Dès le début des années 1920, un vent nouveau souffle sur la mode en France. Le nécessaire baptisé Vanity Case par les américaines n’est plus destiné à la coiffeuse pour un usage privé. Il est maintenant admissible de se maquiller en public, à toute heure du jour, c’est-à-dire de se poudrer et de se farder les lèvres.
À partir des années 1930, les accessoires se multiplient pour faciliter le maquillage, devenu indispensable : le visage est blanc, la bouche écarlate, les yeux cerclés de noir. La consommation de la cigarette est désormais fréquente. Le Vanity Vase, devenu trop petit, est peu à peu abandonné pour être remplacé par la célèbre Minaudière née en 1930.
La tradition veut que ce soit la riche américaine Florence Jay Gould, épouse du magnat des chemins de fer et amie personnelle de la famille Arpels, qui ait inspiré la minaudière. Charles Arpels l’avait vu jeter négligemment tous ses indispensables accessoires de femme du monde dans une boîte en métal blanc. Estimant qu’une femme de qualité devait disposer d’un réticule qui consacrerait l’élégance de la femme qui allait le porter, il eut ainsi l’idée de la création de la Minaudière et apporta au Vanity Case des années vingt des perfectionnements techniques et stylistiques.
Fort opportunément, la Minaudière fut baptisée ainsi en l’honneur de la jolie Estelle Arpels, épouse du fondateur de la Maison Alfred Van Cleef, qui avait en effet l’habitude de minauder et d’adopter des mines pour se rendre agréable, plus séduisante et plus irrésistible. Une autre version stipule que la Minaudière était le nom de la maison que possédait Alfred Van Cleef et son épouse à Flins. Une carte postale de 1900 en atteste...
Les Minaudières étaient réalisées dans les matériaux les plus chers (le platine, l’or jaune ou gris, la laque noire) et étaient des objets de grand luxe : elles étaient ornées de fermoirs souvent amovibles et transformables en clips sertis de brillants ou réalisés en serti mystérieux. Utile et ingénieuse, la Minaudière contenait tous les accessoires dont une femme du monde ne pouvait se passer pour une party, une soirée au théâtre, un cocktail, un dîner : elle contenait des compartiments fixes dans lesquels étaient savamment disposés, au millimètre près, quantité d’accessoires ; une boîte à fard, une montre rétractable, un tube de rouge à lèvres parfois au sommet duquel était placée une montre, des godets à fard, un carnet de bal, un fume-cigarettes, un face à main, une paire de lorgnettes, un peigne en écaille, un poudrier, un briquet, une boîte à pilules, une boîte à bonbons, des clefs, un mouchoir... Elle était munie d’une glace fixée à la paroi intérieure de son couvercle pour que l’utilisatrice puisse discrètement peaufiner son maquillage et sa coiffure. « Chaque chose est rangée comme dans une minuscule armoire », vantait la publicité de l’époque.
La Minaudière se glissait dans un sac en velours ou satin noir muni de deux anses dont elle épousait la forme et dont la découpe laissait toujours apparaître le fermoir. Ainsi, le soir au cours d’un dîner ou d’une soirée à l’Opéra, l’utilisatrice sortait ce réticule de son fourreau et d’un geste très théâtral l’offrait à l’admiration de tous.
Précieuse et luxueuse, la Minaudière symbolisait le raffinement et l’élégance. Sa création se poursuivra jusque dans les années 60, décennie à partir de laquelle Van Cleef & Arpels développera les sacs portés épaule. La Minaudière est une marque déposée. L’appellation est attribuée à tous les sacs de cette forme et qui reviennent à la mode ! Minauder, par contre, n’a jamais cessé de l’être !
Sources principales :
paris-joaillerie.com
trentitude.fr
pure-trend.com
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