisée dans les enlèvements, à l'occasion d'une prétendue arrestation "en direct". Sa vie de "prisonnière de l'Etat mexicain" commençait.

 

Quand Florence quitte l'école à 16 ans, elle est sûre de son courage et de son charme. La jeune fille blonde aux yeux verts veut prouver à sa famille qu'elle peut réussir seule, à force de volonté.

En 1997, elle est embauchée dans un magasin de meubles et de linge à Dunkerque (nord). Elle progresse rapidement : chef de rayon, responsable de secteur, puis, en 2001, directrice de la succursale de Calais. "J'avais 27 ans et 27 vendeuses avec moi".

Un an plus tard, elle n'obtient pas le poste qu'elle voulait et, sur un coup de tête, quitte cet emploi.

 

En 2003, son frère Sébastien l'appelle du Mexique où il est installé et lui propose de travailler avec lui. Florence débarque à Mexico le 11 mars. Fin 2003, elle se lance dans la vente d'appareils médicaux.

A l'été 2004, son frère lui présente Israel Vallarta, dont elle deviendra bientôt la compagne.

Leur relation finit cependant par se dégrader et, après son arrestation, elle affirmera tout ignorer des liens qu'aurait eus Israel avec des groupes criminels, comme l'affirme la police.

 

Malgré l'épreuve de la prison et les condamnations successives, Florence Cassez a toujours remonté la pente.

Elle avait revu l'an dernier, dans une émission de télévision, la mise en scène télévisée montée par la police fédérale.

"En revoyant ces scènes, j'ai l'impression d'une souris de laboratoire dans un labyrinthe sans issue. La seule sortie possible, c'est maintenant par le haut. Une main qui viendrait me sortir de là, la main de la vérité", avait-elle déclaré à l'AFP.

 

Après plus de sept ans d'incarcération, Florence Cassez est passée du statut de victime désemparée d'un montage médiatique à celui d'une combattante ayant conquis sa propre libération, consciente que son cas était devenu emblématique en France comme au Mexique.
 
Mercredi, la Cour suprême du Mexique a décidé la libération immédiate de la Française en raison de la...

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